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Le col du Portillon

  • Altitude : 1293 mètres
  • Département : Haute Garonne (31)
  • Région : Languedoc Roussillon-Midi Pyrénées
  • Catégorie : 1

Montée depuis Bagnères de Luchon :

Distance : 10,20 km – Dénivelé : 663 mètres – Pente moyenne : 6,5 % - Pente maximale : 14 %

  • Longueur : 3/5
  • Paysage : 2,5/5
  • Difficulté : 2,5/5
  • Trafic : 3/5

11/20

Location vélo : Luchon Cycling à Bagnères de Luchon

Le col du Portillon est un col pyrénéen qui permet de relier Bagnères de Luchon et Bossost, dont le sommet matérialise la frontière entre la France et l’Espagne. Régulièrement emprunté par le Tour de France depuis 1954, le versant nord débute à Bagnères de Luchon (625 m) qui est également le pied du col de Portillon et de la montée vers Superbagnères (1804 m). Réputée pour ses eaux sulfurées et ses sources thermales depuis l’époque gallo-romaine, celle que l’on surnomme « la reine des Pyrénées » a connu un essor important sous le second Empire et la IIIème République grâce à de grands travaux d’aménagements (arrivée du train, installations hydroélectriques, construction du casino, de thermes, de vastes demeures et de grands hôtels) et au tourisme.

Les premiers hectomètres permettent de descendre les allées d’Etigny bordées de Tilleuls puis de rejoindre St Mamet (630 m) en traversant la Pique. La route oblique vers le sud en longeant cet affluent de la Garonne sur une pente modérée. La déclivité augmente à la sortie de ce village à 10% avant de s’adoucir à l’approche de l’ancien poste de frontière de Péquerin au départ du sentier du Clôt des Poupées.

portillon 1

Une longue ligne droite aux pourcentages élevés remonte la vallée en séparant la forêt domaniale de St Mamet sur la droite du bois de la Réouère sur la gauche. Ce tronçon rectiligne qui permet d’apercevoir la tour médiévale de Castel Vieil se termine par deux épingles au fort dénivelé peu après la jonction avec le chemin du Portillon.

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A l’approche de la cascade de Sidonie (807 m) au bruit assourdissant, la route dessine une série de lacets aux pourcentages irréguliers. Il est alors difficile de trouver son rythme en raison d’incessantes ruptures de pente. Au décours de la cascade au kilomètre 5, la montée offre une forte rampe (13%) puis une route à nouveau plus linéaire qui mène au ravin de l’Artiguette.

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Les quatre derniers kilomètres qui proposent une pente comprise entre 8 et 11% serpentent à nouveau en longeant le ruisseau du Burbe. L’absence de bornes kilométriques prive les cyclistes de points de repère et ajoute une touche de difficulté à l’ascension. Mais comme sur tous les cols de Haute Garonne (col des Arès, col du Portet d’Aspet, col de Menté) un panneau unique situé à 3 kilomètres du sommet indiquant le nombre de kilomètres à parcourir et l’altitude matérialise le passage des 1000 mètres et redonne le moral. L’Espagne est proche malgré une pente qui ne va cesser d’augmenter après le passage devant la petite maison prénommée St Metcha.

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Cette montée qui n’offre ni perspective ni panorama se fait essentiellement en forêt sur une route en bon état. Au sommet, on devine Superbagnères toujours enneigé en ce début mai, boudé par le Tour depuis 1989.

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Laurent Jalabert sur la route du maillot à pois (21 juillet 2001)

Le passage à l’an 2000 voit disparaître une espèce que j’ai adorée : celle des grands grimpeurs qui visaient le maillot à pois tout en jouant le classement général sur le Tour de France (Van Impe, Herrera, Chiappucci, Virenque). Dans les années 80 et 90, le maillot blanc à pois rouges était toujours présent dans le groupe des favoris lors de l’ascension finale des étapes de montagne.

