Col du Soudet

• Altitude : 1709 mètres
• Département : Hautes Pyrénées (65)
• Région : Languedoc Roussillon-Midi Pyrénées
• Catégorie : 1

Montée depuis Arette :

Distance : 22 km – Dénivelé : 1220 mètres – Pente moyenne : 5,5 % - Pente maximale : 11 %

• Longueur : /5
• Paysage : /5
• Difficulté : /5
• Trafic : /5

/20

Location de vélo :

A paraitre

Le miracle Tyler Hamilton (23 juillet 2003)

Au lendemain de la seconde journée de repos, la dernière étape pyrénéenne propose un parcours de moyenne montagne comprenant la Côte des Crêts (4^ème cat.), le col du Soudet (1^ère cat.), la côte de Larreau (3^ème cat.), le col de Bargarguy (1^ère cat.), le col de Burndincuruta (3^ème cat.) et la côte de Bonetbelcherea (3^ème cat.).

Tyler Hamilton piégé par un début d’étape rapide est contraint à une course poursuite dès les premiers kilomètres de course. Dans le col du Soudet, le coureur de la CSC démarre et remonte un à un tous les coureurs qui le précèdent. A 32 ans, l’américain n’a jamais été aussi fort et réalise un grand numéro dans ce col pyrénéen*.

« Attrape-moi si tu peux »

Hamilton qui peut s’appuyer sur son équipier Nicki Sorensen parti à l’avant se retrouve seul dans le col de Bagarguy qui apparaît comme le col le plus difficile du Tour 2003 en raison de 5 derniers kilomètres à 12% de moyenne. L’ancien lieutenant d’Amstrong qui tente à son tour une expérience de leader dans une autre équipe réalise la plus longue échappée solitaire du Tour du centenaire.

Le positionnement du dernier col de cette édition à 80 kilomètres de Bayonne dissuade Jan Ulrich de passer à l’offensive. La 3^ème manche du combat des chefs après Ax 3 Domaines et Luz Ardiden aura donc lieu lors de l’ultime contre la montre la veille de l’arrivée.

Tyler Hamilton effectue 95 kilomètres en solitaire malgré une double fracture de la clavicule pour s’offrir le gain de la 16^ème étape, on peut dès lors parler de miracle. Ne présentant pas de danger pour les deux grands de ce Tour 2003, l’américain bénéficie d’un bon de sortie. Mais la menace qu’il constitue pour Mayo (4^ème), Zubeldia (5^ème) et Basso (6^ème) obligent les équipes Euskatel et Fassa Bortolo à mener la chasse en tête de peloton.

L’ancien équipier de Lance Amstrong remporte la 3^ème victoire d’étape pour sa formation CSC sur la voie d’un succès au classement par équipes. Dans la lutte pour le maillot vert, le grand Erick Zabel profite de l’absence de Cooke et McEwen lâchés dans les cols pour marquer de précieux points en finissant deuxième. Les trois sprinteurs se tiennent désormais en 13 unités dans ce classement de la régularité.

Tyler Hamilton n’a jamais été aussi fort qu’au cours de ce Tour 2003 qu’il termine à une belle 4^ème place. S’ensuit pourtant une dégringolade sportive à partir de 2004. Recruté à prix d’or par la Phonak qui recycle les anciens équipiers d’Amstrong, l’américain au visage juvénile est lâché chaque jour en montagne au cours du Tour 2004 mettant en avant le décès de son chien pour justifier ses contre-performances. En réalité, le coureur a reçu lors de la première journée de repos une transfusion à la suite de laquelle il a été pris de vertiges, de nausées et de frissons. Son urine est noire et le coureur panique. La poche de sang est endommagée mais le coureur ne prévient ni ses médecins, ni ses équipiers ni son directeur sportif.

L’homme de Boston appelle le Dr Fuentes pour le retrouver en urgence « pour diner ». Mais le médecin répond paniqué que son coursier s’est fait arrêter lors d’un contrôle de police et oppose un refus à « cette invitation ». Le leader de la Phonak abandonne alors le Tour 2004 quelques jours plus tard lors de l’étape du plateau de Beille.

