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Le Mont Revard

  • Altitude : 1538 mètres
  • Département : Savoie (73)
  • Région : Auvergne-Rhône Alpes
  • Catégorie : 1

Montée depuis Aix les Bains :

Distance : 21,30 km – Dénivelé : 1295 mètres – Pente moyenne : 6 % - Pente maximale : 9,5 %

  • Longueur : 5/5
  • Paysage : 3,5/5
  • Difficulté : 3/5
  • Trafic : 2,5/5

14/20

Location de vélo : Cycle 73 à Aix les Bains

Le Mont Revard propose une ascension de 20 kilomètres à seulement 3h de Paris grâce au TGV qui vous achemine au pied de la montée. Au départ d’Aix les Bains (243 m) connu pour ses Thermes qui datent de l’époque Gallo-Romaine et son immense lac du Bourget, ce premier rempart du massif des Bauges propose une ascension roulante sur le papier. Se révélant être plutôt une montée en escaliers, elle s’effectue dans un décor de carte postale et présente peu de difficultés si l’on excepte un court passage à 10% à mi pente.

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Ce versant nord dessine au pied un circuit urbain de 2 kilomètres qui voit défiler le Golden Tulip de Jarni, le musée Faure, le Parc Floral des Thermes, l’hôpital Reine Hortense, le Casino et les Thermes Chevalley. Se dirigeant vers l’est, la route s’élève brusquement (6%) aux abords de Mouxy (400 m) au kilomètre 3. La pente s’adoucit ensuite lors de la traversée de l’autoroute A 41 qui relie Grenoble à Genève.

La chaussée oblique alors en direction du nord en offrant un long faux plat montant (3%) exposé au vent pendant un bon kilomètre. Il est alors possible d’apercevoir le lac du Bourget sur la gauche à travers les vergers.

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A l’approche de Pugny-Chatenod (470 m), on quitte définitivement l’animation du centre-ville d’Aix les Bains pour pénétrer dans un univers champêtre qui offre les premières rampes de la montée (7,5%). A la sortie de ce hameau, une courte descente permet de franchir le ruisseau du Nant de l’Abbaye à l’aide d’une grande courbe sur la gauche qui marque la reprise des pourcentages (6ème kilomètre).

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La route dessine une série de lacets qui permettent d’accéder à Trévignin (620 m) au kilomètre 7. La régularité des pourcentages qui flirtent avec la limite de la zone de confort (7%) autorise une progression plus aisée dans cette ascension qui dévoile une nouvelle perspective sur le Lac du Bourget.

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À la suite d’une épingle sur la gauche à la sortie de Nandrion (667 m), la montée propose les plus forts pourcentages (9%) du Mont Revard. On pénètre alors dans une épaisse forêt composée de hêtres, de sapins et d’épicéas. L’entrée dans le Parc Naturel Régional du massif des Bauges qui s’étend sur près de 90.000 hectares se situe au kilomètre 10 qui marque la mi-parcours. L’ascension se poursuit à l’ombre sur un véritable billard aux pourcentages irréguliers. Au milieu de ce massif calcaire, la pente finit par s’adoucir (7%) à l’approche des trois lacets qui précèdent le col de la Cluse (1184 m) au kilomètre 15.

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La route dont la déclivité poursuit sa diminution suit le ruisseau des Ebats puis contourne la Tour de l’Angle Est (1562 m) qui constitue le point culminant du Mont Revard.

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Au carrefour des déserts (1448 m) qui marque la jonction avec le versant sud, on quitte la D913 pour emprunter la D913 A qui s’enroule sur la droite. Cette voie d’une longueur de 1,4 kilomètres à 6.4% permet d’accéder à la station du Revard (1er site nordique de France grâce à 150 kilomètres de piste) à l’aide de trois lacets.

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La construction de trois pontons suspendus offre au belvédère du Revard un panorama exceptionnel à 360°. Apparaissent à l’ouest l’inquiétant Mont du Chat (1504 m) et le Molard Noir (1452 m) derrière lesquels on devine les méandres du Rhône. Plus au nord, se trouvent le Grand Colombier (1498 m) et les sommets jurassiens. Au sud, les massifs de la Chartreuse et la chaine de Belledonne encadrent Chambéry alors que la vue vers l’est dévoile le Mont Blanc (4810 m) et les crêtes des Bauges.

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Le druide, César, Astérix et Obélix (18 juillet 1972)

Cette 15ème étape du Tour 1972 offre une course de côte de 28 kilomètres qui propose l’ascension du Mont Revard. Cette édition est marquée par une hostilité grandissante à l’égard de Merckx en passe de gagner son 4ème Tour de France. La France connait une nouvelle traversée du désert après celle ayant eu lieu entre le sacre de Jean Robic en 1947 et celui de Louison Bobet en 1953. Orpheline de son roi Anquetil, la Gaulle est occupée par l’empereur Merckx depuis 1969.

