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Col des Saisies

  • Altitude : 1657 mètres
  • Département : Savoie (73)
  • Région : Auvergne Rhône Alpes
  • Catégorie : 1

Montée depuis l’intersection D 925 D218 :

Distance : 15 km – Dénivelé : 957 mètres – Pente moyenne : 6,38 % - Pente maximale : 11 %

  • Longueur : 4/5
  • Paysage : 2,5/5
  • Difficulté : 2,5/5
  • Trafic : 1,5/5

10,5/20

Location de vélo : Starski Sports aux Saisies

Située entre les vallées du Beaufortin et le Val d’Arly, le col des Saisies a souvent constitué le premier temps de l’étape reine de Haute Savoie sur le Tour de France. Entre 1979 et 2010, cette station de Savoie a vu le grand rendez-vous de juillet la visiter à onze reprises.

Parmi ses nombreuses routes d’accès, j’ai choisi d’emprunter l’une des variantes sud qui débute à l’intersection entre la D925 et la D218 B. Un premier kilomètre à 6% vous permet de gagner la Pierre (700 m) en faisant tourner tranquillement les jambes.

Au cours des premiers kilomètres, la route s’enfonce dans la forêt domaniale pour remonter en pente douce à l’approche du kilomètre 3. En refermant le virage numéro 5 sur votre gauche, vous laissez sur votre droite une variante parallèle à la D218B qui permet également d’atteindre Hauteluce (1190 m).

En vous dirigeant vers l’ouest, vous traversez sans difficulté le ruisseau de Manant, la pente s’établit alors à 7%. Quelques trouées entre les arbres permettent d’apercevoir Beaufort en contre bas.

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Au kilomètre 8, le replat du chemin du Baroques offre une respiration. Une courte descente permet de plonger en direction d’Hauteluce que l’on laisse sur la droite pour négocier avec soin un raidillon qui marque le début de la seconde partie de l’ascension. Au terme de cette première moitié d’escalade, vous ne vous êtes élevés que de 490 mètres.

Débute alors à 7 kilomètres des Saisies, une seconde moitié d’ascension bien plus intéressante. La pente reprend un peu de vigueur (7%) sur une route qui se rétrécie tout en ménageant une jolie vue sur le Mont Blanc.

Dans cette nouvelle partie, les courbes deviennent moins serrées et les longues lignes droites se font désormais la part belle. Peu après le passage devant le Chalet de l’Orée du Bois, vous raccrochez la variante qui débute à Beaufort.

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Au kilomètre 9, la montée impose sa pente (8%) au milieu des sapins avant d’entrer dans les Penonts à 5 kilomètres du sommet. En l’espace de deux kilomètres, le pourcentage va sensiblement diminuer (5% au 12ème kilomètre). Cette pause se poursuit jusqu’au Nantailly dans un décor sauvage au milieu des premiers chalets. Le parcours grimpe alors timidement en ondulant à travers les alpages. Tout en vous dirigeant vers le nord, profitez de ces pourcentages roulants pour admirer les sommets du Beaufortin qui dévoilent leurs charmes.

A deux kilomètres du sommet apparaissent les premières habitations de la station des Saisies au passage du chalet Arc en Ciel. La pente se stabilise alors à 7%.

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Au décours d’une ultime courbe sur la gauche débouche la route menant au Signal de Bisanne. A partir de cette intersection, la partie est gagnée puisqu’on ne relève plus que des pourcentages inférieurs à 6%. La station est alors rapidement atteinte. Une longue ligne droite vous permet d’entrer dans les Saisies en remettant du braquet. Il vous reste alors une borne à parcourir sur une route en ligne droite qui s’enfonce dans cette station accueillante et chaleureuse. Cette avenue des Jeux Olympiques permet d’atteindre le panneau du sommet du col après avoir négocié deux ronds-points.

Cette montée des Saisies dont la vie s’articule autour de la pratique du ski de fond présente un intérêt relatif compte tenu d’une circulation automobile importante et du manque de forts pourcentages. Néanmoins, le final offre une jolie traversée d’alpages sur un véritable billard et quelques relances.

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Le maillot vert devance les grimpeurs (22 juillet 2009)

La 17ème étape du Tour 2009 est l’étape reine de cette édition. Elle propose cinq cols dont une nouveauté le col de Romme et une arrivée au Grand Bornand via la Colombière. Dès le départ de Bourg Saint Maurice, le maillot à pois Franco Pelizotti trompe la vigilance des Astana et repart à la chasse aux points.

Dans le premier col de l’étape, le Cormet de Roseland, Cadel Evans miné par les conflits récurrents au sein de son équipe Silence-Lotto est à la dérive. Meilleur grimpeur de cette édition, Franco Pelizotti continue de passer les cols en tête et empoche les 15 points du Cormet de Roseland. Mais dans la descente de ce col beaufortain, le maillot à pois voit revenir sur lui le maillot vert Thor Hushovd : deux maillots distinctifs sont l’avant de la course.

