Montée depuis Thônes :
Distance : 18,9 km – Dénivelé : 861 mètres – Pente moyenne : 4,5 % Pente maximale : 7,5 %
11,5/20
Location vélo : Intersport au Grand Bornand
Situé à la frontière entre la Haute Savoie et la Savoie, le col des Aravis permet de relier la vallée du Nom et le val d’Arly. Le versant nord qui débute à Thônes (620 m), capital du reblochon, propose 8 kilomètres sans pièges ni difficultés jusqu’à St Jean de Sixt (963 m) qui permet de rejoindre la station du Grand Bornand (923 m).
A la sortie de ce carrefour de Haute Savoie, la route oblique vers le sud en direction de La Clusaz (1039m) en longeant le torrent du Nom. Ce tronçon permet de passer du kilomètre 8 au kilomètre 11 est très facile et présente peu d’intérêt. Les pourcentages ne dépassent pas 3% et la montée est déplaisante en raison de l’importance du trafic automobile. Cette large route en parfait état vire sur la gauche et permet d’entrer dans la station grâce à la Route des Grandes Alpes que l’on quitte en s’échappant sur la droite à l’aide de la Route du col des Aravis.
La traversée de la Clusaz au cours de laquelle j’ai manqué d’étouffer nécessite de faire preuve de vigilance en raison de nombreux ronds-points et d’une forte densité de véhicules.
Après le franchissement d’un troisième carrefour giratoire au niveau du Bossonet, la route oblique à nouveau vers le sud en dévoilant le domaine skiable de la Clusaz. La sortie de la station d’Edgar Grospiron marque la rencontre avec la montagne. Les premiers pourcentages apparaissent peu avant l’hôtel Le Gotty (1190 m) et on peut enfin respirer à l’approche du hameau des Converses qui marque la jonction avec le col de la Croix de Fry (kilomètre 14,5). La circulation automobile s’est brusquement fluidifiée et la route qui longe le torrent du Nom offre enfin le premier lacet (1300m) à 8% d’une série de six au kilomètre 15. On aperçoit au loin la chaine des Aravis (2325m) qui s’étend sur une quarantaine de kilomètres.
La pente s’infléchit lors des 2 derniers kilomètres qui sillonnent fermes et pâturages. Sur la dernière borne, la pente faiblit nettement, il est alors possible de remettre du braquet et de finir fort cette ascension pour atteindre le sommet du col et la chapelle St Anne. Un magnifique panorama dévoile au sud le massif de l’Etale (2483 m), la pyramide du Mont Charvin (2409 m), la tête Pelouse (2539 m), le Mont Blanc (4810 m) au nord et les mythiques sommets de Chamonix à l’est.
Cette ascension est un peu décevante dans sa première partie : elle est très fréquentée, linéaire et offre peu de relief. La traversée de la Clusaz est pénible en raison des nombreux carrefours giratoires et passages piétons qui obligent à poser régulièrement pied à terre. La seconde partie du col qui débute après la jonction avec le col de la Croix de Fry est en revanche beaucoup plus intéressante et livre un magnifique panorama sur la chaine des Aravis et le Mont Blanc. Le col des Aravis offre un bel échauffement pour ceux qui souhaitent ensuite s’attaquer à sa grande sœur la Colombière.
La naissance de l’aigle de Vizille (10 juillet 1990)
Au début des années 90, Thierry Claveyrolat s’est illustré à deux reprises sur le col des Aravis en y passant en tête en 1990 par son versant nord-ouest puis en 1991 par son versant sud-est.
Cette édition 1990 livre un scénario complètement fou suite à l’échappée gagnante de la première étape en ligne qui d’ordinaire appartient aux sprinteurs. Claudio Chiappucci meilleur grimpeur du Giro, Ronan Pensec équipier du tenant du titre Greg Lemond, Frans Maasen vainqueur de cette étape au Futuroscope et Steve Bauer qui endosse à cette occasion le maillot jaune prennent ce jour-là 10’ d’avance sur tous les favoris du Tour qui n’ont en tête que le contre la montre par équipe de l’après-midi. Après seulement une demi-journée de course Greg Lemond, Laurent Fignon, Stephen Roche et Pedro Delgado qui sont les quatre derniers vainqueurs de la Grande Boucle en activité ont perdu le Tour. Contrairement au Tour 89 qui s’était joué sur les 82 derniers mètres de course sur les Champs Elysées, l’édition 90 est pliée dès la première étape en ligne.
L’arrivée dans les Alpes va contraindre les grands leaders à se découvrir. Si la bataille pour le maillot jaune n’a pas encore débuté, celle pour le maillot à pois fait déjà rage entre l’italien Chiappucci qui l'a porté la première semaine, le soviétique Konyshev qui le porte au départ de la 10ème étape à Genève et le français Claveyrolat qui en a fait son objectif.
L’étape du jour propose aux coureurs le difficile col de la Colombière (1ère C.), le col des Aravis (2ème C.) puis la montée finale vers St Gervais (1ère C.). Au kilomètre 44, Thierry Claveyrolat tient parole et attaque dès le pied du col de la Colombière. Le français très loin au classement général bénéficie d’un bon de sortie et « emmène gros » pour tenter de marquer les 80 points distribués dans cette étape en Haute Savoie.
A 6 kilomètres du sommet de la Colombière le français est rejoint par 6 autres coureurs. Mais dans les derniers hectomètres, Claveyrolat distance ses compagnons d’échappée pour « faire les points » du grand prix de la montagne. Le groupe des favoris constitué de Delgado, Lemond, Pensec, Alcala, Parra, Bugno, Roche contrôle l’échappée tandis que le maillot jaune Bauer est déjà à 2’10 dans un autre groupe. Le maillot vert porté par l’Allemand de l’est Olaf Ludwig est à la dérive. Dans la plongée vers le Grand Bornand, Steve Bauer prend tous les risques pour revenir sur Ronan Pensec qui est en train de lui prendre le maillot.
« Clavet’ démarre dans le col des Aravis »
A l’avant de la course dans le col des Aravis, l’aigle de Vizille est en train de naitre. Au prix d’un grand numéro dans ce col de 2ème catégorie, Claveyrolat qui court comme un maillot à pois des années 2000 prend une avance de 3’ sur les favoris et poursuit son effort solitaire dans la montée finale vers St Gervais qui sera fatale au maillot jaune.
Le français vient parfaire sa mission maillot à pois en gagnant en solitaire l’étape au Bettex après 75 kilomètres d’échappée. Thierry Claveyrolat remporte sa première victoire d’étape sur le Tour de France et endosse le maillot à pois qu’il gardera jusqu’à Paris. Il efface ainsi sa cruelle désillusion de l’édition précédente au cours de laquelle il avait chuté puis abandonné lors de la première étape pyrénéenne avec le maillot de meilleur grimpeur sur les épaules.
L’année suivante, Claveyrolat lancera à nouveau les grandes manœuvres en Haute Savoie lors de la 18ème étape en passant une seconde fois en tête du col des Aravis puis de la Colombière et de Joux Plane pour aller chercher une seconde victoire d’étape dans le Tour à Morzine.
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