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Col du Glandon

  • Altitude : 1924 mètres
  • Département : Savoie (73)
  • Région : Auvergne Rhône Alpes
  • Catégorie : HC

Montée depuis Saint Etienne de Cuines :

Distance : 20,9 km – Dénivelé : 1482 mètres – Pente moyenne : 7,5 % - Pente maximale : 11 %

  • Longueur : 5/5
  • Paysage : 4/5
  • Difficulté : 4/5
  • Trafic : 4/5

17/20

Location de vélo : Rent my Bike à Saint Michel de Maurienne

Le col du Glandon qui culmine à 1924 mètres relie la vallée de la Maurienne au nord à la vallée de la Romanche au sud. Cet incontournable du Tour offre par son versant nord une montée qui rappelle celle de sa jolie voisine Madeleine par son versant sud : une sublime ascension de 20 kilomètres, de forts pourcentages et une arrivée à 2000 mètres.

L’échauffement vous conduit au village de St Etienne de Cuines (495 m). Depuis ce hameau, le défi consiste à parcourir 8 kilomètres à 7,5% en gardant le torrent du Glandon comme fil conducteur.

glandon 1

L’escalade de ce géant des Alpes débute par un premier kilomètre à 3%. Ce tronçon qui démarre fort voit sa pente se stabiliser autour de 7,5% avant de se relever à 9,5% à l’approche du 9ème kilomètre. Essentiellement composé de sapins, une forêt dense vous accompagne jusqu’à Villard Martinan (1100 m) sur une pente qui se maintient au-delà du seuil de confort des 7%.

Toujours très régulière, la montée s’enroule en dessinant deux beaux lacets au Premier Villard (850 m). Le pourcentage de la pente diminue enfin à l’approche de Villard Martinan (1100 m). Au cours de ce palier (500 m à 5%), il est possible de savourer un joli point de vue sur les pistes de ski.

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A mi-parcours, le pourcentage de la pente fléchit nettement pendant 1.5 km lors de la traversée de Saint Colomban les Villards (1090m). Cette première partie de 9 km à 8% s’achève au passage de ce hameau. Profitez de cet adoucissement de pente pour récupérer avant d’aborder un autre chapitre plus ardu.

Suite à cette pause, la montagne impose sa déclivité. La sortie du village marque le début de la seconde moitié de l’ascension qui sera beaucoup plus difficile en raison de forts pourcentages qui dépassent régulièrement les 10%, de l’altitude et de la fatigue accumulée. Les petits braquets entrent alors en action lorsque la pente s’envole soudainement à 13%.

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Au décours de la traversée du Chatelet, la pente s’accentue pendant 2 kilomètres jusqu’au hameau du Chal (1200m) que l’on traverse au kilomètre 13. La route remonte le cours du torrent du Glandon en suivant une trajectoire plus rectiligne pendant 3 kilomètres. Passé le petit pont du kilomètre 17, la pente retrouve une déclivité raisonnable pendant 1 kilomètre au moment où se dressent les fameux lacets du Glandon.

Quelques tours de roue après le Col d’en bas (1634m) situé au kilomètre 18, la route dessine les six plus beaux lacets de Maurienne répartis sur trois kilomètres. Le dénivelé vertigineux de ce dernier volet vous contraint à tout mettre à gauche. Constituant le morceau le plus difficile de cette escalade, ce final à 11% se conclue par 800 derniers mètres à 8%.

A l’image de mon ascension de l’inoubliable Madeleine six ans auparavant, j’avais prévu d’en garder sous le pied. Je souhaitais terminer fort cette ascension et me faire plaisir dans le final de cette longue montée qui mêle solitude et nature sauvage.

glandon 4

Ce col permet de redécouvrir l’ivresse du sommet, d’éprouver à nouveau la sensation de l’espace retrouvé, de sentir l’air qui ranime, d’admirer la montagne qui apaise et surtout d’être enfin loin de tout.

Cette montée a par ailleurs définitivement validé ma préférence pour les longues ascensions alpestres en dépit de mes beaux souvenirs pyrénéens.

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Steven Rooks mate les colombiens (14 juillet 1988)

La 12ème étape du Tour 1988 propose le grand classique alpestre Madeleine/Glandon/Alpe d’Huez. Avant que le départ ne soit donné, un événement marquant se produit: l’abandon du récent vainqueur de Milan San Remo. Sans force depuis Pontchâteau, Laurent Fignon est non partant à Morzine.

Dans le col de la Madeleine un autre grand favori à la victoire finale Jean François Bernard, est à la dérive et perd le Tour. Présent sur la moto numéro deux, Gérard Holtz évoque un diagnostic de pubalgie pour le 3ème du Tour 87.