La presse annonce à Angers la revanche de 1971 entre le cannibale et Luis Ocana mais un jeune nantais au nom chantant s’invite au banquet. Etiqueté sprinter, Cyrille Guimard remporte trois étapes à St Brieuc, à Royan puis à Aix les Bains et parvient à déposséder Eddy Merckx à deux reprises de son maillot jaune.

Cette montée du Revard marque la fin de la haute montagne sur ce Tour 1972. Eddy Merckx est maillot jaune et son dauphin Cyrille Guimard porte le maillot vert. Dès le pied du col, Agostinho, Poulidor et Deslide attaquent mais sont pris en chasse par le leader de l’équipe Molteni qui n’accorde aucun bon de sortie. Le belge qui ressasse le sprint de la veille veut la victoire d’étape. En effet, dans l’étape d’Aix les Bains qui vit l’abandon de Luis Ocana, Guimard a soufflé la victoire à Merckx en le sautant sur la ligne.

La montée est nerveuse et la tension palpable. Agostinho, Poulidor et le meilleur grimpeur du Tour Van Impe qui comptent encore 30’’ d’avance à 4 kilomètres de l’arrivée pensent avoir fait le plus dur. Merckx, Guimard et Zoetemelk sont battus.

« Guimard récidive »

Au prix d’un gros effort, le maillot jaune revient sur les échappées provoquant la désorganisation du trio d’attaquants. Van Impe lance le sprint de loin mais se fait dépasser facilement par Eddy Merckx qui lève les bras pensant avoir gagné. Cyrille Guimard que personne n’a vu remonter sur la droite jette son vélo sur la ligne et gagne à nouveau d’un demi-boyau devant Merckx signant ainsi une 4ème victoire d’étape.

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Le classement de l’étape (1-Cyrille Guimard 2-Eddy Merckx 3-le petit grimpeur malin Lucien Van Impe 4-le grand rouleur athlétique Raymond Poulidor) ressemble à une bande dessinée de Goscinny et Uderzo : le druide, César, Astérix et Obélix.

Guimard s’accroche à une incroyable deuxième place à 6’20 de Merckx et devance de grands coureurs comme Poulidor, Van Impe, Zoetemelk, Thévenet, Gimondi ou Agostinho. Les deux grands massifs montagneux sont franchis et la Tour amorce sa remontée vers Paris à travers les Vosges.

Le lendemain sur les routes franc comtoises, les observateurs délaissent un instant la course pour scruter l’état du genou droit de Guimard. Le coureur qui reçoit plusieurs infiltrations par le médecin de l’équipe Gan Mercier est au bord de l’abandon alors que la haute montagne a rendu son verdict. Il rejoint néanmoins Pontarlier dans le même temps que les meilleurs avant de connaitre une nouvelle journée difficile le lendemain sur les routes du Ballon d’Alsace. Thévenet remporte l’étape mais Guimard termine 21ème à 1’59. Il sauve sa deuxième place au classement général ainsi que son maillot vert mais Paris devient une chimère.

« Guimard jette l’éponge »

A deux jours de l’arrivée, 13 kilomètres après le départ de Belfort, Guimard qui souffre d’une périostite au genou abandonne au moment où le Tour n’offre plus aucun relief jusqu’à Paris. Le nantais passe à côté d’une immense performance pour un sprinter, finir deuxième du Tour de France avec le maillot vert sur les épaules.

Cyril Guimard connaitra néanmoins en tant que directeur sportif l’immense succès qu’il n’a pas obtenu en tant que coureur*. Celui que l’on surnomme « le druide » a par la suite gratifié les amoureux du vélo de ses propos réfléchis, pertinents et étayés sur différents médias comme Europe 1, RMC puis la chaine l’Equipe sur laquelle il forme un duo de grande qualité avec le revenant Patrick Chassé depuis 2018. L’excellent niveau de cette doublette contraste avec le recrutement récent de France Télévisons (Marion Rousse, Thomas Voeckler) qui donne envie de s’abonner à Eurosport en juillet.

Un trio composé de Patrick Chassé (53 ans)-Cyrille Guimard (71 ans)-Jean Paul Ollivier (73 ans) ** à l’antenne de France Télévisons déclencherait des attaques de panique à Delphine Ernotte partie en croisade contre le mal blanc de plus de 50 ans sur le service public. Mais le costume de consultante parait bien trop grand pour la jolie Marion Rousse certes appliquée et soucieuse de bien faire mais qui n’apporte pas grand-chose dans l’expertise. Ce que Marion dit, nous le voyons déjà à l’écran : « attaque de Tim Wellens », « gros tempo des Sky en tête de peloton », « il est à l’attaque Julian ».

*Victoires :
-Tour de France : 1976 (Van Impe), 1978, 1979, 1981, 1982 (Hinault), 1983, 1984 (Fignon)
-Giro : 1980, 1982 (Hinault), 1989 (Fignon)
-Vuelta : 1978, 1983 (Hinault)
-Championnat du monde : 1980 (Hinault) et 1983 (Lemond)

**Ce trio a commenté le Giro 2018 sur la chaine l’Equipe

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