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Le Cormet de Roselend

  • Altitude : 1968 mètres
  • Département : Savoie (73)
  • Région : Auvergne Rhône Alpes
  • Catégorie : 1

Montée depuis Beaufort :

Distance : 20,3 km – Dénivelé : 1250 mètres – Pente moyenne : 6,6 % - Pente maximale : 9 %

  • Longueur : 5/5
  • Paysage : 5/5
  • Difficulté : 3/5
  • Trafic : 4/5

17/20

Location de vélo : Starski Sports aux Saisies

Situé au cœur du Beaufortin, le Cormet de Roselend relie le nord de la Savoie à la vallée de la Haute Tarentaise. Empruntée à douze reprises* par le Tour de France depuis 1979, cette montée propose une ascension roulante et sauvage. Le versant ouest qui a souvent eu les faveurs de la grande boucle débute à Beaufort (743 m) connu pour son fameux fromage surnommé « le prince des gruyères ».

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En quittant Beaufort et son église Saint-Maxime par le sud-est, la route s’élève dans le défilé d’Entreroches le long des eaux du torrent de Doron. Le profil affiche d’emblée un peu plus de 7% au niveau de l’embranchement conduisant aux Villes dessous (1100 m). Dans ce décor ombragé et silencieux, la pente atteint rapidement 8,5% avant de s’adoucir au kilomètre 3 au passage de la centrale électrique de Fontanus (1033 m). La montée impose à nouveau sa pente en décrivant de grands lacets qui s’enroulent à travers les sapins. Au kilomètre 5,5, l’ascension propose le passage le plus pentu (9%) qui nécessite de choisir les petits braquets.

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Le Col de Méraillet (1605 m) que l’on atteint au kilomètre 12 conclue cette première partie d’ascension. Vous en terminez à cet instant avec les plus forts pourcentages de la montée.

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Vous laissez sur la droite la route qui monte vers le féroce col du Pré (1703 m). Au décours d’une épingle qui se referme sur la gauche, le barrage de Roselend dévoile alors son impressionnante voute. Une courte descente permet de plonger en direction d’un magnifique lac de 320 hectares blotti au cœur des alpages. Ce réservoir construit dans les années 50 permet d’alimenter les turbines de l’usine souterraine de la Bathie. En vous tournant vers le sud, vous apercevez la Pierra Menta (2714 m), le Mont Coin (2539 m) et le Roc de la Charbonnière (2738 m).

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En contournant ce vaste espace par le nord, vous gagnez sans difficultés les Lanches (1611 m) et sa chapelle romane Sainte Marie Madeleine au kilomètre 13.

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A l’abri du Rocher du Vent (2326 m), vous débutez la seconde partie de la montée après avoir franchi le Pont du Nant des Lautarets (1587 m) au kilomètre 14. Nettement moins accidenté, ce tronçon propose 6 kilomètres d’efforts sur des pentes qui lèchent régulièrement les 8%. Bien lisse et régulière, la chaussée vous emmène sous le Roc du Biolley tout en ménageant une vue grandiose sur les eaux turquoise du Lac. Au décours d’un lacet, apparait une jolie cascade qui prépare l’arrivée au refuge du Plan de la Laie (1822 m) que l’on dépasse au kilomètre 17,5.

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La route dessine deux grands virages qui permettent d’atteindre les chalets du Cormet (1950 m). Le passage devant ce lieu de villégiature propose enfin un relâchement de pente (5,5%). Ce fléchissement se poursuit jusqu’au sommet (dernier kilomètre à 4%) dans un décor sauvage et minéral qui dévoile au sud les aiguilles du Grand Fond (2889 m) et de la Terrasse (2891 m) ainsi que la crête des Gittes (2542 m) au Nord. Après un long effort de 20 kilomètres vous atteignez le traditionnel panneau de sommet de col (1968 m) posé au milieu d’un décor de roches et de vallons verdoyants qui rappelle le final du Petit Saint Bernard.

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En basculant en direction de Bourg Saint Maurice, vous pourrez vous offrir une magnifique descente dans un décor sauvage et somptueux. A la fois rapide dans sa première partie puis plus technique dans la seconde en raison d’un enchainement de neuf épingles, cette plongée propose un spectacle que seuls les cols de Haute Tarentaise offrent. Le Cormet de Roselend est un véritable bijou qui figure parmi les plus beaux cols du Tour de France. Pour une fois, il m’est apparu impossible de définir mon versant préféré quand d’ordinaire l’un l’emporte toujours sur l’autre à mes yeux.

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*Douze passages comptabilisés entre 1979 et 2019

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Alex Zulle tranche le nœud gorgien (11 juillet 1995)

Au lendemain d’une journée de repos, le Tour de France a rendez-vous avec la montagne. Alex Zulle, l’autre carte maitresse de l’équipe de Manolo Sainz lance le festival Once de juillet 95 entre le Grand Bornand et la Plagne. Le suisse va réaliser un formidable exploit solitaire en tenant tête au peloton pendant plus de 100 kilomètres. Dans le col des Saisies, Bo Hamburger et Alex Zulle s’échappent. Le suisse effectue toute la montée en tête sans être relayé par le danois et fond sur le colombien Munoz.

