Montée depuis Jausiers :
Distance : 23,8 km – Dénivelé : 1582 mètres – Pente moyenne : 6,7 % - Pente maximale : 12 %
18/20
Location de vélo : Loutousport à Guillestre
Ce géant des Alpes du sud qui relie la vallée de l’Ubaye au nord à celle de Tinée au sud permet de briser le plafond des 2800 mètres en atteignant le plus haut point goudronné de France et d’Europe* bien que le sommet du col ne culmine qu’à 2715 mètres.
Cette route classée impériale par Napoléon III en 1860 permet de rejoindre la méditerranée en passant des Alpes de Haute Provence (04) aux Alpes Maritimes (06). Peu présente dans l’histoire du Tour de France avec seulement quatre passages en 1962, 1964, 1993 et 2008, la Cime de la Bonette propose un dénivelé de plus de 1500 mètres sur une montée en palier dont la moitié se réalise à plus de 2000 mètres d’altitude.
Au départ de Jausiers (1231 m) et de ses demeures mexicaines qui rappellent la conquête de l’Amérique centrale par ses habitants au début du XIXème siècle, l’ascension propose un premier kilomètre en faux plat descendant en direction du sud-est. Cette mise en jambe qui débute après le franchissement de l’Ubaye permet d’apercevoir le plan d’eau de Siguret en contre bas puis d’admirer le château des Magnans surnommé « la plus extraordinaire des villas mexicaines ». Construit entre 1903 et 1914 par Louis Fortoul, ce château blanc nacré qui rappelle le château Neuschwanstein de Louis II de Bavière fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques depuis le 2 juin 1986.
Cette route du col de Restefond propose six lacets serrés suite à la traversée du torrent d’Abriès et les premiers pourcentages de l’ascension (7%). Ce premier tiers de la montée qui serpente au milieu des alpages vascularisés par de nombreuses rivières souterraines oblige à une mise en jambe rapide afin de trouver son rythme en prévision d’un long et difficile effort.
A la sortie de cet enchainement, on entre dans le hameau de Lans (1245 m) au kilomètre 4 bordé par les serres du corbeau et les herbages des chalets de la Chalannette (1545 m). La pente dont la déclivité atteint 8.5% va s’adoucir à l’approche des virolets de la combe des Eissoudas au 8ème kilomètre. La route oblique alors vers le sud en suivant le cours du torrent de la Clapouse et traverse la cabane du Rochas (1785 m) au kilomètre 9 et son difficile secteur à 8,5%.
La végétation laisse place à un décor rocailleux et à de nombreuses cascades dont la cascade du Pis (1850 m) au kilomètre 10,5 qui précède les deux lacets du ravin de la Pis. Le passage devant le restaurant « la halte 2000 » marque à la fois la mi-parcours et le franchissement de « la barre des 2000 ». Ce léger replat à 4.5% permet de souffler en traversant cet environnement devenu minéral auquel appartiennent le Mélézet et la Courbette.
L’arrivée au secteur de la Cabane-Noire (2150 m) propose les plus forts pourcentages de la montée (12%) et une nouvelle succession de six lacets répartis sur 1.5 kilomètres. Cette partie qui se nomme désormais la route de Nice est la plus difficile de la montée en raison des forts pourcentages et d’une diminution de l’oxygène qui commence à se faire ressentir. Intervient alors un court répit à 5% au kilomètre 16 qui permet de contourner par la droite le Lac des Essaupres (2322 m). La route s’enroule dans un univers désolé de rocailles et de ruines militaires datant de la ligne Maginot sur une pente à 8% pendant 3 kilomètres.
Le profil s’adoucit par la suite lors du passage devant de la caserne de Restefond (2534 m) au kilomètre 20 puis du col de Restefond (2680 m) au kilomètre suivant. On pénètre au franchissement du faux col de Restefond (2696 m) dans le Parc du Mercantour qui s’étend sur 136 500 hectares. L’arrivée dans cet espace marque une pause dans la gestion des forts pourcentages puisque les 2 kilomètres suivants seront à seulement 3,5%. Néanmoins, la présence d’un vent glacial défavorable oblige à maintenir une certaine fréquence de pédalage afin d’atteindre le col de la Bonette (2715 m) matérialisé par la chapelle Notre Dame du Très Haut. Ce troisième plus haut col routier de France après l’Iseran (2764 m) et le col d’Agnel (2747 m) marque la frontière avec le département des Alpes Maritimes.
Il est alors possible de plonger vers la Méditerranée à travers le versant azuréen du col qui débute à St Etienne de Tinée. Mais l’intérêt de la cime de la Bonnette réside dans la possibilité de franchir la barre des 2800 mètres et d’accéder au plus haut point routier de France (2802 m) grâce à une boucle de 1.2 kilomètres à 7.3% de moyenne et un passage à 12% qui vous fait agoniser. Construite entre 1961 et 1962, cette boucle asphaltée enneigée 9 mois par an offre un final hostile presque douloureux qui permet à cette ascension de détrôner le sublime Iseran du titre de plus haut point asphalté de France.
Pour les acharnés, il est alors possible de gravir à pied la Pyramide Grise (2860 m) afin de profiter au mieux de l’incroyable panorama constitué d’une centaine de sommets appartenant aux massifs du Queyras, du Mercantour, des Pré Alpes et du Haut Verdon derrière lesquels on devine la mer Méditerranée.
