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Col du Granier

  • Altitude : 1134 mètres
  • Département : Savoie (73)
  • Région : Auvergne Rhône Alpes
  • Catégorie : 1

Montée depuis Chambéry :

Distance : 15,30 km – Dénivelé : 864 mètres – Pente moyenne : 5,7 % - Pente maximale : 8,5 %

  • Longueur : 4/5
  • Paysage : 3/5
  • Difficulté : 2,5/5
  • Trafic : 4/5

13,5/20

Depuis la fin des années 80, cette ascension est épisodiquement sortie de l’oubli après avoir été un classique du Tour au lendemain de la seconde guerre mondiale. La montée du col du Granier ne comporte pas de difficultés majeures quel que soit le trajet emprunté. Le versant nord qui permet d’entrer dans le massif de la Chartreuse propose trois itinéraires (St Cassin, les Meuniers, Chanaz) de difficultés équivalentes.

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En prenant votre envol depuis Chambéry (274 m), vous quittez la cité des Ducs par ses faubourgs sud à l’aide du boulevard de Bellevue. La pente s’établit à 5% après le passage devant le Parc de l’Etincelle avant forcir au quatrième kilomètre (8,5%) en entrant dans « l’émeraude des Alpes ». Parmi ses nombreuses routes d’accès, la variante qui emprunte le passage des Meuniers (646 m) se caractérise par une longue approche sur une pente modérée. Cette voie permet de rejoindre sans trop d’effort la route passant par Saint Cassin au kilomètre 6. Au terme de cette première partie, vous ne vous êtes élevés que de 373 mètres.

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En enroulant deux beaux virages, la route s’enfonce dans la forêt domaniale pour remonter en pente douce en suivant le cours du ruisseau du Viard en direction du Mas du Clot (650 m). La vue sur le massif des Bauges se dévoile sur votre gauche. Vous progressez sur le flanc nord du col du Granier sur une pente de 5,5%. Le décor dans lequel vous pédalez s’inscrit dans le vaste territoire du massif de la Chartreuse. Au décours d’une épingle se refermant sur la gauche, vous atteignez facilement le croisement avec la route de Chanaz 1 kilomètre après la sortie des Meuniers (646 m).

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A la sortie du Mas du Clos (650 m), la route oblique en direction du nord est. Vous êtes à présent dans la seconde partie du col d’une longueur de 8 kilomètres sur laquelle des trouées de sapins ménagent de jolies vues sur le Mont Blanc. Vous avalez le plus beau lacet de la montée qui s’élève sur la droite au-dessus des Gorges du Trochet (700 m). La route épouse la falaise calcaire, vous remettez à cet endroit un peu de braquet pour soutenir votre effort.

Au kilomètre 9, la pente s’incline à 5,5% pour déboucher sur le Tunnel du Pas de la Fosse (820 m) qui marque l’intersection avec l’une des variantes Est du col en provenance de St Badolph (311 m). La sortie de ce tunnel au 10ème kilomètre marque l’entrée dans la partie la plus agréable de la montée. L’immense paroi verticale du Mont Granier (1933 m) apparait. Au sud, vous devinez la chaine de Belledonne.

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Retrouvant une déclivité raisonnable, il est alors possible de remettre du braquet pour atteindre sans trop d’effort le Pont du Rousselet (900 m) au kilomètre 12. A la suite à cette respiration, la déclivité oscille entre 5 et 6%. En quittant le lit du Torrent du Rousselant, la chaussée virevolte à l’aide de deux lacets qui permettent de rallier le carrefour avec la variante de Myans (338 m). Le profil affiche de nouveau un pourcentage moyen de 5% au niveau de cet embranchement.

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On remonte sans effort le cours du torrent des Favières au milieu des bois. Puis en franchissant le Pont du Favière (1015 m), la route s’élève en décrivant des virages peu prononcés à travers les sapins. Cette route désordonnée permet de rejoindre l’intersection de la troisième variante en provenance de Chapareillan (275 m). Bien lisse et régulière, la chaussée vous emmène au sommet du col qui se trouve à deux tours de roue de la frontière entre le département de la Savoie et celui de l’Isère.

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Accessible par de nombreuses voies, le sommet du col du Granier offre un joli panorama aux portes des Alpes. Pour découvrir cette carte postale, il vous faudra vous échapper de Chambéry et de ses Kebab puis traverser une première partie balafrée par une ligne à haute tension. Le restaurant du col du Granier vous apportera chaleur et réconfort au sommet.

Ce versant nord qui a majoritairement eu les faveurs du Tour dans le sens de la descente constitue le dernier temps de la trilogie du Massif de la Chartreuse (col de Porte, col du Cucheron, col du Granier). Si cette montée présente peu de difficultés, il convient néanmoins de ne pas sous-estimer la valeur de cette ascension ouverte toute l’année en attaquant le pied trop rapidement.

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Pedro Delgado à la recherche du temps perdu (21 juillet 1989)

Longue de 125 kilomètres, l’étape du 21 juillet 1989 propose aux coureurs l’enchaînement col de Porte, col du Cucheron, col du Granier puis la plongée vers Aix les Bains.