Cette même année, le coureur est condamné à deux ans de suspension à la suite d’un contrôle révélant des transfusions sanguines. Il restera comme le premier cycliste déclaré coupable de transfusion. Cité également dans l’affaire PUERTO en 2006, Hamilton tente un comeback en 2007 qui prendra fin deux années plus tard suite à un nouveau contrôle positif qui mettra un terme à sa carrière. L’ancien gregario d’Amstrong sera banni à vie du cyclisme professionnel.

« La guerre des étoiles »

Comme une auto-thérapie, Hamilton dévoile dans son livre « la course secrète » les coulisses du dopage au sein de l’US Postal entre 1999 et 2001. Selon l’américain, les coureurs filaient dans le camping-car à la fin des étapes pour y recevoir des injections à l’aide de seringues cachées dans les musettes ou les chaussures des coureurs. Les seringues étaient ensuite jetées dans des cannettes de Coca Cola écrasées (appelées canettes atomiques) puis balancées à la poubelle.

Hamilton qui était chargé de tout faire exploser au pied des cols révèle l’existence d’un certain Philippe. Plus connu sous le nom de « motoman », cet individu qui n’a jamais été identifié était chargé d’approvisionner discrètement « le bar » des postiers en suivant les coureurs à moto muni d’une boite isotherme truffée d’EPO surnommée « Edgar ». A partir de 2000, l’US Postal se lance dans la guerre des étoiles en mettant en place le dopage par transfusions sanguines sous la supervision du sulfureux Michele Ferrari. Dans cette course à l’armement, Lance Amstrong achète l’exclusivité des services de celui que l’on surnomme « Schumi » en versant 1 million d’euros sur 10 ans sur le compte en banque de l’italien. Réservé à une élite car très couteux, « The Program » consiste à se rendre en Espagne en jet privé (pour échapper aux contrôles douaniers) et s’y ravitailler en diverses douceurs et friandises. Le système est chapoté par l’ancien coureur Johan Bruyneel qui a fait ses classes à la Once de Manolo Sainz.

Tyler Hamilton qui a compris que le nom Amstrong faisait vendre (ça met toujours du beurre dans les épinards de « balancer » sur l’ancien boss pour vendre un livre) à une période où le système qui l’a protégé cherche à le faire tomber décrit un Amstrong autoritaire certain de ne pas se faire prendre par la patrouille. L’ancien gregario fait état d’un Amstrong obsédé par « les méthodes utilisées » par Joseba Beloki, Jan Ulrich et Marco Pantani et prêt à tout pour mettre sous surveillance ses plus dangereux rivaux. Hamilton évoque également le fameux contrôle positif du boss sur le Tour de Suisse étouffé par l’UCI avec un renvoi d’ascenseur sous la forme d’un don de 125.000$ dédié à la lutte antidopage de l’UCI.

« Le Parrain »

On découvre alors dans cet ouvrage que le patron est également le parrain. Pour preuve, lorsque Tyler Hamilton décide de quitter l’US Postal, le texan active son réseau et contacte Hein Verbruggen le président de l’UCI pour lui demander de faire tomber Hamilton. Amstrong refuse désormais de parler à son ancien équipier sauf pour le menacer. Quand Hamilton le domine sur le contre la montre du Dauphiné 2004, Amstrong fou de rage appelle l’UCI pour exiger la mise sous surveillance de ce dangereux rival dans sa quête d’un sixième sacre sur le Tour de France. On ne quitte pas le clan sans en payer le prix.

En arrivant chez CSC, Hamilton retrouve Mr 60% (cf col de Montgenèvre) obsédé par « les méthodes » utilisées au sein de l’US Postal. Mais Hamilton reste très évasif sur le système mis en place de peur de représailles. Bjarne Riis qui confesse à son nouveau padawan s’être dopé au cours du Tour 96 transmet à son leader les coordonnées du Dr Fuentes qui lui révèle travailler également avec les équipes de Liga (mais le dopage n’existe que dans le vélo c’est bien connu. Jeter l’opprobre sur les cyclistes qui font un métier difficile sans jamais se plaindre oui, mais sur les footballeurs qui sont toujours fatigués et hurlent de douleur au moindre contact certainement pas). On connait la suite, une performance étincelante lors du Tour 2003 et le miracle de l’étape de Bayonne.

*On apprendra plus tard que l’américain a subi une troisième transfusion la veille de cette étape