A partir de 2001 et Laurent Jalabert, les lauréats de ce classement seront des coureurs qui se lancent dans de longs raids en montagne pour marquer de précieux points. Les prestigieux grimpeurs ont laissé place le plus souvent à des super-baroudeurs comme Antony Charteau ou Thomas Voeckler qui ne peuvent jouer le général et ce maillot perd de son éclat. Cette perte de prestige du maillot à pois s’explique également par l’attitude des grands leaders vis à vis de ce maillot qui se désintéressent désormais de lui*. Même les seconds couteaux préfèrent viser une 7ème, 8ème, 9ème ou 10ème place qui rapporte des points UCI plutôt que de rapporter le maillot à pois à Paris. Le maillot de meilleur grimpeur disparait alors systématiquement du peloton des favoris quand la course des leaders débute dans la dernière ascension**.

« Le maillot à pois ne gagne plus »

Lorsqu’un grand coureur remporte le grand prix de la montagne, toujours sans véritablement le chercher, il ne portait jamais le maillot à pois pendant l’épreuve (Carlos Sastre en hérite sur tapis vert en 2008, Christopher Froome est vêtu de jaune en 2015, Nairo Quintana l’endosse lors de l’étape des Champs Elysées en 2013). Entre la victoire de Richard Virenque en 1997 à Courchevel et celles de Warren Barguil à Foix puis au sommet de l’Izoard en 2017, seul Rafal Majka a gagné une étape de montagne vêtu du maillot à pois en 2014 après avoir été échappé toute la journée.

Face à une telle attente, j’ai espéré au soir de sa victoire à la Planche des Belles Filles sur le Tour 2017, que Fabio Aru allait redonner à ce prestigieux maillot son lustre d’antan en faisant de ce classement un objectif. Si cela n’a malheureusement pas été le cas, la surprise est venue de Warren Barguil qui a porté le maillot à pois pendant 2 semaines comme un coureur des années 90 avec l’apothéose de l’Izoard.

Le 21 juillet 2001, l’étape entre Foix et St Lary Soulan aux allures de montagne russe symbolise cette évolution. Laurent Jalabert réalise une échappée solitaire de 170 kilomètres avec le classement de la montagne comme objectif. En effet cinq cols (Portet d’Aspet, Menté, Portillon, Peyresourde, Val Louron Azet) et la montée finale vers le Pla d’Adet sont proposés aux coureurs.

« Jaja enfin populaire »

13ème du général le matin de l’étape, Jalabert qui ne présente aucun risque pour Amstrong, bénéficie d’un bon de sortie et dépossède Laurent Roux du maillot à pois en faisant le break dans le col du Portillon. En l’absence de Virenque, Jalabert réussit son plus beau Tour de France et y connaît enfin la popularité que ni deux maillots verts ni quatre journées en jaune ne lui avaient apportée. En changeant d’équipe, Jalabert change d’objectif sur la grande boucle en passant du jaune aux pois rouges. L’effet est immédiat, les « Allez Jaja » remplacent les « Allez Richard ».

portillon Tour de France 1

Derrière le mazamétain, Ulrich tente de décrocher Amstrong dans la montée puis la descente de Portillon. Cette prise de risque est telle que l’allemand rate un virage pour finir dans le bas-côté. Ulrich remonte en selle et se lance à la poursuite de l’américain qui sportivement s’est relevé pour attendre le champion d’Allemagne.

Dans les derniers lacets de la montée du Pla d’Adet, Amstrong démarre et lâche définitivement Ulrich avant de fondre sur Jalabert et remporter sa troisième victoire sur ce Tour 2001. Il enfile le maillot jaune qu’il gardera jusqu’à Paris.

Jalabert remportera pour la première fois le grand prix de la montagne cette année-là et reste à ce jour l’unique coureur ayant gagné à la fois le classement par points et le grand prix de la montagne***-****

*Michael Rasmussen fait du maillot à pois son objectif en 2005, 2006 et 2007

**Entre 2001 et 2016 seul Michael Rasmussen, Samuel Sanchez et Bernhard Khol (qui sera déclassé) ont fini dans le Top 10

***Laurent Jalabert gagne le maillot vert en 1992 et 1995 puis le maillot à pois en 2001 et 2002

****Eddy Merckx a fait le triplé en 1969 (classement général, classement par points, grand prix de la montagne) tout comme Bernard Hinault sur 2 années (jaune et vert en 1979 puis pois rouges en 1986)

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