Le Mont Ventoux

• Altitude : 1912 mètres
• Département : Vaucluse (84)
• Région : Provence Alpes Côte d’Azur
• Catégorie : HC

Montée depuis Bédoin

Distance : 22,70 km – Dénivelé : 1639 mètres – Pente moyenne : 8,5 % - Pente maximale : 14 %

• Longueur : 5/5
• Paysage : 4/5
• Difficulté : 5/5
• Trafic : 5/5

19/20

Location de vélo : Bédoin location à Bédoin

S’il y a bien un col à monter c’est le Ventoux mais c’est de loin le plus difficile. Tous les ingrédients sont réunis : chaleur étouffante au pied puis froid paralysant au sommet, pourcentages élevés, longueur du col, vent fort dans la seconde partie et route quasi-rectiligne rendant la montée interminable.

Ce versant Est apparait comme le plus connu mais surtout le plus difficile. Au départ de Bédoin (300m), la route offre un profil accueillant au milieu des vignes et des vergers jusqu’à cette épingle sur la gauche à la sortie de saint Estève (560m) au kilomètre 5 qui marque le début des difficultés. La pente affiche brutalement de très forts pourcentages sur une route rectiligne au milieu des sapins, des chênes et des pins.

Le pourcentage moyen à partir de ce lacet sera de 9 % jusqu’au sommet. « Cette partie forêt » est la plus difficile bien que l’on m’ait affirmé avant ma tentative qu’il s’agissait de « la partie lunaire ». Jusqu’au Chalet Reynard, la pente oscille entre 9 et 12% sous une chaleur suffocante. Le kilomètre 8 est le plus difficile en raison d’une déclivité qui dépasse les 12% de moyenne.

A l’approche du Chalet, la température commence à diminuer et la végétation s’éclaircie avant de disparaître à partir du plus célèbre chalet du Tour de France. La baisse des pourcentages (6%) et l’euphorie de passer devant cet endroit mythique au kilomètre 15 m’ont incité à remettre un peu de braquet à partir de cette courbe peu prononcée sur la gauche pendant les 2 kilomètres suivants.

Le fameux paysage lunaire apparaît enfin et livre 5 derniers kilomètres exposés à un violent vent défavorable. De nombreux cyclistes mettent pied à terre à cet endroit balayé par les bourrasques.

Plus les kilomètres défilent et plus l’arrivée paraît s’éloigner. La stèle Tom Simpson construite à 2 kilomètres du sommet attire les regards au moment où le panneau des 2 kilomètres affiche brutalement « prochain kilomètre à 11% ». Ces 2000 derniers mètres constituent un véritable calvaire comprenant un dernier virage sur la gauche appelé col des tempêtes si exposé au vent que l’on se croirait au large des côtes Finistériennes.

La joie d’arriver au sommet est immense à la hauteur de l’anxiété que j’ai pu ressentir au pied. Il est important de prévoir des manches longues et un k-way pour le sommet et la descente puisque la température y était de 6° alors que le thermomètre au départ de Bédoin affichait 33°C.

Du haut de cette exception géologique, j’ai aperçu au loin la Méditerranée et la Corse. Le matin de ma tentative, 4000 belges étaient venus grimper le Ventoux (certains à plusieurs reprises) dans le cadre d’une association parrainée par Eddy Merckx présent à cette occasion. La compagnie de nombreux cyclistes, la présence des campings car sur le bord de la route et l’effervescence qui régnait sur la place principale de Bédoin ce matin-là ont donné à cette journée mémorable un air de Tour de France.

Christopher Froome assomme le Tour de France (14 juillet 2013)

Dans l’immense majorité, le Mont Ventoux n’a sacré que des grands coureurs (Charly Gaul, Jean Robic, Raymond Poulidor, Eddy Merckx, Bernard Thévenet, Jean François Bernard, Marco Pantani, Richard Virenque ou Christopher Froome). Il a donc été très difficile de dégager un nom parmi eux. Mon choix s’est porté sur Christopher Froome qui lors de l’édition 2013 a accéléré dans la partie lunaire comme aucun autre coureur ne l’avait fait auparavant pour aller gagner l’étape vêtu du maillot jaune.

Dès le départ de Gisors, le champion du monde Philippe Gilbert cherche à s’échapper en compagnie de Lieuwe Westra. D’autres coureurs dont Andreas Klöden, Alessandro de Marchi ou Sylvain Chavanel tentent également leur chance sans que le peloton ne leur accorde un bon de sortie. Le début d’étape est très rapide et la bonne échappée ne se forme qu’au kilomètre 30. Elle comprend dix coureurs dont le maillot vert Peter Sagan qui a prévu d’empocher les 20 points du sprint intermédiaire de Malaucène. Au kilomètre 70, l’avance des fuyards atteint 7’ 05 au moment où les Movistar dynamitent le peloton pour tenter de réduire l’écart.

A l’approche du mont chauve, les Sky passent à l’offensive et la grande lessive commence dès les premières rampes du Ventoux : Ryder Hesjedal, Andy Schleck, Thomas Voeckler, Cadel Evans sont lâchés. A 13.6 kilomètres du sommet le basque d’Euskatel Mikel Nieve attaque. 1 kilomètre plus loin, Nairo Quintana gicle à son tour sans que le maillot jaune ne bouge. Le duo de grimpeurs passe au panneau « arrivée 10 kilomètres » avec 41’ d’avance.

« une accélération à la Cancellara »

Christopher Froome demande alors à son équiper Richie Porte de durcir la course en tête de peloton. Cette accélération qui prépare une attaque du maillot jaune est fatale à Alejandro Valverde, Bauke Mollema, Roman Kreuziger, Joaquim Rodriguez, Michael Rogers, Jean Christophe Péraud et Jacob Fulsang. Seul Alberto Contador parvient à suivre le duo Sky.

A l’approche du Chalet Reynard, Christopher Froome attaque assis sur la selle et décroche l’espagnol qui était « au rupteur » depuis plusieurs kilomètres. Le maillot jaune fond sur Nairo Quintana avant de placer une nouvelle offensive. Le colombien qui est revenu une première fois au train doit s’incliner sur une nouvelle accélération du maillot jaune dans les forts pourcentages à 1.4 kilomètres du sommet.

Froome révolutionne le vélo avec cette seconde attaque assis sur la selle qui interpelle tous les suiveurs. Cédric Vasseur qui commente l’épreuve sur France 2 parle d’une attaque à la Cancellara. Le britannique récidivera dans le domaine de l’innovation en 2016 dans la descente de Peyresourde avec une attaque en descente assis sur le cadre de son vélo dans une position très acrobatique.

Chris Froome s’envole et remporte sa 3^ème étape sur ce Tour 2013, conforte son maillot jaune et dépossède Pierre Roland du maillot à pois. Il rejoint Eddy Merckx en remportant une victoire au sommet du géant de Provence vêtu du maillot jaune. Ses dauphins Bauke Mollema et Alberto Contador sont désormais à plus de 4’ au général. Le britannique a assommé le Tour de France !

En juillet 2016, le leader de la Sky offrira l’image la plus surréaliste de ces 30 dernières années non pas sur un vélo comme en 2013 mais à pied en courant tel un Forrest Gump vêtu de jaune sur les pentes surchauffées du Ventoux à la suite d’une chute impliquant une moto de télévision et des spectateurs.