Dans le col du Glandon que les coureurs abordent par son versant le plus difficile, Steve Rooks emmène en compagnie de son équipier Gert-Jan Theunisse un groupe de 28 coureurs. L’accélération des PDM relayée par les Reynold’s élimine le maillot à pois Jérôme Simon, Henri Abadi, Claude Criquelion, Thierry Claveyrolat, Angel Arroyo, le maillot jaune Steve Bauer, le maillot de champion de France Eric Carritoux et Urs Zimmerman porteur du dossard 1.

« Pays Bas 1-0 Colombie »

Dans les plus forts pourcentages du Glandon, les hispanophones Herrera, Parra, Alcala et Delgado font face aux néerlandophones Winnen, Theunisse et Rooks. Les leaders qui attendent une offensive de l’épouvantail Luis Herrera s’observent. Visiblement le plus attentif, Delgado remarque que le colombien qui s’arrose copieusement en queue de peloton n’est pas dans un bon jour. A 1,5 kilomètre du sommet, le leader de l’équipe Reynold’s teste l’icône colombienne en attaquant en compagnie de Steven Rooks porteur du maillot du combiné. Raymond Poulidor qui remplace Jacques Anquetil au poste de consultant répète un peu naïvement toutes les 45" au micro d’Antenne 2 « Oh la la, qu’est ce qu’il est fort Rooks ! ».

Impressionnant de facilité, le hollandais décroche tous les colombiens puis franchit en première position la deuxième difficulté du jour. Robert Chapatte rappelle à l’antenne qu’un coureur qui passe en tête du Glandon marque ses adversaires. Parra, Herrera, Alcala, Hampsten, Theunisse et Winnen passent à une trentaine de secondes du duo qui va dominer le Tour 1988. Le maillot jaune Steve Bauer est à 1’14.

glandon Tour de France 1

Delgado et Rooks creusent l’écart sur leurs poursuivants dans la descente et abordent les premiers lacets de l’Alpe d’Huez avec un confortable matelas de 1’25. Bien qu'en difficulté dans le Glandon, Luis Herrera tente de faire la jonction avec les deux attaquants. Il terminera l'étape à une décevante 5ème place à 1’6 du vainqueur. A 3 kilomètres de l’arrivée, le duo de tête est rejoint par Theunisse et Parra qui tente de contrer. Les PDM profitent de la gêne occasionnée par les motos suiveuses pour empêcher la victoire du colombien et favoriser une attaque du maillot du combiné lors de l’entrée dans l’Alpe d’Huez. L’épisode du bouchon des motos suiveuses résume la kermesse orchestrée et voulue par la nouvelle direction un an après le départ de Jacques Goddet. Cette inflation du nombre de voitures invitées et de motos suiveuses qui perturbe le bon déroulement des étapes constitue un profond manque de respect pour les coureurs qui apparaissent comme des bêtes de foire. Fort heureusement, le groupe Amaury ne renouvellera pas l’erreur et confiera l’année suivante la direction du Tour de France à Jean Marie Leblanc pour un long mandat.

Un an après son abandon dans l’étape de l’Alpe, Rooks franchit la ligne d’arrivée 17’’ devant son équipier Theunisse, Parra et Delgado qui enfile le maillot jaune. Sans la présence gênante de Perico, les deux compagnons de chambre auraient pu imiter Lemond et Hinault en finissant main dans la main sur la ligne. Grâce à son attaque dans le Glandon, Rooks dépossède Julien Simon de son maillot à pois et de son maillot Mondrian qu’il rapportera à Paris. Il sera le dernier porteur de ce magnifique maillot en 1989 qui disparaitra une nouvelle fois malgré un palmarès XXL dans les années 80 (Hinault en 81-82, non disputé en 83-84, Lemond en 85-86, Bernard en 87 et Rooks en 88-89).

Steven Rooks montera sur la deuxième marche du podium du Tour 88 vêtu du maillot à pois à la façon d’un Tony Rominger 5 ans plus tard. Premier néerlandais à remporter le classement de la montagne, Rooks reste indissociable de son compatriote Theunisse qui lui succède au palmarès en 1989. Ce calviniste au sourire aussi fréquent qu’un français en deuxième semaine à Rolland Garros reste le premier maillot à pois à globules rouges. Soucieux de faire 1 et 2 dans les sprints pyrénéens, les frères siamois étouffent Herrera qui ne portera plus la tunique convoitée.

Passé un temps par l’alcool, les Chesterfield et les boites de nuit après une courte carrière de footballeur, Rooks renoue avec le sport de haut niveau à travers le patinage de vitesse. Vainqueur de Liège Bastogne Liège en 1983, le natif d’Oterleek admet n’avoir été heureux sur un vélo qu’à l’été 88 aux côtés de son jumeau Theunisse surnommé « le magicien d’Oss » du nom de sa ville d’origine. A la fin de sa carrière en 1994, celui qui semble avoir vécu son métier à la manière d’un André Agassi finit par enfin s’allonger sur le divan d’un psychiatre après avoir été debout sur les pédales pendant une décennie.

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