Montée depuis Bourg Saint Maurice :
Distance : 30,2 km – Dénivelé : 1275 mètres – Pente moyenne : 6 % - Pente maximale : 10 %
12,5/20
Location de vélo : Jean Sports à Val d’Isère
Cette longue ascension qui mène de Bourg Saint Maurice (813 m), principale ville de haute Tarentaise à Tignes m'a laissé un souvenir contrasté. Celle que l’on nomme la « montée de Bourque » (bien que les bornes kilométriques mentionnent montée de Tignes) est très fréquentée et présente peu d’intérêt au moins jusqu’au lac du Chevril mais offre un beau défi physique et quelques jolis points de vue.
Si la montée débute par de forts pourcentages à 8% entre Bourg Saint Maurice et Seez qui constitue un carrefour avec la route d’accès au col du Petit Saint Bernard, les premiers kilomètres à la sortie de Seez sont en faux plat descendant et présentent peu de difficultés. Cette route rectiligne qui longe l’Isère se termine par deux beaux virages en épingle à l’approche de Sainte Foy-Tarentaise (1051m).
L’arrivée à Sainte Foy-Tarentaise marque vraiment le début des difficultés, la pente oscille entre 7 et 8% lors de la traversée de ce village pour atteindre 9% lors du passage de la Thuile (1240m). Tout comme l'entrée, la sortie de Sainte Foy livre deux grands lacets dont il faudra bien profiter car ce seront les derniers.
La pente s’adoucit à nouveau au cours d’une succession de virages rapides qui donne à l’ensemble une impression rectiligne pendant 10 kilomètres avant l’arrivée au lac du Chevril (1795m) dont l’approche est marquée par un court passage à 10%. Il s’agit de la partie la plus dangereuse de la montée car l’absence de virages prononcés est responsable de la vitesse excessive des véhicules qui circulent à vive allure dans les deux sens. Ce danger permanent oblige à la plus grande vigilance, il est ainsi impossible de jeter un œil sur le village des Brévières et d’admirer le Mont Pourri (3779 m) aux allures de géant himalayen.
L’arrivée au barrage du Chevril au kilomètre 24, également appelé barrage de Tignes, offre un peu de réconfort et casse la monotonie de la montée. Ce barrage hydroélectrique est une fierté française d'après-guerre, qui a entraîné en 1952 l’expulsion des habitants du village originel de Tignes, sa destruction puis son engloutissement. Le barrage permet la formation d'un lac artificiel de 235 millions de m3 et constitue l’unique voie d’accès aux stations de Tignes (le Lac et Val Claret). Sa traversée expose un beau panorama enneigé sur une route complètement plate et moins fréquentée.
La dernière partie présente plus d’intérêt en raison d’une jolie vue sur le lac en contre bas sur la gauche. Elle débute par deux virages en épingles sur une pente qui offre de plus forts reliefs à la sortie de Tignes 1800. Les quatre derniers kilomètres qui traversent plusieurs tunnels et paravalanches livrent une magnifique perspective sur la pointe du Lavachet (2652 m) à l’approche du dernier kilomètre qui marque le passage des 2000 m et permettent d’atteindre enfin la capitale du ski d’été après un bien long effort.
Michael Rasmussen en jaune sans le chercher (15 juillet 2007)
La 8ème étape du Tour 2007 entre le Grand Bornand et Tignes propose un menu copieux : le col du Tamié (2ème C.), le Cormet de Roselend (1ère C.), la montée d’Hauteville (1ère C.) et l’ascension finale vers Tignes également référencée en 1ère C. La veille dans la première étape de montagne de cette édition, le nouveau prodige allemand Linus Gerdmann s’est imposé au Grand Bornand tout en s’emparant du maillot jaune. Un jeune allemand pétri de talent en jaune et membre de l’équipe T-Mobile, cela rappelle des souvenirs…
Au kilomètre 60 de l’étape, l’équipe Rabobank se porte à l’avant du peloton avec l’idée de mettre en orbite le double tenant du titre du maillot à pois Michael Rasmussen qui entend profiter des reliefs de la Tarentaise pour marquer de gros points au grand prix de la montagne. Le Cormet de Roselend sert de rampe de lancement au danois qui part à la poursuite des échappés pour ne plus conserver avec lui au sommet que cinq hommes : Kohl, Rogers, Arroyo, Colom et Goubert.
Ne pouvant suivre le rythme du grimpeur de la Rabobank, Arroyo et Rogers chutent dans la difficile descente du Cormet de Roselend. Rasmussen accélère à nouveau dans la montée de Hauteville puis dans celle de Tignes que les coureurs abordent à travers le miroir. Le Danois lâche définitivement ses derniers compagnons d’échappée à 18 kilomètres de l’arrivée.
« Michael Rasmussen décroche la timbale »
Tout comme Richard Virenque en 2003 à Morzine, Michael Rasmussen rafle la mise. Parti à la conquête du maillot à pois comme lors de ses raids solitaires de Mulhouse en 2005 et de la Toussuire en 2006, le danois réalise un magnifique triplé : victoire d’étape, maillot à pois et surtout maillot jaune. Rasmussen qui avait pour objectif le maillot de meilleur grimpeur se retrouve sans le chercher leader du classement général pour la première fois de sa carrière.
