Montée depuis St Jean de Maurienne par Fontcouverte la Toussuire-Villarembert-le Corbier
Distance : 19 km – Dénivelé : 1145 mètres – Pente moyenne : 6 % - Pente maximale : 9 %
10,5/20
Montée depuis St Jean de Maurienne par St Pancrace-Les Bottières-la Rochette
Distance : 15 km – Dénivelé : 1113 mètres – Pente moyenne : 7 % - Pente maximale : 9 %
14/20
Location de vélo : Sport 2000 Saint Jean de Maurienne
Depuis le rond-point de l’Opinel de Saint Jean de Maurienne, la montée vers la Toussuire par la D926 offre 19 kilomètres à 6% de moyenne dont les 3 premiers sont communs avec le col de la Croix de Fer. Se dirigeant vers le sud-est, cette route qui longe l’Arvan propose au pied tout ce que je déteste : une large route très fréquentée et désespérément rectiligne. Convaincu de ne prendre aucun plaisir sur cette autoroute, j’ai délaissé le tracé du Tour pour opter en faveur d’une route secondaire la D78C qui traverse St Pancrace. Ce choix s’est révélé gagnant.
Ecrasé par la chaleur malgré un 24 avril, le début de la montée m’a infligé une température de 29°C et de forts pourcentages à 8%. Le virage en épingle sur la droite que l’on emprunte pour rejoindre la D78C permet de ne plus avoir ce puissant soleil dans le dos et dévoile un panorama somptueux sur les sommets enneigés de la Maurienne.
A l’approche de St Pancrace (896 m), la présence d’arbres apporte une ombre bienvenue avant que n’apparaisse une seconde surprise : une jolie route sinueuse au milieu des alpages et des chalets en bois sans trafic automobile. Contrairement aux apparences, cette montée est loin de ressembler à une promenade dominicale puisque les pourcentages évoluent dans une fourchette comprise entre 8 et 9% pendant 7 kilomètres jusqu’aux Bottières (1200 m).
A la sortie de Saint Pancrace, un nouveau choix de route se présente. J’ai délaissé la D78C qui serpente en direction de Jarrier et me suis engagé sur la D78D qui mène aux Bottières que l’on atteint après 5 magnifiques lacets.
Les Bottières offrent enfin un adoucissement de pente au moment où la route dessine un virage ouvert sur la gauche qui laisse apparaitre sur la droite le bas du domaine des Sybelles (la piste rouge Marmottes et la verte Cabris). A la sortie de ce village, une courte descente permet de prendre un maximum de vitesse en prévision d’une nouvelle augmentation de pente.
Après une vingtaine de lacets depuis le pied, la route devient rectiligne à l’approche de l’Alpettaz (1320 m) qui constitue le dernier joli hameau de l’ascension. Cette traversée qui ne présente aucune difficulté permet de souffler et de s’alimenter puis dévoile le domaine des Sybelles.
La sortie de l’Alpettaz au kilomètre 12 offre un dernier choix :
Pour avoir emprunté les 2, je conseille vivement la première option mais ai choisi de décrire la seconde qui est le tracé du Tour.
Peu avant la Rochette, j’ai donc quitté la D78D pour emprunter la D78 qui à l’aide d’une courte descente et 4 virages permet de rejoindre la D78A à la sortie du Villard. La traversée de Villarembert (1290 m) propose une route sans relief pendant 1.5 kilomètres qui précède un final nettement plus compliqué à sa sortie. A l’approche du Corbier (1511 m), la route dont l’état s’est brusquement dégradé dessine 6 lacets ombragés difficiles à négocier. Le revêtement catastrophique de la chaussée m’a fait soudainement fait passer du Tour de France à Paris Roubaix et craindre une crevaison.
Le passage du Corbier dont l’architecte a manifestement obtenu son diplôme en Union Soviétique n’offre aucun point de vue sur le domaine skiable à cause des affreuses barres d’immeubles alignées les unes aux autres. La pente s’envole à nouveau à près de 9% lors de la traversée de la station avant de diminuer à sa sortie.
La route oblique alors vers la droite à travers les alpages et la montée propose 3 derniers kilomètres plus roulant malgré un court passage de 400 m à près de 8%.
Un dernier virage en épingle sur la gauche avant le Pont de la Toussuire permet enfin d’entrer dans la Toussuire et d’atteindre le front de neige par la rue Pierre Delore. Rêvant d’une boisson et d’un plat de pâtes, je me suis retrouvé dans une station déserte et sans vie car fermée depuis plusieurs jours. J’ai cru tourner dans un épisode de The Walking Dead et n’ai eu qu’une seule envie : regagner St Jean de Maurienne pour y trouver le ravitaillement espéré.
Situé au cœur des Sybelles à une altitude de 1705 mètres, cette station de Maurienne dont l’architecte mériterait de finir dans une prison nord-coréenne propose 310 kilomètres de pistes situés entre 1100 et 2620 mètres d’altitude. De ce berceau du ski alpin, il est possible d’admirer les aiguilles d’Arves (3514m pour l’aiguille méridionale) qui constituent le sommet dominant du massif des Arves et délimitent la Savoie des Hautes Alpes.
Au final, cette montée vers la Toussuire pour laquelle je n’avais aucune attente a constitué une belle surprise. Le trajet officiel que les coureurs du Tour empruntent présente peu d’intérêt en raison de la forte circulation automobile et d’une large route sans charme si l’on excepte la traversée de Fontcouverte. En revanche l’ascension par St Pancrace et la Rochette offre une route sinueuse qui sillonne les alpages jusqu’au sommet sans trafic. Quel que soit le trajet emprunté, l’absence de bornes kilométriques annonçant le nombre de kilomètres à parcourir et le pourcentage moyen du prochain kilomètre ajoute une difficulté supplémentaire dans la gestion de l’effort.
