Ax 3 Domaines

• Altitude : 1380 mètres
• Département : Ariège (09)
• Région : Languedoc Roussillon-Midi Pyrénées
• Catégorie : 1

Montée depuis Ax les Thermes :

Distance : 7,8 km – Dénivelé : 670 mètres – Pente moyenne : 8,6 % - Pente maximale : 11,6 %

• Longueur : 2/5
• Paysage : 1/5
• Difficulté : 3/5
• Trafic : 2,5/5

8,5/20

Location de vélo : Ax Sports Loisirs à Ax les Thermes

Située au cœur de l’Ariège, la montée vers Ax 3 Domaines propose une courte mais redoutable ascension de 8 kilomètres à près de 9% de moyenne. Très pyrénéenne dans son profil en raison de pourcentages supérieurs à 10% sur la moitié de l’ascension, elle a été le théâtre de onze arrivées au sommet sur le Tour depuis 1933. Oubliée par la grande boucle dans les années 70, 80 et 90, cette grimpette est devenue incontournable au cours des deux décennies suivantes (2001, 2003, 2005, 2010, 2013). Répartie sur trois secteurs (Bonascre, Saquet, Campels), cette station des Pyrénées orientales offre une rude montée en forêt sans point de vue sur la vallée.

Suite à la descente du col de Pailhères par son versant ariégeois, la première sortie du rond-point de l’église Saint Vincent permet d’emprunter la N 20 qui traverse le centre-ville d’Ax les Thermes (710 m). Au niveau du magasin Ax Sport Loisirs, on quitte cette avenue Théophile Delcassé en tournant sur la gauche pour franchir l’Ariège grâce au pont d’En Castel. On retrouve sur l’autre rive le panneau indiquant le début de l’ascension.

La route remonte alors le cours de l’Ariège avant d’obliquer sur la droite au confluent de ce dernier et de l’Oriège. La montée dessine dès le pied une route en lacets qui s’envole dans la montagne et des pourcentages douloureux pendant 2,5 kilomètres. A la sortie d’Ax les Thermes, ce ruban de bitume coupe la Nationale 20 qui mène à la principauté d’Andorre après une première épingle d’une série de six.

A l’approche du 3^ème kilomètre, un court répit à 6,5% permet de digérer un début de montée bien acide. La route suit alors une trajectoire plus rectiligne au moment où l’ascension offre une courte descente de quelques hectomètres à l’amorce du kilomètre 4. La végétation s’est épaissie et il est devenu impossible d’apercevoir Ax les Thermes en contre bas. La pente qui suit le ruisseau du Najar est alors plus roulante jusqu’à une épingle sur la gauche qui annonce le retour des forts pourcentages.

A partir du 5^ème kilomètre (8,5% de moyenne), la route s’élargit et dessine une longue ligne droite bordée d’arbres. A l’approche du 7^ème kilomètre, la montée offre un appréciable faux plat descendant qui précède un avant dernier kilomètre douloureux (8,5% de moyenne).

Le 8^ème et ultime kilomètre marque l’entrée dans la station qui dévoile ses premières habitations sur la gauche. En remontant la rue des Chalets, il est alors possible de s’engager dans Ax 3 Domaines déserte en cette fin juillet. J’ai pu alors constater en regardant mon compteur que mon temps d’ascension était bien éloigné des 22’30 de Carlos Sastre qui détient le record de cette montée qui présente peu d’intérêt au final.

Carlos Sastre prend date (19 juillet 2003)

Ce 19 juillet, le Tour arrive dans les Pyrénées. Cette entrée dans l’autre grand massif montagneux est accompagnée d’une chaleur caniculaire et d’attaques incessantes. Vainqueur la veille du contre la montre de Cap Découverte, Jan Ulrich fait rouler ses équipiers en se comportant comme le maillot jaune du Tour portant porté par Lance Amstrong écrasé la veille par son rival allemand.

