Montée depuis Bourg Saint Maurice :
Distance : 24 km – Dénivelé : 1000 mètres – Pente moyenne : 4,2 % - Pente maximale : 10 %
13/20
Location de vélo : : Jean Sports à Val d’Isère
Cette longue ascension qui mène de Bourg Saint Maurice (813 m), principale ville de haute Tarentaise, à Val d’Isère (1820 m) présente l’inconvénient majeur des ascensions des grandes stations alpestres : une forte circulation automobile. A cela, s’ajoute le caractère sombre et dangereux de cette montée qui contraste avec la luminosité de l’Iseran que l’on peut grimper depuis Val d’Isère.
Si la montée débute par de forts pourcentages à 8% entre Bourg Saint Maurice et Seez (865 m) qui constitue un carrefour avec la route d’accès au col du Petit Saint Bernard, les premiers kilomètres à la sortie de Seez sont en faux plat descendant et présentent peu de difficultés. Cette route rectiligne qui longe l’Isère se termine par deux beaux virages en épingle à l’approche de Saint Foy-Tarentaise (1051m).
L’arrivée à Saint Foy Tarentaise au kilomètre 11 marque vraiment le début des difficultés, la pente oscille entre 7 et 8% lors de la traversée de ce village pour atteindre 9% au cours du passage de la Thuile (1240m). Tout comme l'entrée, la sortie de Sainte Foy livre deux grands lacets dont il faudra bien profiter car ce seront les derniers.
La pente s’adoucit à nouveau au cours d’une succession de virages rapides qui donne à l’ensemble une impression rectiligne pendant 10 kilomètres avant l’arrivée au lac du Chevril (1795m) dont l’approche est marquée par un court passage à 10%. Il s’agit de la partie la plus dangereuse de la montée car l’absence de virages prononcés est responsable de la vitesse excessive des véhicules qui circulent à vive allure dans les deux sens. Ce danger permanent oblige à la plus grande vigilance, il est ainsi difficile de jeter un œil sur le village de Tignes les Brévières (1550 m) en contre bas ainsi que sur le Mont Pourri (3379 m) aux dimensions himalayennes.
Après le passage du lac du Chevril, la pente s’adoucit nettement au Villaret du Nial (1850 m) qui marque la jonction avec le passage du Sault menant à l’aiguille du Franchet (2809 m). A partir du Reculaz, la route n’offre plus de relief jusqu’à l’entrée dans Val d’Isère. Cette partie est dangereuse et désagréable en raison de la traversée de tunnels mal éclairés (Villaret et Rossetti) au cours de laquelle j’ai été copieusement arrosé en raison de la fonte des neiges en cette fin avril (le dernier tunnel nommée tunnel de la Daille est mieux aménagé et suffisamment éclairé). A la sortie de cet ultime tunnel, une courte descente permet de plonger vers la Daille qui marque l’entrée dans Val d’Isère.
Néanmoins, ne vous arrêtez pas à la Daille qui se révèle être un désastre architectural. Poursuivez votre chemin jusqu’au centre de Val d’Isère. Vous découvrirez la plus belle station de France qui a conservé son centre historique et son église romane. C’est le mariage réussi de la beauté, de l’élégance, du raffinement, de l’authentique et du sportif sans jamais virer dans le bling bling.
Profitez de cette traversée pour faire une halte chez Claudine de la Fermette, Si mon père savait ou la boulangerie Chevallot pour vous restaurer. Pour ceux qui en ont gardé sous la salade, il est impératif de poursuivre la route jusqu’au sommet de l’Iseran en passant par le Fornet qui offre l’un des trois glaciers de Val d’Isère avec Solaise et Bellevarde.
L’hypothèse Evgueni Berzin (7 juillet 1996)
Ce dimanche 7 juillet, Evgueni Berzin est en jaune mais ne possède qu’une maigre avance sur ses adversaires. Le russe est pourtant considéré par tous les observateurs comme le favori de ce contre la montre qui mènera les coureurs de Bourg Saint Maurice à Val d’Isère. Le vainqueur du Tour d’Italie 1994 va consolider sa première place en parcourant les 30 kilomètres à plus de 35 km/heure de moyenne et apparait comme un candidat crédible à la victoire finale malgré quelques doutes formulés de la part de certains suiveurs sur sa capacité à passer les cols. Le russe reste l’unique coureur à avoir battu Miguel Indurain sur un grand tour au cours du Giro 94 lors de la période de domination de l’espagnol sur le Tour de France.
Deuxième de ce contre la montre et dauphin de Berzin au classement général, le danois Bjarne Riis fait forte impression en raison de la forme affichée depuis la veille et d’une équipe Telekom qui apparait très forte. Cette impression de puissance est incarnée par son principal lieutenant Jan Ulrich qui prend la sixième place de ce contre la montre.
A la troisième place, on retrouve le champion du monde de la spécialité Abraham Olano qui fait partie des favoris de ce tour mais dont la position au sein de l’équipe Mapei pourrait être fragilisée par son équipier Tony Rominger.
Si le jeune allemand de 22 ans apparait comme un soutien indéfectible pour Riis, la quatrième place de Rominger constitue un caillou dans la chaussure de l’espagnol. Comment gérer ces 2 leaders au sein de la même équipe ? Rominger est un coureur confirmé qui a terminé meilleur grimpeur et deuxième de l’édition 1993 : il apparait légitime pour revendiquer un statut de leader unique dans l’équipe Mapei. Le suisse, qui n’a pas l’habitude de la jouer collectif, acceptera-t-il aussi facilement que Jan Ulrich de se mettre au service de son équipier dans une équipe qui apparait beaucoup plus faible que la puissante Telekom ?
Un troisième duo, celui de l’équipe Festina, pourrait contrarier les ambitions du russe sur ce Tour 96. Virenque finit 12ème de l’étape à 3’25 de Berzin et Dufaux 14ème. Pour ces deux coureurs peu à l’aise dans l’exercice du contre la montre, la perte de temps sur ces 30 kilomètres apparait comme un handicap surmontable avant les grandes étapes de montagne.
L’interrogation majeure de ce contre la montre reste Miguel Indurain. Comment va-t-il réagir après la défaillance de la veille dans la montée des Arcs ? La cinquième place à Val d’Isère du quintuple tenant du titre montre que la contre-performance de la veille était plus qu’une fringale. Elle illustre les difficultés actuelles du champion espagnol sur cette édition 1996 qui a malgré tout a limité les dégâts en terminant 5ème de l’étape à 1’ du leader de la Gewis Playbus.
« La Once en perdition »
C’est du côté de l’équipe Once que l’on retrouve les grands perdants de ce week-end en Tarentaise. L’autre duo composé de Jalabert et de Zulle qui avait dynamité le Tour l’année précédente est une nouvelle fois en déroute. Le suisse est 9ème à l’arrivée et se retrouve à plus de 5’ au général tandis que le français, malade, finit 36ème du contre la montre à presque 6’.
L’hypothèse Berzin sera testée dès le lendemain lors d’une étape somptueuse qui offrira l’Iseran, le Galibier et la montée vers Sestrières.
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