Montée depuis le carrefour D 618 / D 117 :
Distance : 3,8 km – Dénivelé : 249 mètres – Pente moyenne : 7,5 % - Pente maximale : 12 %
10/20
Location vélo : Luchon Cycling à Bagnères de Luchon
La station de Peyragudes (1580 m) née de la fusion en 1988 des domaines skiables de Peyresourde (versant Hautes Pyrénées) et des Agudes (versant Haute Garonne) a été le théâtre de deux arrivées au sommet en 2012 et 2017 qui ont marqué les esprits. Cette station, membre de la chaine « Nouvelles Pyrénées » offre un domaine skiable de 60 kilomètres comprenant 51 pistes de ski alpin.
Après avoir avalé la courte descente de 3 kilomètres du versant ouest du col de Peyresourde en direction de la vallée du Louron, j’ai profité de mon élan pour bifurquer sur la gauche et attaquer les premiers hectomètres de la montée vers Peyragudes avec un maximum de vitesse.
Cette large route de 3 kilomètres popularisée par le passage du Tour affiche un premier kilomètre à 9% de moyenne en ligne droite qui permet d’apercevoir en contre bas l’autre versant du Peyresourde depuis Avajan. Ayant le Port de Balès et le col de Peyresourde dans les pattes, j’ai eu peur à cet instant non pas de mourir demain mais de poser pied à terre sur le court passage à 12%, victime de crampes, du froid et d’un début d’hypoglycémie.
La route oblique vers la gauche puis dessine un double droit qui marque l’entrée dans Peyragudes. Compte tenu de l’heure tardive (19h00) et de l’absence totale de vie dans la station, j’ai bravé un interdit en quittant la route pour rouler sur les rampes à 17% de l’altiport le plus célèbre de la saga James Bond. Le final offre aux audacieux (ou aux inconscients) un billard qui contraste avec l’état déplorable des autres routes de la région (Peyresourde, Menté). La pente qui est forte à cet endroit oblige à fournir un dernier effort pour imiter les coureurs du tour 2017 et enfin atteindre la partie haute de la station de Peyragudes.
L’humiliation de Bradley Wiggins (19 juillet 2012)
L’étape du 19 juillet 2012 propose cinq difficultés recensées pour le classement du meilleur grimpeur dont un inédit l’arrivée à la station de sports d’hiver de Peyragudes. Cette seconde étape pyrénéenne est à la fois la dernière étape de montagne de cette édition 2012 et l'ultime occasion pour les concurrents du maillot jaune Bradley Wiggins de le renverser.
Troisième du classement général, Vincenzo Nibali tente de tromper la vigilance des Sky en se glissant dans l’échappée du jour pour lancer une opération de grande envergure dans la descente du col de Menté. Alejandro Valverde qui a perdu le Tour depuis longtemps essaye également de prendre la bonne échappée et fait remarquer à l’italien que sa présence la condamne. Le leader de la Liquidas accepte de se relever au kilomètre 39, geste qui sera salué par le coureur espagnol.
Vainqueur la veille, Thomas Voeckler ne manque pas l’occasion de s’assurer de terminer meilleur grimpeur du Tour en devançant son rival Fredrik Kessiakoff dans les cols répertoriés au grand prix de la montagne en début d’étape. Valverde qui a attaqué ses compagnons d’échappée à 3.5 kilomètres du sommet du Port de Balès bascule seul en tête et aborde Peyresourde avec 2’30 d’avance sur le peloton maillot jaune. Le natif de Murcie gagne l’étape 19’’ devant Froome et Wiggins. Il signe son grand retour après 2 années de suspension et sauve le tour de la Movistar.
L’ascension vers Peyragudes va être le théâtre du fait marquant de cette édition soporifique. Sans véritablement attaquer, Christopher Froome distance à plusieurs reprises son leader de quelques mètres avant de se retourner vers ce dernier dont le masque traduit une colère sourde. Le doute né à la Toussuire n’est plus permis. Froome est déterminé à aller chercher Valverde pour gagner l’étape et ainsi montrer qu’il est le plus fort.
« la réconciliation impossible avec Froome »
Wiggins est humilié et ne pardonnera jamais cette offense à son équipier. Le leader de l’équipe britannique profitera du dernier contre la montre entre Bonneval et Chartres pour laver cet affront en repoussant son lieutenant à 1’16. Son attitude sur la ligne d’arrivée qui relève plus du coup de poing du boxeur que d’un vainqueur d’étape sur un grand Tour confirme que l’humiliation de Peyragudes n’est pas oubliée. La cohabitation au sein de l’équipe Sky sur la fin du Tour 2012 ravive le souvenir de 1986.
Sean Yates, l’ancien directeur sportif de la Sky a par la suite révélé l’existence d’un accord de non-agression avant les 500 derniers mètres entre les deux coureurs que Froome n’a pas respecté. Face à l’absence de sanction de la part de David Braislford, le patron de l’équipe Sky (mais que pouvait-il faire ? priver Froome de dessert ? Il ne mange déjà rien), Wiggins menace de quitter le Tour et de rentrer chez lui. Le caractère excessif et immature de cette réaction traduit la fébrilité du maillot jaune sur cette fin de Tour et révèle la guerre larvée que se livrent les deux hommes au sein de l’équipe britannique.
« Bradley Wiggins vs Ivan Drago »
Bradley Wiggins gagnera au final son unique Tour de France devant Froome et Nibali sans pouvoir défendre son titre l’année suivante victime d’une blessure à un genou d’allure diplomatique. C’est le début d’une détestation réciproque entre les deux anglais. Froome envoie le colonel Wiggo se casser les dents sur un Giro 2013 hivernal puis obtient de ses dirigeants les pleins pouvoirs sur le Tour à partir de 2014. Définitivement barré sur la grande boucle par son ancien lieutenant, Sir Wiggins se voit contraint de se rabattre sur l’exercice du contre la montre et de la piste (ses premiers amours) puis décide de s’attaquer à Paris Roubaix qui fait fuir tous les vainqueurs du Tour*.
Wiggins qui ne se prive jamais d’allumer Froome dès qu’il en a l’occasion a singé son ancien équipier en courant à côté de son vélo dans les côtes du Tour de Grande Bretagne en écho à l’épisode du Ventoux. L’humiliation de Peyragudes n’est toujours pas pardonnée…
Les dernières infos concernant Wiggins font état d’un entrainement intensif en prévision des épreuves d’aviron des J.O de Tokyo 2020. L’image d’un Wiggins tatoué, assis sur son rameur, le regard noir, suggère que l’anglais se prépare plus à venger Apollo Creed qu’à briller sur le 4 sans barreur.
*Bernard Hinault reste le dernier vainqueur du Tour de France à avoir remporté l’enfer du Nord en 1981
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