Col de Spandelles

• Altitude : 1378 mètres
• Département : Hautes Pyrénées (65)
• Région : Languedoc Roussillon-Midi Pyrénées
• Catégorie : 1

Montée depuis Argelès Gazost :

Distance : 15,5 km – Dénivelé : 925 mètres – Pente moyenne : 6 % - Pente maximale : 13 %

• Longueur : 4/5
• Paysage : 3/5
• Difficulté : 3/5
• Trafic : 5/5

15/20

Location de vélo : Bike and Py Pyrénées à Tarbes

Nouveauté du Tour 2022, le col de Spandelles relie Argelès Gazost à Arthez d'Assons. Cette route forestière qui a été goudronnée pour cette occasion propose un effort intense qui nécessite de petits braquets. La montée impose ses irrégularités tout au long des 15 kilomètres sur une chaussée étroite. Entre les vallées du Bergons et de l'Ouzom se trouve un obstacle coriace dont la pente ne fait que varier selon la pure tradition pyrénéenne.

Vous quittez Argelès à l'aide de la route d'Azun qui mène au col du Soulor. Après quelques tours de roue, vous laissez la D 918 pour enrouler une épingle sur votre droite. Vous évoluez désormais sur la route de Gez et ses pourcentages accueillants (6%).

Deux lacets s’élèvent rapidement pour rejoindre Gez (617 m) au kilomètre 1,5. la pente s’incline à 6% pour déboucher sur l'entrée du hameau de Bedarts (700 m). Dès sa sortie, vous vous heurtez à trois bornes à 10% comprenant des portions à 14%. C’est à cet endroit que se trouve la rampe la plus douloureuse de la montée.

L'arrivée au hameau de Las Houtadales au kilomètre 5 propose un relâchement de pente. Cette pause se poursuit dans un décor sauvage. Retrouvant une déclivité raisonnable, il est alors de possible de remettre un peu de braquet. Le décor dans lequel vous pédalez appartient au Parc National des Pyrénées.

La route s’enfonce dans la forêt domaniale. Vous longez le cours du ruisseau de Bergons en franchissant la barre des 1000 mètres d'altitude. Tout en grimpant vers l’ouest, jetez un oeil vers les cimes du Pic d'Estibète (1850 m) et du Soum de Granquet (1881 m).

Une dizaine de kilomètres étant parcouru, on quitte la portion sinueuse pour partir à l’assaut d’un long secteur rectiligne qui vous mène au Refuge du Haugarou. Au cœur du Val d'Azun, perché à 1215 mètres d'altitude, le Refuge domine la vallée du Bergons. Après avoir franchi le ruisseau Durons, la pente s’établit à 7% avant de forcir à 9%. La route contourne le pic de Navaillo (1666 m) que vous enroulez par son flanc est avant d'atteindre le sommet après un ultime effort.

Le col de Spandelles permet de valider l'idée qu'il n'existe pas de col facile dans les Pyrénées. Cette montée très irrégulière vous oblige à absorber des ruptures de pente. En basculant sur l'autre versant, vous gagnez Ferrières et le pied du Soulor qui vous permet de réaliser une boucle de 60 kilomètres (2000 mètres de dénivelé positif) au départ d'Argelès.

Au sommet du défi du jour, une randonnée en direction du pic de Bazes (1804 m) vous mène sur les hauteurs du Val d'Azun. Vous dominerez la station de ski de fond de Couraduque.

Wout Van Aert et le Syndrome de Stockholm (21 juillet 2022)

La 18^ème manche du Tour 2022 qui mène les coureurs de Lourdes à Hautacam est également la dernière étape de montagne de cette édition. Ce final pyrénéen propose aux coureurs le col d'Aubisque après 54 kilomètres de plaine, l'inédit col de Spandelles puis la montée finale vers Hautacam.

Dès le départ, le maillot vert van Aert multiplie les attaques emmenant avec lui un groupe de 34 coureurs. Le col d’Aubisque avalé, une vingtaine de rescapés se confrontent, avec 4’10’’ d’avance, au seul nouveau col visité cette année par le Tour de France : le col de Spandelles. Sur cette étroite route forestière entre Gez et Ferrières, Van Aert essore ses compagnons de route ne tolérant que deux grimpeurs dans sa roue Pinot et Martinez.

« Après Thor Hushov en 2009 »

Van Aert passe en tête du col de Spandelles et égale Thor Hushov qui lui aussi avait franchi en première position un col de 1^ère catégorie avec le maillot vert sur les épaules. A 9 kilomètres de l'arrivée de l'étape, Wout van Aert place une attaque qui laisse sur place Thibault Pinot. Au sprint, Dan Felipe Martinez tente de suivre le maillot vert qui peut à cet instant remporter à la fois le classement par points et le grand prix de la Montagne (seul Eddy Merckx y est parvenu en 1969).

Celui qui martyrise le peloton depuis le départ de Copenhague suscite une admiration sans bornes. Le coureur de la Jumbo qui multiplie les attaques dès le kilomètre 0 forçant ses adversaires "à rouler pétrole" dès le début des étapes avant de mettre sous assistance respiratoire les rescapés dans les cols apparait comme le grand homme de ce Tour 2022. On peut véritablement parler de syndrome de Stockholm devant autant d'admiration.

Dans la seconde moitié de la montée d'Hautacam, le triple champion du monde de cyclo-cross jette ses dernières forces afin d’emmener son leader Vingegaard à la lutte avec Pogacar. A quatre kilomètres de l'arrivée, épuisé par le train imposé par le maillot vert, le maillot blanc lache prise laissant le maillot jaune remporter l'étape et s'offrir le maillot à pois.

Steve Chainel : "encore un effort, encore, encore, encore"

Jacky Durand : "Et Pogacar distancé ! Il a perdu quelques mètres"

Guillaume Di Grazia : "On le sentait ! Regardez Wout Van Aert qui part maintenant avec Vingegaard. Il peut pas tenir comme ça pendant 4 kilomètres"

Steve Chainbel : " Impossible, il va s'écarter dans quelques mètres"

Guillaume Di Grazia : "Ce garçon a fait le départ ce matin"

David Moncoutié : "C'est Wout Van Aert qui a fait péter Tadej Pogacar"

Celui qui ne parvient toujours pas à être prophète dans son pays (aucune victoire sur le Tour de Flandres à ce jour) étale ce 18 juillet toute sa classe. Troisième sur la ligne, le maillot vert relance le débat des grands coureurs de classiques capables de remporter un jour le Tour de France. Souvent comparé à Tom Boonen à ses débuts, Van Aert apparait bien plus polyvalent que son ainé à l'image d'un Laurent Jalabert. Le natif d'Herentals remporte sur la grande boucle 2021 une épreuve de plat au sprint (Champs Elysées), une étape de montagne (le double Ventoux) et un contre la montre (Saint Emilion). Maintenir ce niveau de performance et de concentration "sans se relever sur une étape de montagne" pendant trois semaines parait être un défi impossible pour ce magnifique coureur.