Montée depuis Saint Maurice sur Moselle :
Distance : 9,6 km – Dénivelé : 630 mètres – Pente moyenne : 6,6 % - Pente maximale : 8 %
14/20
Au sud du massif des Vosges, le Ballon d’Alsace promet un joli défi sportif. Situé au confluent de quatre départements et de trois régions, le versant nord offre une pente régulière mais forte. Placé à proximité des sources de la Moselle, Saint Maurice vous accueille au pied du Rouge-Gazon. S’élance de cet endroit la voie verte des hautes Vosges, réseau de pistes cyclables qui sillonnent les vallées.
Après quelques hectomètres de plat en direction du Thillot (552 m), l’ascension propose quatre virolets à 7,5%. A partir du centre équestre (649 m), le dessin de la route devient plus rectiligne. Derrière vous se dresse la tête du Lait (819 m). Vous quittez les pâturages pour entrer dans une épaisse forêt en avalant une série de sept lacets. Vous progressez sur le flanc boisé du Ballon de Servance (1216 m) avec une moyenne de 7%. Le décor dans lequel vous pédalez s’inscrit dans le vaste territoire des Vosges.
La maison forestière du plan du Canon (817 m) que vous dépassez au 4ème kilomètre offre un belvédère sur la combe de la Presles. Suite à cette respiration, débute le tronçon le plus délicat. Le parcours s’enroule au milieu des résineux sur une pente de 7,5% forçant à plus de 8% pendant deux kilomètres. Au plus fort de la montée (872 m) prenez le temps d’apercevoir la vallée de la Moselle qui forme un coude en contrebas. Un kilomètre à 6% vous permet de souffler au kilomètre 6.
Une dernière épingle laisse apparaitre les bâtiments de la Jumenterie (1100 m) au kilomètre 8 qui abritaient un élevage réputé destiné aux ducs de Lorraine. Le plateau est bordé par les roches de Morteville qui se déploient en arc de cercle. A cet instant la partie est gagnée. La pente s’est infléchie à 4%. Face à vous, le Ballon d’Alsace dévoile ses charmes. Des téléskis donnent accès à un domaine constitué d’une quinzaine de pistes de ski et d’une quarantaine de kilomètres de circuits nordiques. Sur votre gauche surgit une statue de Jeanne d’Arc qui rappelle que cette figure historique du Moyen Age est née dans la plaine des Vosges.
L’espace dégagé du col permet d’observer la vallée de la Savoureuse, les étangs du Pays de Belfort et les sommets du Jura. Vous vous trouvez sur la ligne de partage des eaux du Rhône et du Rhin qui a constitué un temps la frontière française. Une stèle perpétue le souvenir de René Potier, premier coureur à avoir franchi le sommet en 1905. Un peu plus loin, une ferme auberge accueille les nombreux touristes et randonneurs qui arpentent les nombreux itinéraires balisés du massif. Pour bénéficier d’un panorama encore plus complet, vous aurez la possibilité d’emprunter le sentier qui rejoint la crête pelée du Ballon (1250 m). D’une barre rocheuse, la vue plonge sur le cirque glacière du lac d’Alfed et sur la vallée de la Doller. La plaine d’Alsace et la Forêt-Noire s’étendent à l’est. Les Alpes et le Mont Blanc occupent l’horizon au sud tandis que le massif du Donon ferme l’espace au nord.
Bien que le versant nord constitue la montée à privilégier, d’autres routes rallient le Ballon d’Alsace. Sur la face sud, depuis Belfort (365 m), on relève 28 kilomètres à 3%, tandis que le versant oriental de Maseveaux (405 m) développe 21,7 kilomètres à 3,6%.
Cette ascension reste mon coup de coeur des Vosges. Au pied du col, vous pourrez séjourner Chez Marlyse qui propose deux chambres d'hôte et offre un accueil chaleureux aux cyclistes.
Bernard Vallet, le maillot à pois des petits cols (4 juillet 1982)
Après Thévenet, double lauréat du Tour (1975, 1977) et Hinault triple vainqueur de la Grande Boucle (1978, 1979, 1981), un troisième Bernard entend jouer les premiers rôles en juillet 1982.
Bernard Vallet prend la tête du classement de la montagne dès le premier jour de course. Le lendemain, le coureur de la Redoute bascule en tête du Ballon d’Alsace dans l’étape Bâle-Nancy et accentue son avance sur son principal concurrent Beat Breu. Se lançant dans un long raid qui prépare les chevauchées des maillots à pois des années 2000, l'isérois engrange ses premiers points. Phil Anderson remporte l’étape et endosse le maillot jaune. L’australien devance le natif de Vienne de 38’’.
Se sachant moins fort que ses adversaires en haute montagne, le futur directeur de course de l'équipe R.M.O. prépare chaque soir dans sa chambre d’hôtel l’étape du lendemain en calculant le nombre de points à distribuer. Vallet accumule un maximum de points en attaquant dans les étapes de plaine puis se défend en montagne en passant en tête des côtes de 3ème et 4ème catégories.
« le premier maillot à pois de baroudeur »
Pensant garder les pois rouges uniquement au cours de la première semaine du Tour, le dossard 18 se met à rêver en sortant de la traversée des Pyrénées avec un petit matelas sur ses poursuivants.
Quatrième du classement général et toujours vêtu du maillot à pois à quelques jours de l’arrivée, Jacques Anquetil conseille à Bernard Vallet de faire un choix pour ne pas tout perdre. Ce fan de Poulidor prend la décision de se concentrer sur le maillot des grimpeurs et bénéficie de l’aide inattendu d’un autre quintuple vainqueur du Tour. Dans les Alpes, Bernard Hinault emmène le maillot à pois dans sa roue dans les cols. Le leader de la Régie Renault dispute les grands prix de la montagne pour confisquer les gros points aux adversaires de Vallet. Le blaireau qui pense aux championnats du monde de Goodwood s’assure ainsi du soutien de Vallet sur les routes du Sussex en Septembre.
Malgré une importante défaillance sur les pentes de Joux Plane qui le voit terminer l’étape à plus de 10 minutes du vainqueur Peter Winnen, Bernard Vallet sauve son maillot à pois en sprintant au sommet de la Colombière et des Aravis. Celui qui n’a jamais franchi en tête un grand col du Tour apparait comme le premier baroudeur au palmarès du grand prix de la Montagne. De l'aveu de son ami Bernard Thévenet, Vallet reste le premier vainqueur du maillot à pois qui n’était pas un véritable grimpeur.
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