La défaillance de Floyd Landis (19 juillet 2006)
Floyd Landis qui répète chaque jour qu’il ne veut pas du maillot jaune pour ne pas porter le poids de la course finit par agacer Laurent Fignon qui commente le Tour en compagnie du catastrophique Henri Sannier. L’ancien double vainqueur de la grande boucle propose à l’antenne d’aller au BHV acheter un maillot jaune à l’américain le lendemain de l’arrivée à Paris pour lui éviter cela.
A ce petit jeu, Landis peut perdre gros. Lors de l’étape dite de transition entre Béziers et Montélimar, l’équipe Phonak laisse Oscar Pereiro se glisser dans une échappée sans réagir. Ne voulant pas mener la poursuite sous une chaleur caniculaire, l’équipe suisse remet dans le jeu Peirero qui avait perdu le Tour dans l’étape reine pyrénéenne en arrivant au Pla de Beret à plus de 26’ du vainqueur Menchov et du groupe des favoris. A Montélimar, le peloton maillot jaune franchit la ligne 29’57 après l’espagnol deuxième de l’étape qui s’empare de la tunique de leader avec 1’29 d’avance sur l’ancien lieutenant d’Amstrong.
Landis qui a repris le maillot jaune à l’Alpe d’Huez bien malgré lui aborde l’étape reine alpestre entre le Bourg d’Oisans et la Toussuire dans la peau du favori. Cette étape qui propose le Galibier par le Lautaret, la Croix de Fer, le Mollard puis la montée vers la Toussuire voit une échappée se constituer dès le 5ème kilomètre dans laquelle Michael Rasmussen fait le plein de points en passant en tête de toutes les difficultés répertoriées. Le danois gagne l’étape et s’assure un second maillot de meilleur grimpeur consécutif à Paris. Si la course au maillot à pois a retenu l’attention du public venu nombreux en Maurienne, celle pour le maillot jaune va l’hystériser.
Sur cette ascension très roulante, Denis Menchov place une première accélération à laquelle Landis ne répond pas. Pereiro démarre, puis Evans, puis Azevedo, puis Zubeldia. Landis ne bouge toujours pas et se met dans la roue des T-Mobile. Henri Sannier qui décidemment ne connaît rien au vélo salue le sang froid de Floyd Landis alors que Laurent Fignon l’exhorte à bouger. La définition de l’homme selon Dostoïevski repose sur l’idée « qu’un être s’habitue à tout ». Le fait de ne me n’être jamais habitué au remplacement de Christian Prudhomme par Henri Sannier au micro de France Télévisions suggère que je n’en suis pas encore tout à fait un (J’occulte la parenthèse Christophe Josse de 2004).
A 11 kilomètres du sommet, Carlos Sastre place une attaque à laquelle les équipiers de Klöden répondent mais pas le maillot jaune qui se gare. L’hypothèse selon laquelle Landis s’économise une nouvelle fois ne peut être avancée, l’américain essuie une terrible défaillance et finit l’étape à 10’ de Rasmussen. L’image d’un américain porteur du maillot jaune en perdition dans un col du Tour apparait enfin à l’écran et ce n’est pas un texan. Le leader de la Phonak pointe désormais à 8’8 de Pereiro au classement général et sort du Top 10. Il a perdu le Tour.
L’espagnol de la Caisse d’Epargne qui a tenu son rang finit l’étape 3ème à 13’’ de Sastre deuxième. Ce coureur sous-estimé par la Phonak devance Klöden et Evans à l’arrivée et reprend le maillot jaune là ou Henri Sannier pronostiquait à l’antenne avec conviction Cyril Dessel leader du classement général à la Toussuire (Pitié, rendez-nous Patrick Chêne).
« Landis prend une cuite »
C’est le zéro pointé pour l’équipe Suisse à tous les niveaux. Landis a sombré et rentre anéanti à l’hôtel dans la voiture de son directeur sportif. Il échange son maillot jaune contre un pack de Kronenbourg avec un supporter et inaugure une nouvelle méthode de récupération dans le vélo : se siffler toutes les canettes de la valise de Kro’ en cuissard, torse nu dans une chambre d’hôtel avant d’attaquer le minibar.
Le lendemain, le Phoenix Landis ressuscite et se lance dans un numéro solitaire digne du cyclisme d’avant-guerre en passant en tête du col des Saisies, des Aravis, de la Colombière puis de Joux Plane. L’américain renverse le Tour et remporte à Morzine une étape d’anthologie. Landis qui finira par gagner le Tour sera le premier vainqueur de la grande boucle déchu de son titre pour dopage. Le 27 juillet, 4 jours après l’arrivée un contrôle positif à la testostérone est révélé*. Landis a donc selon le laboratoire de Chatenay Malabry accompagné ses Kronenbourg d’un petit supplément crème fraiche ce soir-là…
Après avoir bien bu, l’américain passera à table quelques années plus tard en balançant son ancien leader Lance Amstrong qui avait refusé que Landis fasse partie de l’aventure RadioShack. Entre temps, l’homme de Pennsylvanie a tenté de pirater les ordinateurs du laboratoire de Chatenay Malabry, a versé dans la Fake News en déclarant à certains médias que Greg Lemond avait été abusé par son oncle dans l’enfance puis s’est lancé dans le commerce de produits dérivés du cannabis. Salut l’artiste…
*Après 14 mois de procédure, l’USADA suspendra Landis 2 ans et l’UCI déclarera son dauphin Pereiro vainqueur.
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