Montée depuis Gorges du Guil :
Distance : 16 km – Dénivelé : 1095 mètres – Pente moyenne : 6,9 % - Pente maximale : 11 %
17,5/20
Location de vélo : Loutousport à Guillestre
L’Izoard ou devrais-je dire le mythique Izoard me fascine depuis des années comme seul le Ventoux l’avait fait auparavant. Ce col légendaire qui permet de faire communiquer les vallées du Guil et de la Cerveyrette a été achevé en 1897.
J’ai choisi d’aborder cette ascension par son versant le plus célèbre depuis Guillestre (1035 m), bien que le véritable début de la montée se situe au moment où l’on quitte la route de Château-Queyras qui mène au col d’Agnel (2744 m) pour se diriger vers la gauche en direction d’Arvieux (1570 m). Cette longue portion qui longe les gorges du Guil est certes magnifique mais présente l’inconvénient d’être saturée comme le périphérique sud parisien à 19h00 un soir de semaine.
Ce tronçon de 14,5 kilomètres offre dans un premier temps des pourcentages raisonnables qui vont augmenter progressivement pour atteindre 8% lors de la traversée du hameau du Pasquier (1500m) au kilomètre 4 puis d’Arvieux (1570 m) avant de diminuer autour de 5% à l’entrée de la petite station de ski de la Chalp (1685 m). Cette route D902 qui longe le torrent de l’Izoard permet d’atteindre Brunissard (1771 m) au kilomètre 8 qui offre le maximum de pente (11%). Ces quatre kilomètres entre Arvieux et Brunissard proposent de forts pourcentages sur une route désespérément rectiligne qui n’offre aucun point d’ombre. La chaussée est inondée par un puissant soleil qui vous brule la nuque sur ce versant sud.
C’est à la sortie de ce dernier hameau que les véritables difficultés débutent. La route jusque-là linéaire décrit à partir du kilomètre 7 (« kilomètre Bernard Thévenet » qui est passé en tête de l’Izoard avec le maillot jaune sur le dos en 1975) une série de dix lacets à près de 10% de moyenne qui serpentent à travers le Bois Noir. Cette partie offre de beaux points de vue sur les différents sommets cendrés du Queyras. La sortie de ce supplice forestier de 5 kilomètres intervient au belvédère du col de la Platrière (2200m) qui dévoile la mythique Casse-Déserte (2220 m) à 2 kilomètres du sommet.
Cette exception géologique d’une splendeur minérale offre un univers extraterrestre constitué d’éboulis et de roches surchauffées. Un décor lunaire qui fait suite à un tronçon en forêt aux pourcentages vertigineux, cela rappelle quelque chose. La courte descente jusqu’aux stèles jumelles qui célèbrent la mémoire de Fausto Coppi et de Louison Bobet permet de tout remettre à droite afin de prendre un maximum de vitesse en prévision des 2 derniers kilomètres à plus de 8.5% de moyenne sur une route qui s’est soudainement rétrécie. L’Izoard se ponctue par trois magnifiques lacets dans un décor digne du Second Empire à 2360 mètres d’altitude.
Le sommet est matérialisé par un obélisque en pierre en hommage aux militaires qui ont construit cette route. Ce panorama somptueux offre une vue sur les principaux sommets du Queyras et du Briançonnais et un panorama bien différent de mon Parc de la Vanoise adoré. L’Izoard est un monument qui fait partie selon moi des plus beaux cols du Tour de France en compagnie de l’Iseran, de la Cime de la Bonette et du Mont Ventoux.
Les larmes de Richard Barguil (20 juillet 2017)
La 18ème étape du Tour 2017 entre Briançon et l’Izoard a permis à Warren Barguil de s’imposer au sommet du mythique Izoard qui pour la première fois dans l’histoire du Tour de France proposait une arrivée au sommet par son versant sud. Assuré de terminer meilleur grimpeur du Tour 2017, le coureur de l’équipe Sunweb a devancé tous les leaders du peloton à la pédale et donné encore plus d’éclat à son maillot à pois.
Cette étape reine des Alpes propose comme première difficulté significative le col de Vars en 1ère catégorie que l’échappée du jour qui compte 54 coureurs aborde avec 8’ d’avance sur le peloton maillot jaune. Le coureur Alexei Lutsenko de l’équipe Astana passe en tête du col, alors que la grande bagarre n’est pas déclenchée dans le peloton des favoris malgré une accélération des AG2R la Mondiale dans les derniers kilomètres du col de Vars. Ce gros travail des équipiers de Romain Bardet dans la descente puis dans la vallée jusqu’au pied de l’Izoard permet de réduire l’écart à 4’. L’équipe de l’auvergnat imprime un rythme très soutenu, Fabio Aru bien moins aérien que dans les Pyrénées coince à 6,5 kilomètres du sommet et perd sa 4ème place au profit de Mikel Landa.
« Le festival Barguil »
C’est pourtant un autre français qui attaque à 6,3 kilomètres du sommet. Warren Barguil sort d’un peloton dont Alberto Contador tente également de s’extraire. Chris Froome qui veut l’étape fait alors rouler ses hommes pour revenir sur les deux grimpeurs qui peuvent prétendre à cette victoire de prestige.
A 5,3 kilomètres du sommet, le maillot à pois jamais aussi bien porté depuis 20 ans accélère à nouveau et fait sauter le pistolero. Le festival Barguil peut commencer, il reprend un à un les échappés du jour dont Tony Gallopin et Alexei Lutsenko avant de déposer Darwin Atapuma devant la casse déserte. Le breton devance de 20’’ le trio Atapuma/Froome/Bardet sur la ligne en ayant résisté au retour des favoris qui se sont au final neutralisés.
Sur la ligne, le français lève le doigt au ciel comme un autre grimpeur français, porteur lui aussi du maillot à pois et vainqueur d’étape 20 ans auparavant sur l’héliport de Courchevel. Les larmes de Richard Barguil à l’arrivée ne sont ni pour Mami Lu, ni pour Chabi mais pour « (s)es 2 papis décédés qui aimaient le vélo » quelques semaines avant le départ du Tour.
Au passage, Warren Barguil améliore de 2 minutes le précédent record qui datait du Giro 2007 établi par Riccardo Ricco avec un temps de 38 minutes et 15 secondes et une moyenne de 22,12km/h de moyenne*.
*Cette 12ème étape du Tour d’Italie partait de Scalenghe (ITA) et arrivait non pas au sommet de l’Izoard mais à Briançon.
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