Montée depuis Briançon :
Distance : 26 km – Dénivelé : 812 mètres – Pente moyenne : 3 % - Pente maximale : 5 %
12,5/20
Location de vélo : Intersport à Briançon
Point de passage entre les Alpes du Nord et les Alpes du Sud, le col du Lautaret constitue un marche pied vers la face réputée facile du Galibier. Sa notoriété repose sur son titre de plus haut col français ouvert à la circulation routière toute l’année et les passages réguliers des coureurs du Tour de France.
Reliant les massifs des Ecrins et des Arves, ce pilier des Alpes du Sud propose une longue ascension linéaire au départ de Briançon (1262 m). Malgré cet impressionnant kilométrage, le faible dénivelé (812 m) et sa pente moyenne asthénique (3%) font du Lautaret un obstacle de première catégorie et non HC. Indissociable de son grand frère le Galibier, il ne propose pas de points au Grand Prix de la Montagne lorsque l'étape emprunte le quatrième plus haut col routier des Alpes Françaises.
Cette montée se résume à une interminable ligne droite qui remonte la Guisane. Ce couloir n’offre ni lacets ni ruptures de pentes. Les seize premiers kilomètres ne proposent qu’un long faux-plat montant où la pente ne franchit jamais les 3%. La seconde partie dessine en revanche une déclivité plus marquée. La difficulté de cet effort repose sur l'orientation du vent qui souffle le plus souvent défavorablement dans cette vallée.
A La sortie de Saint Chaffrey (1365 m), vous laissez sur votre droite la route en cul de sac menant au sommet du col du Granon. L’importance du trafic rend le pied de la montée déplaisant. Vous progressez sur une large route qui traverse les différents villages de la station de Serre Chevalier (1483 m).
Un léger faux plat descendant vous permet d'avaler Chantemerle (1368 m) au kilomètre 4 puis la Salle des Alpes (1397 m) deux bornes plus loin. Au terme de cette première partie, vous ne vous êtes élevés que de 276 mètres. Il convient néanmoins de ne pas sous-estimer la valeur de cette difficulté en attaquant dès le pied.
La sortie de Monétier les Bains (1450 m) offre un panorama de haute montagne. A 13 kilomètres du sommet, la circulation se fluidifie. La Guisanne est désormais votre fil conducteur. La route crayonne quelques ondulations. Vous découvrez avec étonnement que le Lautaret est traversé par le 45ème parallèle qui situe ce col à égale distance entre le pôle nord et l'équateur. On sillonne un paysage verdoyant et aéré comprenant arbres et alpages qui s’agencent dans cette montée régulière.
Au 20ème kilomètre, vous enjambez le Lauzet à l'aide du pont de l'Alp (1710 m) en profitant d'une légère courbe. La pente s’établit à 5% avant de forcir à 5,5%. Le Lac du Combeynot apparait en contre bas sur votre gauche. La barre des Ecrins (4102 m) et le Mont Thabor (3178 m) encadrent la montée qui poursuit sa marche à 5,5%. Le décor dans lequel vous pédalez s’inscrit dans le vaste territoire du Parc National des Ecrins.
Progressant avec difficulté sur cette large route, vous laissez sur votre droite les tunnels des Vallois et du Rif blanc en longeant la forêt domaniale de la Guisanne. La pente se maintient à 5%. Le paravalanche du Lautaret donne l'impression de s'éloigner au fur et à mesure de l'avancée des kilomètres. Au fur et à mesure de la montée dans un décor de plus en plus sauvage, on aperçoit au loin la route du col du Galibier.
Au décours d'un lacet se refermant sur la droite, vous gagnez le Gite du Lautaret. Le pourcentage moyen qui ne dépasse pas les 5% permet de mener l'ascension assis sur la selle. Vous êtes à présent sur la fameuse Route des Grandes Alpes. Longue de 720 kilomètres, cet itinéraire relie Thonon les bains (74) à Nice (06) en empruntant 17 cols de montagne dont 6 à plus de 2000 mètres d'altitude.
Deux virages s'enroulant en direction du sud commandent l'entrée sous le paravalanche au kilomètre 24. Longue de 400 mètres, cette construction signe la fin des efforts et matérialise le franchissement de la barre symbolique des 2000 mètres d’altitude. La route contourne le jardin botanique alpin du Lautaret. Une ultime courbe vous conduit au panneau du col.
Une avalanche de cimes emblématiques encadrent le sommet. Face à vous, La Meije (3983) dévoile ses dimensions himalayennes. Parmi ces deux accès possibles, le versant Est procure le moins désagrément. Tout comme sur le col du Granon, le département des Hautes Alpes n'a pas doté le col du Lautaret de bornes kilométriques mentionnant à chaque kilomètre les difficultés à venir.
Danilo Di Luca : le Petit Prince ne dessinera jamais sur la route du Tour (14 juillet 2003)
Les 184 kilomètres entre le Bourg d’Oisans et Gap proposent un menu copieux aux coureurs. Au lendemain d’une montée de l’Alpe d’Huez qui a vu Lance Amstrong être attaqué comme jamais par ses adversaires, le peloton se tourne vers le sud.
Sous un soleil de plomb, Jaksche, Casero, Pellizoti, Parra, Lopez de Munain, Garmendia et Di Luca profitent des premières pentes du Lautaret pour tromper la vigilance du peloton. Au milieu des moutons, celui que l’on surnomme le Petit Prince passe en tête du Lautaret avant de re plonger dans l’anonymat. La performance du coureur de la Saeco sera éclipsée par un final d’anthologie qui offrira une fin à la Ocana à Beloki, verra Amstrong couper à travers champ à la façon d’un cyclo crossman et Vinokourov secouer les postiers dans la côte de la Rochette.
« Dessine moi un maillot jaune »
Régulièrement à son avantage sur le Giro (vainqueur en 2007, classement par points en 2007, six étapes remportées); lauréat du Tour de Lombardie, de la Flèche Wallonne, de l’Amstel, de Liège Bastogne Liège; vainqueur de deux étapes sur la Vuelta; titré numéro 1 mondial en 2005, le petit Prince n'a pourtant jamais dessiné une seule ligne au palmarès du Tour de France. Si l’on excepte son passage en tête du Lautaret, on ne retrouve que la trace de deux abandons (2003 et 2006) pour autant de participations.
Tout comme Damiano Cunego, Stefano Garzelli, Paolo Savoldelli ou Gilberto Simoni, l'enfant des Abruzzes appartient à cette génération dorée incapable de s'exporter hors des routes du Giro sur les grands tours.
Incapable de vivre loin des métastases du dopage, Di Luca est suspendu à vie en 2013 (titre qu’il partage avec Lance Amstrong). Suite à ce second contrôle positif sur le Giro, l’italien met un terme à sa carrière. Le natif de Spoltore assume sa culture du dopage en affirmant dans son livre « Si je ne m'étais pas dopé, je n'aurais jamais gagné, dit-il notamment. (...) Je n'ai pas de regrets. J'ai menti. J'ai triché. J'ai fait tout ce qu'il fallait pour finir premier ».
« Faites que le rêve dévore votre vie afin que la vie ne dévore pas votre rêve » Le Petit Prince, Antoine de Saint Exupéry
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