Les grimpeurs Carlos Sastre et Juan Miguel Mercado qui visent la victoire d’étape partent en contre-attaque derrière les échappées du matin dans le Port de Pailhères. Au sommet de cette découverte du Tour du centenaire à 2001 mètres d’altitude les deux espagnols qui ont dépassé les fuyards du matin plongent vers Ax les Thermes.

« Carlos Sastre s’envole »

Au pied du plateau de Bonascre, Carlos Sastre lâche son compatriote Mercado et profite de l’ordre intimé à Rubiera de se relever pour venir prêter main forte à Amstrong. Le grimpeur de la CSC s’envole, porté par un public venu nombreux et résiste à tous les hommes forts du peloton lancés à poursuite. Il remporte sa première victoire dans le Tour de France. Ce 19 juillet 2003, sur les hauteurs du plateau de Bonascre, le coureur espagnol prend date*

Dans le groupe des favoris, Lance Amstrong porte le masque de la souffrance et personne n’imagine à cet instant qu’il puisse bluffer comme dans le col de la Madeleine deux ans auparavant. 4^ème du général, Aimar Zubeldia attaque pris en chasse par Jan Ulrich. Le maillot jaune ne réagit pas immédiatement mais revient à son rythme. Comme tous les jours en montagne depuis l’étape de Morzine, Vinokourov, 3^ème du général à 51’’démarre. Plus fort et plus puissant que jamais, le leader de la Bianchi ramène le groupe et place à son tour une accélération comme à ses plus belles heures. L’enfant de la RDA fait alors grimper au rideau l’excellent Christian Prudhomme :

« Ulrich revient sur Vinokourov en prenant quelques mètres à Amstrong. Ulrich surpuissant revient dans la roue de Vinokourov, Am-strong est 5 mètres derrière. Le maillot jaune a beaucoup de difficultés à revenir, il est distancé »

« Ammmstrong lâché !!!! il ne peut pas rester dans la roue de Basso. Ulrich est parti à la conquête du maillot jaune !!! Il reste assis sur sa selle, nouvelle démonstration de force !!

« Oh la la la regardez ce regard, regardez ce regard méchant qu’il a rarement eu, il le veut ce maillot jaune ! »

Ulrich qui a trouvé refuge au sein de la Bianchi après sa rupture avec Telekom suite à un contrôle positif à la cocaïne et à un accident de Porsche en 2002 déborde le Kazakh et décramponne enfin le maillot jaune sur le Tour. Mais l’allemand qui a démarré trop tardivement alors que l’américain est à l’agonie depuis le Port de Pailhères rate une occasion unique de reprendre le maillot à Amstrong et de l’enterrer.

Sur la ligne le leader de l’US Postal limite finalement la casse mais concède 7 nouvelles secondes qui font 19 avec le jeu des bonifications. L’allemand se rapproche à 15 secondes de l’Américain et devient de plus en plus menaçant.

Celui qui a fait ses classes dans l’écurie de Manolo Sainz comme équiper de Laurent Jalabert puis Joseba Beloki décroche sa première victoire d’étape au sommet du Plateau de Bonascre. Plus en vue à partir de 2006 sur le Tour de France, il profite de la suspension de son leader Ivan Basso impliqué dans l’Affaire Puerto pour finir à une belle 3^ème place suite au déclassement de Landis.

« Victoire sur le Tour de France 2008 »

Carlos Sastre remporte à 33 ans le Tour 2008 à la Walkowiak. Profitant du refus d’ASO d’inviter l’équipe Astana de son compatriote Alberto Contador, de l’exclusion de Ricardo Ricco (col d’Aspin), de la défaillance d’Alejandro Valverde dans les Pyrénées, de l’attentisme pathologique de Cadel Evans (Cime de la Bonette) et de la faiblesse tactique de son équipier Franck Schleck, Carlos Sastre inscrit son nom au palmarès du Tour en attaquant au pied de l’Alpe d’Huez. C’est d’ailleurs en voyant le madrilène en jaune sur la plus belle avenue du monde que Lance Amstrong a pris la décision de sortir de sa retraite en septembre de la même année.

*Carlos Sastre remportera le Tour de France 2008