Les Lacets de Montvernier

• Altitude : 781 mètres
• Département : Savoie (73)
• Région : Auvergne Rhône Alpes
• Catégorie : 2

Montée depuis Pontamafrey :

Distance : 3,4 km – Dénivelé : 277 mètres – Pente moyenne : 8,2 % - Pente maximale : 9 %

• Longueur : 1/5
• Paysage : 4/5
• Difficulté : 1/5
• Trafic : 5/5

11/20

Location de vélo : Sport 2000 St Jean de Maurienne

Les lacets de Montvernier proposent 18 virages en épingles accrochés à la montagne. Cette route étroite et sinueuse de 3,4 kilomètres construite à flanc de falaise m’avait émerveillé lors du premier passage du Tour en 2015.

Au départ de St Jean de Maurienne (546 m), j’ai emprunté la piste cyclable « la Mauriennaise » qui permet d’éviter le cauchemar automobile de la départementale en direction de Pontamafrey-Montpascal (498 m) qui marque le pied de la montée.

Après avoir traversé l’Arc, la route dessine un premier virage peu prononcé sur la droite puis 18 petits lacets serrés reliant la vallée de l’Arc au village de Montvernier (787 m).

Il est difficile de décrire avec précision chaque virage tant ils se ressemblent. Disposés selon un axe Est/Ouest, ils permettent de relancer l’allure sur cette courte montée qui offre un pourcentage moyen proche de 9%. La chapelle de la Balme (750 m) nichée dans la montagne que l’on découvre après un ultime lacet qui se referme sur la droite marque la fin des forts pourcentages. La pente s’adoucit à 5% et la route dessine un magnifique virage sur la gauche beaucoup plus ouvert que les fameux lacets. Cette traversée des alpages qui expose un panorama somptueux sur la vallée de la Maurienne se conclut par un second virage sur la droite qui permet d’entrer dans Montvernier. Ce petit village rattaché au canton de St Jean de Maurienne dispose d’un domaine de ski nordique appelé le « Grand Coin ».

J’ai poursuivi mon effort jusqu’à la route D77 qui permet d’atteindre le sommet du col du Chaussy (1533 m) en provenance d’Hermillon (525 m) avant de m’offrir une belle descente de slalom grâce aux 18 lacets.

Une fois au sommet de « la route des lacets », j’ai pu profiter d’un exceptionnel panorama sur la vallée de la Maurienne et admirer cet empilement de virages creusés à flanc de montagne sous un autre angle.

L’état de la route est bon et l’absence de circulation automobile ajoute de la magie au lieu. Du fait de l’étroitesse de la chaussée (4 mètres), la direction du Tour avait interdit l’accès aux spectateurs et dérivé le passage de la caravane le jour de la course.

La première de Bardet (23 juillet 2015)

La 18^ème étape du Tour 2015 qui mène les coureurs de Gap à Saint Jean de Maurienne constitue l’attraction de cette édition. Cette curiosité repose sur la dernière trouvaille de Christian Prudhomme : les lacets de Montvernier. Dans cette étape pour baroudeurs qui offre, la course pour le maillot à pois a de fortes chances d’éclipser celle pour le maillot jaune.

« Bardet dans l’échappée »

Dès le départ de Gap, les attaques se multiplient jusqu’à la formation de la bonne échappée au kilomètre 12 comprenant 29 coureurs dont Fulsang, Bardet, Pinot, Riblon, Kreuziger, Rogers, Matthews, de Gendt, Rolland, Voeckler et le maillot à pois que porte Rodriguez. Ce dernier fait le plein de points en passant en tête du col Bayard, de la rampe du Motty, de la côte de la Mure, du col de Malissol et du col de Morte. Le peloton emmené par les Sky laisse filer et pointe à 5’ au pied du Glandon.

L’unique col hors catégorie du jour va servir d’écrémage. Dès ses premières pentes, onze coureurs se détachent. C’est dans ce groupe qui comprend Andrew Talansky, Pierre Rolland, Jacob Fulgsang, Joaquim Rodriguez et Romain Bardet que se trouve le vainqueur du jour.

A 4 kilomètres du sommet, Pierre Rolland accélère et emmène dans sa roue Romain Bardet et Jacob Fulsang qui sera renversé par une moto suiveuse. L’auvergnat passe en tête du Glandon, empoche les 25 points du grand prix de la montagne avant de réaliser une descente exceptionnelle. Tout comme sur le dernier Dauphiné et sa victoire à Pra Loup, Bardet construit ce succès de prestige en attaquant dans une descente pour arriver au pied de la courte dernière ascension avec un matelas suffisant. Le leader d’AG2R attaque les magnifiques lacets de Montvernier avec 45" d’avance sur le groupe des battus, passe une nouvelle fois en tête puis plonge vers Saint Jean de Maurienne. Après ses échecs à Mende et au plateau de Beille, l’auvergnat remporte à 24 ans sa première victoire dans le Tour de France qu’il agrémente d’un statut de co-leader du maillot à pois tout en remontant à la 10^ème place du classement général.

Dans le groupe des favoris, Contador attaque à 8 kilomètres du sommet du Glandon et creuse rapidement l’écart. Il franchit le sommet avec 1’ d’avance sur le peloton maillot jaune avant d’être rejoint dans la descente vers Saint Etienne de Cuines en raison du travail des Movistar qui protègent les 2^ème et 3^ème places de Quintana et Valverde. Fidèle à son tempérament d’attaquant, El pistolero repart à l’attaque dans les lacets de Montvernier qui offrent un terrain à sa mesure. Emmené par son équipier Rafal Majka, l’espagnol ne parvient toutefois pas à creuser un écart sur Chris Froome qui apparaît fatigué en cette fin de Tour.

Romain Bardet terminera l’année suivante deuxième du Tour puis montera à nouveau sur le podium en 2017 cette fois ci sur la troisième marche. Il devient ainsi le premier français depuis Richard Virenque à figurer deux années de suite sur le podium de la grande boucle. Romain Bardet, c’est certes moins vendeur que Camille Lacourt mais ça ne déçoit jamais en Juillet. En effet, il convient de souligner les performances et la régularité de ce coureur sous côté, premier cycliste français à suivre chaque été les cadors du peloton sur le Tour de France en montagne depuis les années 90. Coureur intelligent, sérieux et travailleur, Romain Bardet reste la meilleure chance française dans le Tour de France quand certaines étoiles montantes du cyclisme mondial comme Fabio Aru déclinent été après été.

« La meilleure chance française chaque été »

Cette pression énorme que constitue le fait de jouer le classement général sur 3 semaines dans le Tour pour un coureur français est souvent sous-estimée par les suiveurs de la grande boucle. Il convient de rappeler que Pierre Roland s’est liquéfié à son contact (cf col du Mollard) et qu’elle a contraint Thibaut Pinot à renoncer au Tour pour le Giro. Le Tour 2018 à la fin duquel Romain Bardet signe un cinquième Top 10 consécutif montre à quel point l’auvergnat est un coureur de classe mondiale. Sa médaille d’argent acquise aux championnats du monde d’Innsbruck en septembre vient renforcer cette affirmation. Néanmoins, il parait acquis que Bardet ne gagnera jamais le Tour. Un pur grimpeur n’a aujourd’hui aucune chance de remporter la grande boucle désormais promise aux rouleurs de montagne que sont Geraint Thomas, Tom Dumoulin, Primoz Roglic ou un futur phénomène biberonné à l’école Sky Egan Bernal. Marco Pantani restera le dernier grimpeur vainqueur du Tour et lauréat de l’impossible Giro/Tour.