Montée depuis Barcelonnette :
Distance : 21 km – Dénivelé : 1117 mètres – Pente moyenne : 5,3 % - Pente maximale : 9 %
14,5/20
Location de vélo : Loutousport à Guillestre
Ce joli col des Alpes du Sud relie la vallée de l’Ubaye à celle du Verdon. Ouverte en 1891 pour relier la Méditerranée à travers les Alpes, cette route permet également de desservir les principales stations de sports d’hiver des Alpes de Haute Provence. La face nord qui présente à la fois le profil le plus accidenté et le plus long débute à Barcelonnette (1330 m) et ses somptueuses villas mexicaines colorées. Les 2 premiers kilomètres qui font suite au Pied de la Maure (1157 m) sont communs avec l’ascension qui mène à Pra Loup. Ils surplombent les gorges sylvestres du Bachelard pris en tenaille par la D908 qui est la route du col d’Allos et la D902 qui est la route du col de la Cayolle.
Une fois sorti de Barcelonette et passé l’intersection qui mène à Pra Loup, la route se rétrécie et s’enfonce dans la forêt domaniale du Bachelard. Ce début d’ascension roulant permet de bien s’échauffer et de s’alimenter en prévision d’un long effort sous la chaleur. La route permet d’apercevoir la paroisse d’Uvernet-Fours en contre bas sur la gauche tout en se dirigeant vers le Pont du Fau (1364 m) que l’on franchit au 6ème kilomètre. Ces premiers kilomètres qui ressemblent à un col pyrénéen en raison du revêtement très granuleux et de l’étroitesse de la chaussée permettent de progresser sur des pourcentages qui ne dépassent pas le seuil de confort de 7%.
Au 8ème kilomètre, la route oblique brusquement sur la droite en offrant les premiers forts pourcentages de l’ascension. Ce kilomètre à 9% suit le ravin de la Malune (1545) auquel fait suite un adoucissement de pente à 3,5%. La route qui s’oriente vers l’ouest rend possible l’accès aux Agneliers (1680 m) au kilomètre 12 dont les télésièges (les Agneliers et les Ubaguets) relient ce hameau au domaine du val d’Allos. La route dessine à cet endroit un virage en épingle qui se referme sur la gauche puis une série de virages prononcés dessinés sur 3 kilomètres.
A la sortie du bois de la Gache, la route vire en direction du sud et dévoile un petit belvédère (1875 m) au kilomètre 15 qui offre un joli point de vue sur les gorges du Bachelard. Sinuant vers le sommet tout en s’accrochant à la montagne, ce ruban d’asphalte dont la qualité s’améliore dans le dernier tiers d’ascension permet de franchir la barre des 2000 mètres à 4 kilomètres du sommet.
Le passage devant le refuge du col d’Allos (2228 m) signe la fin des efforts malgré un dernier virage sur la droite et 200 derniers mètres qui permettent d’accéder au panneau du col.
Au sommet, un joli panorama expose au nord la vallée de l’Ubaye, le massif des Ecrins, la chaine du Parpaillon et le chapeau de Gendarme (2685 m). L’est est dominé par le Mont Pelat (3051 m) tandis que l’on retrouve à l’ouest la tête de l’Estrop (2961 m), les Trois Evêchés (2819 m) et la grande Soléane (2909 m).
Le col d’Allos est un col accessible qui ne présente ni pourcentages douloureux ni ruptures de pente. La médiocrité du revêtement à certains endroits et l’étroitesse de la chaussée rendent la descente extrêmement dangereuse. Une ascension matinale (7h30 le jour de ma tentative) permet d’éviter la circulation automobile qui peut s’avérer être un danger au cours de la descente compte tenu de l’étroitesse de la chaussée et du nombre important de virages en aveugle.
Le crépuscule d’Eddy Merckx (13 juillet 1975)
La 15ème étape du Tour 75, longue de 217 kilomètres qui mène les coureurs de Nice à Pra Loup comprend cinq difficultés et apparait décisive dans l’obtention d’un 6ème sacre pour Eddy Merckx qui souhaite étendre son règne un été de plus. Au lendemain d’une journée de repos au cours de laquelle Bernard Thévenet a fait du pédalo sur la Méditerranée et bu des menthes à l’eau dans les bars niçois, l’atmosphère est toujours lourde sur la route du Tour. Dans les jours précédents, Eddy Merckx a été frappé au foie par un spectateur dans le final du Puy de Dôme. Le belge est touché dans sa chair. Le cannibale évolue dans un climat hostile, il est insulté et menacé chaque jour. Le dispositif de sécurité et de surveillance de la gendarmerie est renforcé à la demande de Jacques Goddet le patron du Tour. Si le maillot blanc suscite l’indifférence auprès du public en montagne et le vert la curiosité lorsqu’il est porté par Peter Sagan, le maillot à pois provoque toujours enthousiasme et soutien quand le jaune finit par déclencher hostilité et agressivité à l’encontre de ceux qui le portent trop longtemps. Amstrong et Froome peuvent aussi en témoigner.
« Merckx contrôle Thévenet »
Merckx qui a l’occasion de dépasser Jacques Anquetil dès l’âge de 30 ans sort d’une campagne de classique prolifique et est invaincu sur le Tour depuis ses débuts en 1969 (il a fait l’impasse sur le Tour 1973 pour réaliser le doublé Giro/Vuelta). Mais Thévenet qui a battu le belge lors du Dauphiné apparait comme la menace numéro 1.
Cette étape au cœur des Alpes du Sud s’anime après 100 kilomètres lors de l’ascension du col des Champs au cours de laquelle un groupe de 39 coureurs s’est détaché. Deuxième du général, Bernard Thévenet attaque à plusieurs reprises mais les Molteni ramènent inlassablement le maillot jaune dans la roue du bourguignon. Au total le natif de Saône et Loire attaquera six fois le maillot jaune. Ce jeu du chat et de la souris est fatal à Poulidor qui craque dans l’ascension et termine à 12’ du vainqueur. Malgré quelques escarmouches dans la descente du col des Champs, le peloton maillot jaune se présente groupé au pied du col d’Allos à Colmars.
Les équipiers de Merckx se placent en tête de peloton dont il régule l’allure afin de protéger le maillot jaune d’une offensive de ses adversaires. Mais Thévenet attaque à nouveau Merckx dans le col d’Allos sans parvenir à lâcher le maillot jaune qui revient inlassablement au train. A 700 mètres du sommet, le cannibale entend prendre l’ascendant en contrant Thévenet qui explose en tentant de le suivre. Les observateurs concluent que le col d’Allos a été favorable à Merckx alors qu’il symbolisera finalement son crépuscule. Le maillot jaune franchit le sommet en tête 8’’ devant Thévenet avant de se lancer dans la descente du col d’Allos à plus de 90 km/h en direction de Barcelonnette. Le belge prend tous les risques dans cette descente dangereuse au revêtement gravillonneux et truffé de pièges.
Bernard Thévenet qui a opté pour la prudence en raison d’un goudron fondu est dépassé par Gimondi, Van Impe et Zoetemelk et accuse un retard de 1’15’’ au pied de Pra Loup. Il est en train de perdre le Tour, on connait la suite… (cf Pra Loup)
Eddy Merckx porte ce jour-là son 96ème et denier maillot jaune et précède Lance Amstrong (83 jours), Bernard Hinault (75 jours), Miguel Indurain 60 jours et Jacques Anquetil (50 jours).
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