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Col de la Faucille

  • Altitude : 1323 mètres
  • Département : Ain (01)
  • Région : Auvergne Rhône Alpes
  • Catégorie : 1

Montée depuis Gex

Distance : 11,6 km – Dénivelé : 703 mètres – Pente moyenne : 6,1 % Pente maximale : 8,1 %

  • Longueur : 3/5
  • Paysage : 3,5/5
  • Difficulté : 3/5
  • Trafic : 2/5

11,5/20

Ce bijou jurassien relie les rives du Lac Léman au Parc Naturel du Haut Jura et à la vallée de la Valserine. Voie d’accès à la station des Rousses depuis la Suisse, le col de la Faucille a été gravi à de nombreuses par la grande boucle depuis 1911.

Gex (620m) constitue le point de départ de l’ascension par son versant est. Vous vous élevez dès les premiers hectomètres au-dessus de la cité. La route surplombe le ravin des Fournans en imposant une pente modérée (6%). La chaussée ondule au milieu des vergers en s’engageant dans le territoire du Parc National du Jura (164 000 ha). A partir des Maladières (733 m), les lacets s’enroulent à travers les pâturages. Bien lisse et régulière, cette chaussée en parfait état vous projette vers le virage de la Goutte (874 m) qui enjambe le torrent de l’Oudar au kilomètre 5. Vous apercevez les champs et les prés qui s’étalent en contre bas.

Vous gagnez sans difficulté l’épingle de Florimont qui se referme sur la droite au kilomètre 6. Ce virage serré dévoile l’Auberge du même nom qui propose à la fois une carte pour les gourmands et une vue à couper le souffle sur le Lac Leman. Le Journans serpente dans le défilé rocheux des portes Sarrasines.

faucille 1

Après 7,5 km d’effort à 6%, l’épingle de la fontaine Napoléon (1047 m) rend hommage à l’instigateur de la construction de la route. Elle signale surtout le début d’un tronçon difficile : deux kilomètres à plus de 8% qui vous hissent au milieu d’une forêt de sapins. Les petits braquets et une position en danseuse s’avèrent précieux. Une large courbe se refermant sur la gauche vous permet d’atteindre l’épingle du Pailly (1205 m) au kilomètre 10. Prenez le temps de découvrir le Colomby de Gex (1689 m) en enroulant le plus beau virage de la montée.

Le passage devant les chalets de la Mainaz (1264 m) marque la fin des efforts. La flamme rouge est proche. Le net fléchissement de la pente à 5% vous permet de remettre du braquet et d’aller faire les points de la montagne.

faucille 2

Plusieurs hôtels encadrent le final du col de la Faucille qui surplombe la vallée de la Valserine. En regardant vers l’est, vous apercevez le Petit Mont Rond (1534 m) qui offre un panorama sur le Lac Leman, le massif du Mont Blanc, les glaciers de la Vanoise, les Alpes Bernoises et Fribourgeoises et les Monts Jurassiens. Le célèbre jet d’eau de Genève est parfois visible. En vous tournant vers le nord est, vous découvrez le sommet de la Dôle (1677 m).

La Faucille est également une station de sports d’hiver dont les 17 kilomètres de pistes de ski alpin dévalent les pentes du Mont Rond (1596 m). La station de Mijoux La Faucille (Monts Jura) propose également deux boucles de ski de fond depuis le village de Mijoux (985 m).

Depuis ce sommet, il est conseillé de quitter la RN 5 menant à la station des Rousses pour plonger en direction de Mijoux à l’aide d’une descente sinueuse et arborée (D936). La pente s’incline à nouveau généreusement à la sortie de la station en dessinant cinq magnifiques lacets qui permettent d’accéder au site nordique de Lajoux (1165 m). Plus haut village du Jura, ce hameau propose cinq pistes de ski de fond et de raquette.

En obliquant vers le nord, vous découvrez le lac de Lamoura autour duquel des pistes de ski de fond ont été tracées. Vous évoluez dans un décor scandinave mêlant grandes étendues blanches et forêts de sapins.