« Feu d’artifice sur la route du Tour : du blanc et du rouge, du vert, du jaune »

L’incroyable se produit alors et dans toutes les couleurs. Le maillot vert souvent porté par un sprinteur passe à l’attaque dans le col des Saisies et lâche le maillot à pois au moment où un autre maillot distinctif le jaune est à l’arrêt sans équipier à ses côtés. On imagine mal un tel comportement au sein de la Régie Renault avec Bernard Hinault en jaune. Ses équipiers auraient tous fini la tête dans la cuvette des toilettes de l’hôtel le soir de l’étape et auraient dormi dehors. Andreas Klöden finit par ramener Alberto Contador dans le peloton mais cet épisode traduit l’isolement du madrilène chez Astana et le rêve inavoué de 8ème sacre pour Lance Amstrong dans l’esprit de Johan Bruyneel.

Le passage du maillot vert en tête d’un col de première catégorie est l’autre image forte du jour. Soucieux de marquer des points aux sprints de bonifications de Praz sur Arly et de Cluses afin de distancer les purs sangs du peloton dans la course au classement par points, le norvégien s’offre un raid solitaire de 90 kilomètres et devance tous les grimpeurs du peloton au sommet du col des Saisies.

saisies Tour de France 1

Thor Hushovd réussit ce qu’aucun autre maillot vert n’avait réalisé auparavant : franchir un col de 1ère catégorie en tête vêtu du maillot du classement par points lors d’une étape en ligne du Tour de France*. Ni Sean Kelly, ni Laurent Jalabert qui ont pourtant fini 4ème du Tour en 1985 et 1995 avec le maillot vert sur les épaules n’avaient réussi une telle prouesse.

Dans l’inédit col de Romme, Amstrong joue avec les nerfs de Franck Schleck dans la bataille pour le podium avant de connaître au final une journée délicate. L’ainé des Schleck attaque à 5 kilomètres du sommet et distance l’américain. Les frères Schleck tentent alors de décrocher le matador madrilène accompagné de son équipier Klöden. Derrière ce quatuor de costauds, Vincenzo Nibali ramène un groupe constitué de Lance Amstrong, Christian Vandevelde et de l’étonnant pistard Bradley Wiggins.

« Contador vs Amstrong : Acte V »

Tout comme chacun des cols précédents, la Colombière offre à son tour une image forte. Alberto Contador attaque sans parvenir à distancer les frères Schleck. Mais son initiative qui fait exploser son équipier Klöden provoque la colère de Johan Bruyneel qui avait interdit au maillot jaune de se dévoiler. La note est salée pour l’équipe Astana : la victoire d’étape leur échappe (Contador n’a pas disputé le sprint), le rêve de triplé Astana s’évanouit et Andreas Klöden est éjecté du podium provisoire au profit de l’ainé des Schleck.

Soucieux de marquer un nouveau point dans la guerre psychologique qui l’oppose à Contador, Amstrong enfonce le clou en déclarant à l’arrivée que « si Klöden finit 4ème du Tour à moins de 2’ du troisième, on saura où il les a perdus » (…) « Moi, j’ai toujours respecté les ordres de mon directeur sportif, toujours ».

L’espagnol marque certes un point sur le plan sportif en finissant dans le même temps que le maillot blanc mais en perd un autre sur le plan psychologique en ayant flingué l’un des rares coureurs resté neutre dans cette guerre interne au sein de son équipe Astana majoritairement acquise à la cause du patron.

« Du mauvais Vaudeville au côté oppressant et cauchemardesque des récits de Kafka »

Déstabilisé, l’espagnol se sent obligé de s’excuser une fois la ligne franchit mais il a une nouvelle fois perdu son duel avec Amstrong sur le terrain psychologique. Le quotidien chez Astana qui pouvait s’apparenter à du mauvais Vaudeville lors de la première moitié du Tour devient kafkaïen à partir de la traversée des Alpes. Afin de justifier la fébrilité de l’espagnol, il convient de rappeler que rarement un maillot jaune n’aura été si mal traité par sa propre équipe qu’au cours du Tour 2009. Le madrilène fut souvent livré à lui-même lors des arrivées en altitude pour redescendre dans la vallée. Rarement attendu par ses équipiers lors d’incidents mécaniques, il n’était pas rare de le voir regagner son hôtel dans le froid et le brouillard sans assistance.

La morale sportive sera sauve avec la deuxième victoire de Contador sur le Tour et l’incroyable troisième place du Patron à 37 ans devant Bradley Wiggins, Franck Schleck, Andreas Klöden et Vincenzo Nibali.

*Cyrille Guimard franchit en tête le Mont Revard vêtu du maillot vert sur le Tour de France 1972 mais le cadre d’une demi-étape de 28 kilomètres et non d’une étape complète.

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