Cette montée qui débouche dans son final sur un univers inhospitalier qui rend impossible toute forme de vie végétale restera un souvenir inoubliable. Sa longueur, la grande variété de ses paysages, son altitude et sa circulation automobile modérée le rendent incontournable au même titre que l’Iseran, le Ventoux ou l’Izoard.
*La sierra Nevada espagnole propose des routes qui dépassent les 3300 mètres d’altitude et certains sommets autrichiens des points goudronnés à plus de 2820 mètres
Cadel Evans joue en défense (22 juillet 2008)
Le Tour de France 2008 reste le Tour le plus ennuyeux de l’histoire. Au départ de Brest, on cherche désespérément les têtes d’affiche… L’équipe d’Astana d’Alberto Contador n’a pas été invitée, Lance Amstrong n’est pas encore sorti de sa retraite dont Jan Ulrich ne sortira jamais. Les favoris désignés sont Cadel Evans et Alejandro Valverde (vraiment pas de quoi sauter au plafond). Ricardo Ricco anime la traversée du Massif Central et des Pyrénées avant de quitter le Tour menottes aux poignets lors de la remontée en direction des Alpes.
Cette étape du 22 juillet 2008 entre Cueno et Jausiers constitue l’étape reine de cette édition. Elle offre l’ascension du col de la Lombarde par son versant italien et surtout le géant des Alpes du Sud la Cime de la Bonette également référencée en hors catégorie.
Le début d’étape est marqué par le démarrage de Stefan Schumacher dans le col de la Lombarde qui ressemble à celui d’une Ferrari pilotée par un autre confectionneur de chaussure sur la ligne de départ du Grand Prix de Monaco. Vainqueur du contre la montre de Cholet, l’autrichien de la Gerolsteiner qui n’a pas que de l’eau gazeuse dans son bidon se prend pour Ulrich et fait la course en tête dans cette étape désignée comme la plus difficile de l’édition 2008. Mais à 27 kilomètres de l’arrivée un groupe de neuf hommes lui vole la vedette. Au sommet de la Cime de la Bonette, ils ne sont plus que quatre coureurs dont deux français à pouvoir prétendre à la victoire d’étape. Au terme d’une descente folle menée à plus de 90 km/h et 159 kilomètres d’efforts, Jaroslav Popovich, David Arroyo, Sandy Casar et Cyril Dessel se disputent la victoire au sprint que le coureur d’AG2R La Mondiale remporte.
Les favoris ont passé la journée ensemble. Le maillot jaune Franck Schleck qui se devait d’attaquer pour prendre de l’avance en prévision du contre la montre de Saint Armand Montron qui lui est défavorable n’a rien tenté. Cadel Evans qui porte le dossard 1 s’est contenté de jouer en défense en suivant le train de la CSC. L’australien qui n’attaque jamais, court comme Miguel Indurain en suivant les grimpeurs en montagne puis en les distançant lors du contre la montre. Si l’espagnol était beau et élégant en montagne, on ne peut pas vraiment en dire autant de l’australien qui est à lui seul une contre publicité pour le vélo. Les dix premiers du classement général ne se sont jamais attaqués sur ces pentes difficiles et ont roulé ensemble tout au long de l’étape comme le Vélo Club de Neuilly sur Seine le dimanche matin à Longchamp.
Le classement général à Jausiers a de quoi mettre fin à ses jours, ce d’autant que les mêmes coureurs constitueront le classement final à Paris dans un ordre différent.
1 | Franck SCHLECK | CSC SAXO BANK | 66h 30’ 16" |
2 | Bernhard KHOL | GEROLSTEINER | +00’07" |
3 | Cadel EVANS | SILENCE LOTTO | +00’08" |
4 | Carlos Sastre | CSC SAXO BANK | +00’49" |
5 | Denis MENCHOV | RABOBANK | +01’13" |
6 | Christian VANDEVELDE | GARMIN | +03’15" |
7 | Kim KIRCHEN | TEAM COLUMBIA | +03’23" |
8 | Alejandro VALVERDE | CAISSE D’EPARGNE | +04’11" |
9 | Samuel SANCHEZ | EUSKATEL EUSKADI | +04’38" |
10 | Tadej VALJAVEC | AG2R LA MONDIALE | +05’23" |
C’est en voyant cette étape d’un ennui infini que Lance Amstrong a décidé de sortir de sa retraite. La victoire finale de Carlos Sastre, coureur qu’il a toujours écrasé lors de ses titres, va définitivement valider son choix de revenir à la compétition l’année suivante.
Parmi tous ces coureurs pour lesquels le boss n’a aucune estime, la palme revient à Bernhard Khol, un coureur de 26 ans totalement inconnu qui va faire s’étrangler Amstrong sur son canapé texan. Cet autrichien joufflu au teint rougeaud et aux épaules de Quater back promène fièrement son vélo à 2800 mètres d’altitude en compagnie des frères Schleck et de Carlos Sastre qui n’ont pas le même tour de ventre. Mal posé sur son vélo et besogneux dans l’effort, Kohl remporte le grand prix de la montagne sans avoir franchi un seul col en tête pendant ce tour qu’il finit à la troisième place*.
*Bernard Khol qui avait signé dans l’équipe Lotto de Cadel Evans pour 2009 (un duo qui aurait fait s’évanouir la gente féminine) a été rayé du palmarès du maillot à pois et s’est vu retirer sa 3ème place suite à un contrôle positif à l’EPO le 13 octobre 2008
commentaire(s)