La traversée de la Cure (1265 m) vous permet d’entrer en Suisse. Vous gagnez sans difficulté Saint Cergue (1264 m) avant de dévaler le col de Grivine (1232 m). A la sortie de la commune de la Rippe (528 m), votre Strava vous proposera d’emprunter le chemin de l’Etraz, route interdite aux voitures qui longe le Leman. Cette voie au relief accidenté qui traverse Vesancy (582 m) vous mènera à Gex qui marque le pied de la Faucille.

faucille 3

Depuis le versant jurassien, il vous faudra escalader 32,5 km à 4,6% depuis Saint Claude (438 m). Une autre variante (qui présente peu d’intérêt) s’élance depuis Morez (705 m) en passant par le plateau des Rousses soit 27 km à 3,3%.

Lucien Van Impe reste le maitre des cols (19 juillet 1972)

Lucien Van Impe est le premier maillot à pois qu’il remporte en 1975. Celui qui aime rappeler qu’il a couru sur une période allant de Rudy Altig à Miguel Indurain collectionne quinze participations au Tour de France. Malgré une carrière menée sous les règnes d’Eddy Merckx puis de Bernard Hinault, Van Impe possède un beau palmarès sur la grande boucle : quatorze top 20, neuf succès d’étape, six grands prix de la montagne et une victoire en 1976.

Dès son premier Tour de France en 1969, le belge se classe 12ème. Dans ce qui constitue sa première course professionnelle, celui qui court dans l’ombre du cannibale impressionne Rick Van Looy qui le surnomme « Pinocchio ». Cette petite marionnette de bois qui s’anime dans massifs montagneux remporte en 1971 son premier grand prix de la Montagne.

Lors de la 16ème étape du Tour 1972 qui mène les coureurs à Pontarlier, Lucien Van Impe entend rester le maitre des cols. Concurrencé par Merckx qui lui dispute les sprints en montagne, le coureur de Sonolor prend les devants dans le col de la Faucille en attaquant à un kilomètre du sommet. Van Impe franchit en tête le sommet 8 secondes devant les meilleurs coureurs de la classe et s’assure un deuxième grand prix de la montagne qui constituait son objectif à Angers. La montagne ayant rendu son verdict au passage de ce sommet Jurassien, l’étape redonne une place de choix aux sprinteurs. Willy Terlinck remporte à Pontarlier son second sprint dans le désintérêt des journalistes qui scrute l’état du genou du maillot vert Cyril Guimard au bord de l’abandon.

faucille Tour de France 1

Au cours de sa longue carrière, Van Impe court à l’économie pour assurer sa saison en s’adjugeant les grands prix de la montagne des courses auxquelles il participait pour conforter sa notoriété. Bien que né dans le plat pays, celui qui grimpe comme un colombien endosse à l’arrivée de l’étape Charleroi-Molenbeek du Tour 1975 le tout premier maillot à pois en passant en tête du Mur de Grammont. Moqué par ses rivaux qui se désintéressent du « maillot des clowns », Van Impe fait de cette tenue si singulière son objectif majeur au grand désarroi des journalistes qui aimeraient le voir viser le classement général. Soucieux de s’économiser en prévision des sprints au sommet des cols, le belge s’attire les reproches de ses adversaires en se voyant affublé du surnom de « Champion du monde des suceurs de roue » par Merckx.

« Le maillot des clowns »

Cyril Guimard qui a couru contre le flandrien devient son directeur sportif en 1976. Convaincu de sa capacité à troquer les pois rouges pour la couleur jaune, le druide essaye de transformer son objectif en ambition pour Van Impe. Mais le plus grand grimpeur de sa génération souhaite [vivre une nouvelle saison de leader à la pépère] avec à la clef un maillot à pois. Juillet retrouvé fut tout sauf une partie de plaisir de pour Cyrille Guimard.