Du coté des favoris, Christophe Moreau a tenté à plusieurs reprises de secouer le peloton sans pouvoir se défaire de Valverde, Mayo, Evans, Schleck ou Contador. Le champion de France est même contré par un Iban Mayo retrouvé qui prend la deuxième place de l’étape 25’’ devant le groupe des favoris. Parmi les grands battus du jour on retrouve Vinokourov qui finit 19ème de l’étape à 4’29’’ de Rasmussen malgré le secours de Ködlen qui s’est relevé pour attendre le champion Kazakh qui faisait partie des prétendants à la victoire finale au départ de Londres. Quand au maillot jaune, il a sombré et finit l’étape en 20ème position à 5’5’’. Linus Gerdman s’est révélé ne pas être le nouveau Jan Ulrich.
En obtenant le maillot jaune sans le chercher lui qui chassait le maillot blanc à pois rouges, Michael Rasmussen va causer sa perte. Victime lui aussi de la malédiction du maillot à pois (cf Signal de Bisanne), sa quête du maillot jaune va le condamner. Les observateurs du Tour prédisent que le coureur de la Rabobank va perdre sa première place lors du long contre la montre d’Albi. A la surprise générale, le danois se comporte comme un pur spécialiste du chrono, finissant 11ème en ayant au passage doublé Alejandro Valverde parti 3 minutes avant lui. Cette performance soudaine interpelle puis finit par irriter, les révélations vont alors se succéder.
« le début de la polémique Rasmussen »
Soucieux de défendre ce coureur si décrié en vantant la dureté de son entrainement, Davide Cassani un ancien coureur italien qui commente le tour sur la RAI révèle lors de la montée vers Tignes avoir croisé le danois qui s’entrainait huit heures par jour sous la pluie dans les Dolomites au printemps. Bien malgré lui, Cassani pose le premier clou du cercueil de celui que l’on surnomme le croque mort dans le peloton en révélant un mensonge qui passe complètement inaperçu lors du direct. Quelques jours plus tard lors de la traversée des Pyrénées, l’info ressort puisque le danois avait déclaré à l’UCI s’entrainer au Mexique à cette période mentant ainsi sur emploi du temps. Cet écran de fumé avait pour objectif de lui permettre d’échapper aux contrôles anti-dopage et de bien saler la soupe avant la grande boucle. Rasmussen pris la main dans le pot de confiture expliquera par la suite à l’UCI avoir menti sur son lieu d’entrainement pour protéger une relation extra-conjugale…
A la suite du numéro de dragster dans Peyresourde avec Contador, des informations de premier ordre sortent. Le danois cumule quatre manquements à des contrôles anti dopage (dont un le 29 juin qui aurait dû entrainer une suspension automatique car intervenant moins de 45 jours avant le départ d’un grand tour). De surcroit, une suspension interne pour taux d’hématocrite trop élevé a déjà été prononcée et un autre coureur sous couvert d’anonymat l’accuse de cacher des produits dopants dans ses chaussures et ses sous-vêtements.
Rasmussen qui faisait rire Amstrong lors de ses gamelles à répétition à la Jackass en contre la montre finit non seulement par ne plus faire rire personne mais inquiète de plus en plus sa propre équipe. Dans sa quête du poids minimal, il s’affame et se couche la faim au ventre. Il refuse les bidons que son directeur sportif lui tend dans les cols de peur d’alourdir son cadre et lime la peinture de son vélo le soir. Le danois s’isole de plus en plus, refuse de parler à ses équipiers de peur d’être trahi et s’attire leur antipathie. Le coureur flirte désormais avec la paranoïa. A table, il déclare à son manager courir avec le frein à main et explique qu’il pourrait arriver à Paris deux jours avant tout le monde s’il le voulait. Il menace d’aller chercher une seconde poche de sang cachée au fond de la mer Baltique pour finir le Tour avec 30 minutes d’avance sur Contador sous le regard ahuri de son manager. On apprendra par la suite que son équipe était au courant de tous ses mensonges (Rasmussen gagnera son procès face à la Rabobank sur ce point précis).
« Rasmussen exclu du Tour »
L’affaire grossit au point que les équipes françaises et la formation Gerolsteiner qui comporte dans ses rangs un certain Stefan Schumacher se mettent en grève pour réclamer l’exclusion du maillot jaune au départ de la 16ème étape entre Orthez et Gourette.
Au lieu de pousser le danois au calme et à la raison, ce mouvement de protestation va l’inciter à aller encore plus loin dans la provocation. En guise de représailles, il ordonne à son équipe de rouler sur les pentes de Marie Blanque comme lors d’un contre la montre par équipe pour empêcher tout échappée d’aller au bout. Le maillot jaune sprinte dans les cols pyrénéens comme Abdoujaparov sur les Champs Elysées pour humilier ses adversaires et décide sur les difficiles pentes du col de l’Aubisque de se venger en tentant de mettre la moitié des coureurs du peloton hors délai. Il franchit la ligne d’arrivée à Gourette en vainqueur sous les huées et les sifflets.
L’image de la prestigieuse banque néerlandaise Rabobank est salie. Sur ordre du sponsor et sous la pression conjuguée de Christian Prudhomme qui dirige son premier Tour de France et de Patrice Clerc président d’ASO, le manager de l’équipe hollandaise le licencie et le danois quitte le Tour par la petite porte couvert d’opprobre.
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