Depuis un prologue désastreux au cours duquel Pedro Delgado s’est présenté au départ avec deux minutes de retard, le dossard numéro 1 est à la recherche du temps perdu sur les deux animateurs du Tour 89 Laurent Fignon et Greg Lemond. Pensant « pouvoir faire un petit tour », l’espagnol qui est « toujours en retard dans la vie » apparait enfin sur la ligne de départ au Luxembourg avec un chrono qui a été déclenché depuis 2’40. Le tenant du titre et grand favori de la compétition suite à son succès sur la Vuelta en mai perd le Tour alors que celui n’a même pas encore débuté. Une plaie biblique s’abat sur Delgado sous les yeux du nouveau co-sponsor la banque Banesto qui vient de signer un partenariat avec Reynold’s. Pour ne rien arranger, l’équipe espagnole prend le lendemain la 22ème place du contre la montre par équipe à 4’32 des Super U de Laurent Fignon. Marqué par son énorme bévue, Pedro Delgado qui n’a pas dormi de la nuit ne peut suivre le rythme de ses équipiers. L’espagnol admet être l’unique responsable de cette dernière position au classement de l’étape toujours sous les yeux du nouveau sponsor… Le dossard 1 accuse après seulement deux jours un retard de 7 minutes sur Laurent Fignon qui a su maintenir sa forme italienne du printemps.

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Enfin aérien lors de la traversée des Pyrénées, le leader de l’équipe Reynold’s remonte à la quatrième place du classement général avant de déposséder Charly Motet de la 3ème à l’Alpe d’Huez. Pointant désormais à 2’28 de Laurent Fignon, l’espagnol aborde cette trilogie du massif de la chartreuse avec le vent en poupe.

« La remontada de Delgado »

Soucieux de continuer à reprendre du temps au maillot jaune, Pedro Delgado poursuit sa remontada en attaquant dès le 50ème kilomètre de course, emmenant avec lui Laurent Fignon, Greg Lemond, Gert-Jan Theunissse et Marino Lejarreta. L’échappée royale compte au sommet du col de Porte que Delgado franchit en tête 1’25 d’avance sur Steven Rooks, Sean Kelly et Raul Alcala. Charly Mottet concède déjà 2’10 sur les cinq attaquants.

Pedro Delgado poursuit son action dans le col du Cucheron qui voit le maillot jaune accélérer et prendre 300 mètres d’avance. Au rupteur depuis St Pierre de Chartreuse, Lemond ne peut répondre à cette attaque. Mais jugeant l’arrivée trop lointaine, le parisien qui se balade sur les routes du massif de la Chartreuse se relève. Malgré les objections de Guimard, Fignon qui estime que le risque de coincer est important après plusieurs jours de course intense ne souhaite pas prendre de risque. Il reste encore 70 kilomètres d’efforts à fournir et un vent défavorable souffle sur la cité des Ducs.

Dans le col du Granier, l’essentiel du travail est effectué par Fignon et un grand Delgado qui devance une nouvelle fois Theunisse au sommet. Lemond qui a passé l’étape en 5ème position sans jamais relayer Fignon et Delgado apparait très fatigué. L’américain qui possède une équipe AD Renting d’une faiblesse infinie (seul trois coureurs seront à l’arrivée à Paris) commence-t-il à payer la note ?

Aucun coureur de cette échappée de luxe ne parvient à faire la différence lors de l’ascension de ces trois cols du massif de la Chartreuse. Le résultat de cette étape va donc se jouer au sprint à Aix les Bains.

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Lors de la traversée de Chambéry, Lejarreta négocie mal un rond-point et tire tout droit obligeant ses compagnons d’échappée à poser pied à terre. Soucieux de maintenir l’écart avec le groupe Rooks, les cinq coureurs collaborent entre Chambéry et Aix les Bains.

Lemond qui lance le sprint de loin finit devant Fignon et prend sa revanche sur le français qu’il l’avait battu la veille à Villard de Lans. Le protégé de Guimard qui a traité l’américain de suceur de roues pendant trois semaines (la camaraderie des soirées cocaïne du Tour de Colombie 84 parait oubliée) félicite avec sincérité son rival en lui tapant sur l’épaule une fois la ligne d’arrivée franchie. Dans son esprit, le Tour est terminé et il a gagné son troisième Tour de France. Les deux anges blonds du cyclisme mondial ont livré un fantastique duel au cours de ce mois de juillet 1989 qui a vu les duels d’anthologie se multiplier sur la planète Sport : Lemond vs Fignon, Becker vs Edberg, Prost vs Senna.

Mais ce que l’on ignore encore c’est que le français commence à souffrir d’une inflammation du périnée qui va faire rentrer le Tour 89 dans la légende. Au cours de cette étape, Fignon a ressenti une vive douleur à l’entrecuisse qui l’empêche désormais de dormir et de pédaler. On connait la suite.

Pedro Delgado qui a franchi en tête les trois cols du jour aura tout tenté pour renverser le Tour mais le double handicap du Luxembourg et le niveau de ses adversaires l’empêcheront de conserver son titre. Si l’on gomme la perte de temps concédée lors du prologue, Pedro Delgado aurait échoué à 56" de Greg Lemond.

« La controverse du Tour 88 »

Vainqueur de la Vuelta en 1985, Delgado assomme le Tour de France 1988. Deuxième derrière Stephen Roche en 1987, l’espagnol se mue lors de son retour au sein de l’équipe Reynold’s en un véritablement patron étouffant les querelles et rivalités internes. Prenant le pouvoir de façon définitive à l’Alpe d’Huez en 1988, Delgado enfonce le clou le lendemain sur le contre la montre de Villars de Lans puis à Cuzet Neige. Accentuant encore son avance sur ses adversaires colombiens et hollandais à Luz Ardiden, le condor se voit couper les ailes par l’annonce d’un contrôle positif au Promedicide qui permet de masquer la prise d’anabolisants. Profitant de l’hétérogénéité de la règlementation en matière de lutte anti-dopage (le produit est inscrit sur la liste des produits interdits par Comité international Olympique mais pas sur celle de l’Union Cycliste Internationale), Perico est blanchit deux jours plus tard lors de la dernière étape de l’histoire du Tour arrivant au Puy de Dôme. Pedro Delgado succède à Luis Ocana vainqueur de la grande boucle 15 ans auparavant et devient le troisième espagnol vainqueur du Tour de France.

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