Dans le Cormet de Roselend, le natif du canton de Saint-Gall fait cavalier seul et passe au sommet avec plus de 4’ d’avance sur le peloton maillot jaune au prix d’un violent effort. Zulle accentue son avance dans la descente du Cormet et possède à Bourg Saint Maurice un confortable matelas de 5’ sur Miguel Indurain. En tranchant le nœud gorgien, Alex Zulle devient virtuellement le nouveau maillot jaune du Tour.

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Sentant le danger, Miguel Indurain fait rouler ses hommes dans ce joyau du massif du Beaufortin. Cette accélération sera fatale à Evgueni Berzin qui perd le tour dès la première étape de montagne. Poursuivant son effort dans la vallée de la tarentaise, Alex Zulle maintient un écart de 4’ au pied de la montée vers la Plagne. Personne ne bouge parmi les leaders, on laisse les Banesto assurer le train puisqu’Indurain n’attaque jamais en montagne. Pourtant l’espagnol surprend ses concurrents et passe à l’offensive. Le maillot jaune s’offre alors un contre la montre individuel derrière le suisse et sauve sa première place en comblant la moitié de son retard. Indurain qui n’a jamais attaqué une seule fois en quatre années de règne sur le Tour de France passe une nouvelle fois à l’offensive après l’étape de Liège et relègue tous ses concurrents à 4, 5 et 6 minutes. A la Plagne, les adversaires de Miguel Indurain ont compris qu’ils ne lutteraient que pour la deuxième place sur le Tour 1995.

« Le doublé Vuelta 96-97 »

Alex Zulle termine deuxième de l’édition 1995 derrière l’intouchable espagnol, position qu’il égalera en 1999. En 1996, le suisse remporte son premier grand Tour la Vuelta puis double la mise l’année suivante. Coureur complet, Zulle termine l’année 1996 numéro 1 mondial, empochant au passage le titre de champion du monde du contre la montre. C’est donc dans la peau d’un vainqueur potentiel du Tour de France que le suisse débarque chez Festina en 1998. Ne visant plus les pois rouges mais le jaune depuis sa fantastique 2ème place en 1997, Richard Virenque voit l’arrivée de Zulle d’un mauvais œil. Soucieux de ne pas voir son groupe se fissurer entre suisses et français, Bruno Roussel tranche dès le début de saison en répartissant les rôles : le Giro pour Zulle, le Tour pour Virenque et la Vuelta pour Dufaux. La profonde gentillesse du Suisse et son sens du service lui permettent d’être rapidement adopté par « la bande à Richard ». Pour preuve, l’ancien rival de Tony Rominger est convié au balayage collectif peroxydé qui précède le départ du Tour 98. Lors du prologue de Dublin, l’armada Festina présentée comme la meilleure équipe du monde réalise un impressionnant tir groupé (Moreau 5ème, Zulle 7ème, Dufaux 8ème). Virenque réussit le prologue de sa vie en terminant 14ème pour un grimpeur là ou Pantani finit 181ème. Il peut gagner le Tour.

« L’Affaire Festina »

Mais Willy Woet a été arrêté par les services de douane quelques jours auparavant muni de 235 ampoules d’EPO, 120 capsules d’amphétamines, 82 solutions d’hormones de croissance et 60 flacons de testostérone et corticoïdes. Devant un tel magot, il apparait bien difficile pour le soigneur de venir enrichir le contingent des excuses lunaires brandies par certains coureurs pris la main dans le pot de confiture (cf col du Télégraphe) : c’est le début de la douloureuse Affaire Festina. À la suite des aveux de Bruno Roussel, Jean Marie Leblanc décide de mettre hors course l’équipe Festina le 17 juillet. Au cours d’une conférence de presse improvisée dans un café corrézien, Richard Virenque se retire du Tour et « donne rendez-vous à l’année prochaine » entre deux sanglots.

Lors de la garde à vue à l’hôtel de police de Lyon, Zulle est le premier des neuf coureurs de l’équipe Festina à craquer (Virenque et Hervé ne cèderont pas). Entièrement déshabillé et privé de ses lunettes pendant sa garde à vue (le suisse est myope comme une taupe) par des policiers qui le confondent avec Booba et Kaaris, le coureur qui pleure comme une madeleine (pas le col) admet se doper à l’EPO et aux corticoïdes depuis quatre ans. Déjà suspecté à plusieurs reprises et blanchi pour un contrôle au salbutamol en 1994, Zulle passe à table et quitte sa cellule. Malgré ses aveux, il sera condamné à huit mois de suspension à partir du 1er octobre.

De retour à la compétition au sein de l’équipe Banesto qui cherche désespérément un héritier à Miguel Indurain après le fiasco Abraham Olano, Zulle retrouve le sommet en finissant 2ème du Tour 99 dont il était le favori. Le passage à l’an 2000 marquera le déclin du coureur suisse lors des grands Tours (Tour de France 2000 : abandon, Tour d’Espagne 2000 : 49ème ; Tour d’Espagne 2001 : 109ème ; Tour d’Espagne 2003 : abandon)

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