Montée depuis Pont de l’Oule :
Distance : 11,1 km – Dénivelé : 754 mètres – Pente moyenne : 6,8 % - Pente maximale : 11 %
15/20
Location vélo : Luchon Cycling à Bagnères de Luchon
Le col de Menté qui culmine à 1349 mètres permet de relier la vallée de la Garonne à la vallée du Ger. Indissociable de son petit frère le Portet d’Aspet, il a régulièrement été emprunté par le Tour de France depuis 1966.
Le versant est depuis le Pont de l’Oule (721 m) qui fait suite à la vertigineuse descente du Portet d’Aspet est le versant le plus utilisé par le Tour de France. Faisant route vers le sud, les 3 premiers kilomètres qui proposent des pourcentages accueillants (2.1%-1%-3.9%) permettent d’entrer dans la forêt domaniale de Couledoux en épousant le lit du Ger. Au passage devant la Grange-Serech (700m), la pente s’envole brutalement à 8% et offre une perspective sur le pic de Cagire (1912m) dont la particularité est d’être très avancé par rapport à la chaine pyrénéenne.
Au départ du carrefour qui mène aux Couledoux au kilomètre 3.6, une courte plongée de quelques hectomètres permet d’attaquer la rampe finale de 7 kilomètres à 8.2% de moyenne qui débute au kilomètre 4 avec un maximum de vitesse. En s’éloignant du cours du Ger après l’avoir traversé, la route oblique vers l’ouest et dessine une succession de huit lacets. La pente s’envole à plus de 10% lors de la traversée du hameau de Ger de Boutx (880m) avant d’offrir un appréciable replat (7.5%) à la sortie de ce village.
La ligne droite qui fait suite à cette série de beaux virages traverse Soulan (949 m), elle permet avant tout d’apprécier cette nature aux différentes nuances de vert tout en remettant un peu de braquet. A partir de la fontaine de Charnaut (1010 m), la route dessine un enchainement de douze virages en épingles exposés au vent sur une route en mauvais état.
La traversée des bergeries de Cubouch au 8ème kilomètre offre un léger répit auquel fait suite un final difficile sur une route plus étroite. Le kilomètre 9 m’a scié les jambes en raison d’un passage à 11% sur plusieurs hectomètres qui a pesé compte tenu de la débauche d’énergie consentie dans le col des Arès puis le Portet d’Aspet.
L’arrivée au col de Clin (1246 m) au 10ème kilomètre marque la fin des lacets mais pas des difficultés. En effet, une dernière ligne droite ombragée aux pourcentages toujours élevés oblige à fournir un ultime effort pendant un bon kilomètre. A l’arrivée, j’ai pu apercevoir le Tuc de l’Etang (1816 m) au sud et le pic de l’Escalette (1856m) au nord qui proposent tous deux des randonnées accessibles aux débutants.
Au sommet, deux routes permettent d’accéder à la station du Mourtis (1450m) nichée dans la sapinière de la Seube. Cette station qui a accueilli à deux reprises le Tour de France offre 22 kilomètres de pistes de ski alpin et 4.5 kilomètres de pistes de ski de fond à une altitude comprise entre 1420 et 1860 mètres.
Le col de Menté fait partie des cols de première catégorie difficiles comme le col d’Azet, le col de Vars ou la Planche des belles filles. Il comporte tout ce que j’aime : une belle route sinueuse sans circulation automobile et de forts pourcentages. Il présente plus d’intérêt que son voisin le Portet d’Aspet à la route plus linéaire et aux pourcentages douloureux.
Le drame de Luis Ocana (12 juillet 1971)
Luis Ocana n’a qu’une obsession : Eddy Merckx. Dans l’étape entre Grenoble et Orcières Merlette sur le Tour 1971, le champion espagnol qui a perçu des signes de faiblesse chez le belge lance une offensive de grande envergure. A l’arrivée, les écarts sont immenses : Van Impe est à 6’ et Merckx en difficulté toute la journée à 8’42. Ocana endosse le maillot jaune pour la première fois de sa carrière. Son pari est gagné : il a enfin réussi à renverser Merckx sur la grande boucle et le Tour 1971 est joué.
Quelques jours plus tard, entre Revel et Luchon, le duel entre Merckx qui a comblé une partie de son retard et Ocana s’arrête brutalement et de façon dramatique dans la descente du col de Menté.
Après 50 kilomètres de course, l’échappée du jour parvient à se constituer au pied du col du Portet d’Aspet dans lequel Merckx qui a démarré à deux reprises teste Ocana. Jose Manuel Fuente franchit le sommet en tête 5’ devant le duo Merckx/Ocana. Après une courte descente, les échappés abordent les premiers lacets du col de Menté avec une avance confortable sur le groupe maillot jaune.
« Ocana abandonne »
Une averse de grêle s’abat sur les coureurs lorsque les leaders entament la dangereuse descente du col de Menté en direction de Saint Béat. Merckx qui a pris quelques mètres d’avance à son rival espagnol ne parvient pas à négocier un virage en épingle sur la gauche et part en dérapage avant de chuter. Malgré un genou entaillé, le belge réussit à repartir. Le maillot jaune qui descend à vive allure pour ne pas perdre contact avec le flamand ne peut éviter la chute au même endroit. Au moment où l’espagnol remonte sur son vélo, Zoetemelk surgit et le percute de plein fouet. Le choc est d’une violence inouïe.
Le maillot jaune doit abandonner la course, une immense tristesse envahit l’épreuve. Insulté et victime de crachats tout au long de l’étape par certains espagnols qui le rendent responsable de l’abandon d’Ocana, Merckx refuse d’endosser le maillot jaune à Luchon où Jose Manuel Fuente remporte l’étape dans l’indifférence. Refusant de gagner de cette manière, le cannibale parle d’abandonner le Tour mais son entourage l’exhorte à poursuivre l’épreuve.
Le belge gagnera six jours plus tard son troisième Tour de France devant Joop Zoetemelk, Lucien Van Impe et Bernard Thévenet vainqueur au sommet du Ventoux dont l’heure approche. Luis Ocana finira par enfin le remporter 2 ans plus tard. Mais l’absence de Merckx l’été 1973 qui se concentre sur le doublé Giro/Vuelta ne donnera pas le même gout à la victoire de l’espagnol qui ne battra jamais le cannibale sur le Tour de France.
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