Montée depuis Wiler sur Thur :
Distance : 16,2 km – Dénivelé : 975 mètres – Pente moyenne : 6,1 % - Pente maximale : 9 %
15/20
Accessible par de nombreuses voies, le Grand Ballon est le plus haut sommet des Vosges. Arrivée tardivement dans le Tour de France, cette redoutable montée reste indissociable de Laurent Fignon. Le double vainqueur du Tour avait construit sur ses pentes sa dernière victoire sur la Grande Boucle en 1992.
Le versant sud débute à proximité de la collégiale gothique de Thann en amont de la vallée de la Thur. Au pays de la quetsche, vous gagnez Willer sur Thur (368 m) qui constitue le pied de la montée.
Dans un premier temps, vous remontez aisément le cours de la rivière du Mittelbachfunz au milieu des bois. A partir du Moulin (523m), la route s’élève en lacets pour rejoindre le hameau perché de Goldbach (670 m) distant de 4 kilomètres du pied. Profitez du court replat de la fontaine d’eau fraiche, la pente sera désormais plus prononcée. En passant de l’autre côté du ravin au virage de Fuerstacker (799 m), la pente s’adoucit (4,5%) pour déboucher sur le col Amic (828 m) que vous atteignez après 9,5 kilomètres d'efforts soutenus. Vous découvrez les ruines du château de Freudstein (927 m).
Vous évoluez désormais sur la route des Crêtes. Cet axe militaire traverse les Vosges du nord au sud sur 100 kilomètres. Débute une seconde partie qui propose 7 kilomètres à gravir à 7,5% de moyenne. Les nombreux passages à 8,5% vous obligent à opter pour les petits braquets. A proximité du virage de Firstacker (955 m), vous distinguez la chapelle du Sudel construite en souvenir de la première guerre mondiale. Vous enchainez une série de virages nerveux dont le profil se relève brutalement à 9%.
En sortant de cet espace boisé, vous apercevez le radar qui surmonte la calotte du Grand Ballon. Au décours d’une épingle qui se referme sur la gauche au kilomètre 13, vous ralliez la ferme du Ballon (1112 m). La déclivité offre son maximum avec 9%. Le paysage qui s’est dénudé dégage de jolies vues sur la vallée de la Thur et le massif du Rossberg. Vous voici désormais à quelques tours de roue du sommet du géant vosgien.
Le dernier kilomètre laisse apparaitre les remontes pentes de la station sur la droite. Son aspect rectiligne qui le rend interminable conclue une ascension ardue dans sa seconde partie.
En face de l’hôtel restaurant, vous apercevez la plaine d’Alsace et la Foret Noire. Un monument des « Diables bleus » commémore les combattants des derniers conflits. Vous découvrez au nord le lac glacière du Ballon, les pistes de ski de la station du Markstein, le Hohneck (1362 m) et le Petit Ballon (1267 m). En vous tournant en direction du sud-ouest, vous devinez l’autre grand sommet du massif le Ballon d’Alsace (1250 m).
Le Grand Ballon peut se conquérir d’autres façons. Ainsi, vous pouvez grimper la face nord-est depuis Guebwiller (295 m) en passant le Markstein avec 22 kilomètres à 5,8%. Via le col Amic, le versant oriental de Soultz (295 m) dessine 19 km à 6% tandis que celui de Cernay (297 m) au sud est demande un effort de 23,2 km à 6%.
Giancarlo Bellini et le cadeau à pois (1er juillet 1976)
Le deuxième maillot à pois de l’histoire reste celui des petits arrangements entre amis. Propriété de Van Impe depuis le début des années 70, le grand prix de la montagne n’a toujours pas rendu son verdict au moment où les coureurs abordent la dernière étape. Les points qu’offrent les faibles dénivelés de la capitale s’avèrent soudainement plus précieux que ceux attribués au sommet de l’Izoard ou du Peyresourde. Terrorisé à l’idée que Lucien Van Impe empoche les derniers points de l’épreuve, Giancarlo Bellini qui dispute au belge ce trophée s’échappe dans la vallée de Chevreuse. Mais revenons trois semaines auparavant.
« Une promesse faite à sa femme »
La veille du départ du Tour, Bellini promet à sa femme de lui rapporter la précieuse tunique. Afin d’endosser le maillot à pois dès la première semaine, le coureur piémontais dispute les différents sprints au sommet des côtes d’Anjou lors de la deuxième étape. Ce que l’italien ignore c’est que le champion du monde Hennie Kuiper réserve la même surprise à son épouse pour leur anniversaire de mariage.
La grande étape vosgienne qui mène les coureurs de Nancy à Mulhouse accouche au final d’une souris. Si la bataille entre les favoris n’a pas eu lieu, la lutte entre les prétendants au maillot à pois tourne au combat de coqs. Suite à une lente procession dans les plaines de Lorraine, la course s’anime dès les premières pentes du Grand Ballon que Bellini franchit en tête.
« Giancarlo Bellini franchit en tête le Grand Ballon »
Aucun leader ne souhaitant lancer la grande bagarre alors que les Alpes se profilent, un regroupement s’opère à une dizaine de kilomètres de l’arrivée. Le maillot jaune Freddy Maertens remporte sa quatrième étape au moment où la bataille des mots fait rage à l’arrière. Bellini invective le maillot arc en ciel avant de récidiver le lendemain en réitérant ses provocations. Kuiper perd ses nerfs et pousse son rival dans le bas-côté. Une bagarre éclate entre les deux coureurs, un enfant reçoit un coup. Le néerlandais est déclassé et l'italien s’empare des pois rouges par la petite porte.
En difficulté lors de la traversée des Alpes, le coureur de la Brooklyn perd son maillot à pois à Montgenèvre. Au bord de l’abandon, Bellini remonte en selle et récupère la tunique au sommet de Pyrénées 2000. L’italien en est une nouvelle fois dépouillé le lendemain au Plat d’Adet le jour où Van Impe construit son unique victoire dans le Tour de France.
De l’aveu du belge, il existe un accord entre les deux hommes. Van Impe révèle que l’italien est venu au départ du Tour dans sa chambre d’hôtel lui demander s’il comptait sprinter pour la montagne. La réponse du leader de l'équipe Gitane aurait été « Non, prends le maillot si tu veux ». Ce qui va devenir la rumeur du Tour 1976 pousse les journalistes à interroger à Cyrille Guimard sur une possible offrande du maillot à pois de Van Impe. Le druide ne confirme pas mais ne dément pas non plus. « Il faut bien comprendre que nous ne pouvons pas courir après tout ». En privé, Guimard qui reste convaincu de la capacité de son leader à remporter le Tour de France enrage de voir le belge s'épuiser à courir derrière le maillot à pois.
Laissant la victoire à Zoetemelk au sommet du Puy de Dôme et les gros points du grand prix de la Montagne lors de l'antépénultième étape, Van Impe autorise l’échappée de Bellini dans les côtes de la vallée de Chevreuse. Pour avoir mis son équipe Brooklyn au service de l’équipe Gitane, l’italien souffle le maillot à pois au belge pour un petit point et remporte la plus belle ligne de son palmarès. Le scalatore ne reviendra plus sur les routes du Tour.
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