Profitant du forfait de Merckx blessé à la selle et de l’abandon de Thévenet, le natif de Mère quitte les Alpes avec une courte avance sur Zoetemelk. Ne pouvant compter que sur Raymond Martin pour défendre le maillot en haute montagne, le directeur sportif de l’équipe Gitane est convaincu de la nécessité d’abandonner le maillot jaune… mais pas à n’importe qui. En étudiant le classement, le breton s’attarde sur le nom de Raymond Martin. Connaissant bien ce coureur classé à 6 minutes au général et capable de réaliser de longs raids solitaires en montagne, Guimard l’appelle et lui suggère [Dis, Raymond, si tu attaques, sache qu’on n’ira pas te chercher]. Alors que l’étape offre un scénario conforme aux prédictions du patron de l’équipe Gitane, une coalition de belge embraye dans une descente. Van Impe qui ne veut pas perdre le maillot demande à ses copains belges de rouler pour lui provoquant l’ire de Guimard. Dans la montée finale, Maitre Gim’ doit monter à deux reprises à la hauteur de son leader pour le contraindre « à mettre les freins ». Van Impe lâche à contre cœur le maillot à Pyrénées 2000 afin d’abandonner le poids de la course à ses rivaux. Cyrille Guimard est critiqué par la presse puis insulté par Rita Van Impe. Ne pouvant dévoiler sa stratégie, le nantais rappelle à l’épouse du belge que l’objectif n’est pas d’être en jaune à Font-Romeu mais à Paris.

Le leader de l’équipe Gitane se ménage lors de la traversée des Pyrénées dans le but de reprendre la tunique jaune au Plat d’Adet deux jours plus tard. La tactique de Guimard s’avère gagnante : le dossard 11 remporte la dernière étape de montagne et s’assure d’être sacré à Paris dans une ambiance devenue lourde au sein de l’équipe. Obsédé par le maillot à pois, Van Impe feint de ne pas comprendre le français afin de ne pas suivre le plan de Guimard (attaquer dès le Portillon). Dans son ouvrage les secrets du Tour, le futur complice de Patrick CHASSE estime que [Van Impe aurait pu gagner plusieurs Tours de France]. Il écrit que [Le problème de Lucien c’était lui-même, il visait trop petit. Et il s’en arrangeait bien]. […] A aucun moment, il n’a voulu être l’ennemi de Merckx au risque d’être impopulaire dans son pays. […] Durant le Tour 1976, cela a souvent crié ferme dans les briefings d’après étape. Il disait toujours oui mais pensait le contraire. Lucien était un chieur, impossible de lui faire confiance. Le cauchemar de tout directeur sportif]. Selon Guimard, Van Impe aurait pu gagner plusieurs Tours. Soucieux de s’assurer une place au soleil, le belge versait dans la facilité en s’assurant d’être uniquement le roi de la montagne.

« L’homme ne mérite pas le champion »

Lors de la saison 1977, la question du leadership se pose au sein de l’équipe Gitane. En bâtissant l’équipe autour du prometteur Bernard Hinault, le remplaçant de Jean Stablinski peut-il conserver Van Impe ? Dans son livre, Guimard relate la façon dont les négociations ont capoté avec le dernier vainqueur belge du Tour. “Je suis devenu le premier directeur sportif qui allait décider de ne pas garder un vainqueur du Tour au sein de son équipe. […] Van Impe voulait être payé au prix de Merckx. Ce n’était pas sérieux.”

Un an après son succès, Van Impe retrouve son maillot à pois au sein de sa nouvelle équipe Lejeune-BP avant de vivre trois étés de vache maigre. S’adjugeant à nouveau la précieuse tunique en 1981, le belge vieillissant peine à suivre Hinault et Fignon en montagne mais parvient à accrocher un dernier maillot à pois en 1983.

« La détestation des baroudeurs à pois des années 2000 »

Irrité au plus haut point par la nouvelle espèce des baroudeurs de montagne qui finissent les étapes de cols en compagnie du maillot vert, le dernier vainqueur belge de la grande boucle vit avec le regret de ne pas avoir gagné un 7ème grand prix de la montagne qui lui tendait les bras en 1976 (défaite pour un point face à Giancarlo Bellini sur fond de petits arrangements entre amis). Soucieux de voir le maillot à pois sortir de son déclassement, Van Impe n’hésite pas à se mettre la Belgique à dos en déclarant en juillet 2019 qu’il préférait voir un grimpeur comme Thibaut Pinot porter le maillot à pois au détriment du baroudeur Tim Wellens. Quand il s’agit d’évoquer la précieuse tunique, Van Impe ne fait aucune concession.

*Dans les secrets du Tour de France Cyrille GUIMARD Grasset

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