Montée depuis Plancher les Mines :
Distance : 5,9 km – Dénivelé : 488 mètres – Pente moyenne : 8,5 % - Pente maximale : 22 %
14/20
Pas de Location vélo à proximité
Sur cette partie des Vosges, flotte un parfum de Tour d’Espagne bien que la Planche des Belles filles présente un charme dont sont dépourvus les cols de la Vuelta. Placée à la fin d’une courte étape sans relief comme en 2017, cette montée de 5.9 kilomètres aux pourcentages vertigineux offre un format de course que l’on retrouve d’ordinaire sur le 3ème grand Tour de la saison.
La Planche des Belles Filles est un sommet du massif des Vosges méridionales culminant à 1148 mètres d'altitude. Se situant à la limite entre la Haute-Saône et le Territoire de Belfort, elle est le théâtre privilégié de la cyclosportive des 3 Ballons qui en a fait son ascension finale. Son nom est issu d'une légende selon laquelle les jeunes Filles du village se seraient jetées dans les eaux sombres de l’étang pour échapper aux mercenaires suédois lors la Guerre de Trente Ans. L’un des soldats aurait alors saisi une planche sur laquelle il grava à l’aide de son poignard une épitaphe en souvenir des belles filles suicidées.
Suite au premier passage du Tour en 2012, j’ai été intrigué par cette région dont je n’avais jamais entendu parler et ai été séduit par cette jolie appellation.
Cette montée surnommée « l’Alpe d’Huez de l’Est » ou le « petit Ventoux » débute par un véritable mur à 13% quelques hectomètres après la sortie de Plancher les Mines (532 m). N’ayant pas opté pour le bon développement, confronté à une température de 6°C, le tout sous une pluie battante, j’ai rapidement compris que j’allais passer un moment bien difficile. Au deuxième kilomètre, un léger replat (7%) qui suit un premier virage en épingle sur la droite offre un court répit. La suite se résume à 3 kilomètres douloureux (entre 9 et 14%) serpentant dans une forêt de sapins.
Au 5ème kilomètre, la forêt s’éclaircie et la pente redevient supportable à l’approche du parking de la station (985 m). Ce replat m’a permis de reprendre mon souffle et d’apercevoir la fameuse statue de bois représentant les "belles filles" tragiquement disparues. Le final est marqué par une terrible rampe à 22% goudronnée pour accueillir le Tour de France 2012. Ce raidillon qui est fermé à la circulation fait suite à une ultime épingle sur la droite. Ces derniers hectomètres sont les plus difficiles que j’ai connus tous cols confondus. Ils se font en danseuse, bouche grande ouverte avec un cœur qui vous sort de la poitrine. Ils vous obligent à tirer des bords comme sur un voilier pour arriver à la ligne d’arrivée en cul de sac. A cet endroit (1135 m), se trouve un panneau indiquant que le britannique Christopher Froome a effectué la montée en 16’11’’ en 2012.
Bien que cette pente m’ait mis à mal comme rarement, j’ai regretté que cette ascension n’ait pas été plus longue. La beauté du site qui se trouve dans une magnifique réserve naturelle contraste avec la vision des villes voisines désindustrialisées qui meurent à petit feu. J’ai été contraint d’aller jusqu’à Ronchamp pour trouver un hébergement puisque l’Hôtel-Restaurant de la Planche avait brulé le mois précédent mon séjour en Haute Saône en Août 2014.
En 2019, pour le quatrième passage du Tour, les organisateurs ont proposé aux coureurs un final inédit comprenant une rampe à 24% qui permet d’atteindre le point culminant de la station. Désormais longue de 7 kilomètres, l’ascension offre un pourcentage moyen de 8,7%.
Fabio Aru sort du bois (5 juillet 2017)
Dans cette édition 2017, la moyenne montagne arrive dès la 5ème étape par le biais de son nouvel incontournable la Planche des Belles Filles. Cette première arrivée au sommet donne aux favoris de l’épreuve l’occasion d’aller chercher un premier succès. Cette nouveauté vosgienne n’a couronné jusqu’à présent que des futurs vainqueurs du Tour : Chris Froome en 2012 puis Vincenzo Nibali en 2014.
Au départ de Vittel, Mark Cavendish victime d’une fracture de l’omoplate suite à une chute la veille abandonne le Tour dont est exclu le champion du monde Peter Sagan. Dès le kilomètre 0, Thomas Voeckler s’échappe en compagnie de Jan Bakelants, Mickael Delage, Edvald Boasson Hagen, Thomas de Gendt, Philippe Gilbert, Dylan Van Baarle et Pierre Luc Périchon. Cette échappée qui sent bon les classiques de printemps prend jusqu’à 3’30 d’avance sur un peloton emmené par les BMC. A 30 kilomètres de l’arrivée, les échappés conservent 2’30 mais le peloton toujours conduit par les équipiers de Riche Porte se met en ordre de marche. Les grands leaders ont décidé de s’expliquer sur le premier col du Tour et ne laisseront pas la victoire d’étape aux échappés.
Philippe Gilbert attaque dans les derniers reliefs non référencés au grand prix de la montagne accompagné de Jan Bakelants. Le duo se présente à Plancher les Mines au pied de la montée finale avec 40’’ sur un peloton désormais sous pavillon britannique. Thibaut Pinot lâche dès les premiers hectomètres et valide les peurs de ses supporters qui craignaient que les efforts consentis dans le Giro ne l’empêchent de briller sur cette étape à domicile.
« A star is born »
A 2,5 kilomètres du sommet, Fabio Aru démarre sans que personne ne parvienne à le suivre. Froome et Porte sont distancés par le champion d’Italie qui poursuit son effort. A 2 kilomètres de l’arrivée, Froome place à son tour une accélération et l’on imagine revivre le scénario de la Pierre St Martin. Mais Bardet et Porte réussissent à prendre la roue de l’anglais tandis que Quintana coince et finit l’étape à 34’’ du vainqueur.
Fabio Aru qui ne devait pas courir la grande boucle gagne sa première étape sur le Tour de France, se replace sur le podium provisoire et endosse le maillot à pois. Pour la première fois depuis Froome en 2012 au soir de sa victoire à Planche des Belles Filles, cette tunique sera portée au cours d’une étape en ligne par un grand grimpeur capable de gagner le Tour (Bien que leader du classement de la montagne, Froome portait le maillot jaune en 2015).
Troisième de l’étape à 20" de l’italien, le britannique passe déjà du blanc collector de Sky au jaune du Tour. Lors des deux précédentes montées « de la Planche », le coureur en jaune à l’issue de l’étape a toujours par la suite remporté la compétition (Wiggins en 2012 et Nibali en 2014) : cela sera à nouveau le cas sur cette édition 2017.
Le champion d’Italie parviendra à déposséder Froome de son maillot jaune à Peyragudes ce qu’aucun coureur n’avait réussir à faire en montagne auparavant lors des trois premiers sacres du Kenyan blanc. Mais le pic de forme de l’italien interviendra trop tôt dans la compétition (titre de champion d’Italie une semaine avant le tour, victoire d’étape dès la première semaine et prise du maillot jaune lors de la première étape pyrénéenne). Il s’effondrera en dernière semaine dans les Alpes pour finalement échouer à la 5ème place du classement général.
commentaire(s)