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Col d’Aubisque

  • Altitude : 1709 mètres
  • Département : Hautes Pyrénées (65)
  • Région : Languedoc Roussillon-Midi Pyrénées
  • Catégorie : HC

Montée depuis Argelès Gazost :

Distance : 29 km – Dénivelé : 1365 mètres – Pente moyenne : 5,2 % - Pente maximale : 10 %

  • Longueur : 5/5
  • Paysage : 5/5
  • Difficulté : 4/5
  • Trafic : 4/5

18/20

Location de vélo : Ardiden Vélo à Luz Saint Sauveur

Ce monument de la grande boucle propose par son versant oriental qui débute à Argelès Gazost (465 m) une ascension en trois parties via le Soulor (1474 m). Culminant à 1709 mètres d’altitude, ce mythe du Tour de France relie la vallée d’Ossau à l’ouest et celle du Gave du Pau à l’est. Malgré un faible pourcentage moyen pour un col de ce massif, il convient de ne pas sous-estimer la valeur de cette difficulté. Au cœur des Pyrénées, le défi physique est garanti en raison d’un kilométrage record pour cette chaine montagneuse (près de 30 kilomètres).

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Le pied de la montée permet de s’échapper de la capitale du Lavedan grâce à la route de l’Aubisque qui s’élève rapidement sur les flancs du Mont de Gez (1097 m). Debout sur les pédales, vous apercevez l’église Saint Saturnin, le casino, le jardin des Bains et les thermes de la commune.

Très fréquentée, cette ancienne route thermale qui contourne le centre historique d’Argelès propose une déclivité agressive (8%) pour rejoindre Arras en Lavedan (695 m). La pente se stabilise autour de faibles pourcentages en remontant le cours du Gave. Au terme de ces 3 premiers kilomètres, vous atteignez sans difficulté le plateau du val d’Auzun. Le décor dans lequel vous pédalez s’inscrit dans le vaste territoire du Parc National des Pyrénées.

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Au kilomètre 7, une courte descente permet de plonger en direction du hameau des Arrassets. Une longue ligne droite laisse le temps d’apprécier le Pic de Peyre (1434 m) au Nord qui offre une randonnée accessible aux débutants depuis Arcizans-Dessus (900 m). Vous laissez alors sur votre gauche la route menant au lac d’Estaing. Cette pause se poursuit jusqu’à Aucun (845 m) que vous avalez au kilomètre 9. Le passage devant la tour médiévale propose un ultime relâchement qui permet de mettre la main à la poche avant de prendre un sérieux coup derrière les carreaux.

La traversée de Marsous (859 m) au kilomètre 10 qui constitue l’avant dernier hameau de la montée prépare l’arrivée des pourcentages. La sortie d’Arrens Marsous (878 m) au kilomètre 12 offre le morceau le plus difficile de cette escalade. Suite à un lacet qui se referme sur la droite, la pente se dresse à 8,5% de moyenne pendant 7,5 kilomètres. La route qui se nomme désormais route du Soulor s’élève alors en lacets au fort dénivelle (8%). Le ton est donné et il est impératif de trouver la bonne cadence sur ce changement de terrain. Sur ce tronçon plus exigeant, vous progressez sur une pente dont la déclivité ne cesse d’augmenter jusqu’à 11% à 4 kilomètres du sommet du Soulor.

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A l’approche du sommet, vous découvrez le Chalet du Soulor puis la station du Val d’Azun-Soulor dont les 110 kilomètres de pistes de ski de fond forment le plus gros espace de ski nordique du département.

En poursuivant votre effort en direction de l’ouest, une courte descente de 2,6 kilomètres à 4,4% permet d’atteindre le département des Pyrénées Atlantiques (64). Suite à cet appréciable pallier de récupération, se dressent 7,5 kilomètres à près de 5% de moyenne qui constituent la montée de l’Aubisque.

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Très supportable dans un premier temps, la pente oscille entre 4 et 6% en vous éloignant du Cirque du Litor (1358 m). Tout en grimpant en direction du nord-ouest, prenez le temps de savourer un joli point de vue sur le Pic de la Latte de Bazen (2472 m).

Vous contournez par le nord le Mont Laid (1891 m) en suivant cette route qui remonte en pente douce. Rien ne trouble ce défilé de sommets pelés. Le passage sous un tunnel d’une centaine de mètres oblige à la plus grande prudence en raison de l’absence d’éclairage et d’une route en mauvais état.

Le kilomètre 27 annonce un final bordé d’un impressionnant parapet. Le Soum de Grum (1870 m) au Nord et l’Ausetch Lounc, Turon de (1747 m) au sud encadrent ce ruban de bitume ondulant à 7% de moyenne. La récompense se trouve au bout de cette ligne droite de 2 kilomètres qui laisse apparaitre en direction du sud la station de Gourette (1400 m) traversée par le versant occidental.

Ce long effort s’achève dans un décor de carte postale qui confère à l’Aubisque le titre de plus beau col des Pyrénées. Etant indéniablement, le moins difficile des cinq monuments du Tour de France, l’Aubisque reste néanmoins un beau défi physique en raison de ses pourcentages irréguliers et de son important kilométrage.

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Happy Wednesday pour Stephen Roche (17 juillet 1985)

Cette fin de Tour 1985 est marquée par la baisse de performance du maillot jaune Bernard Hinault depuis sa chute lors du sprint de St Etienne. La veille dans la première étape pyrénéenne qui offrait le mythique tryptique Aspin/Tourmalet/Luz Ardiden, Bernard Hinault aurait pu perdre le Tour si le directeur sportif de la Vie Claire n’avait pas interdit à Lemond d’attaquer dans la montée de Luz Ardiden (cf col de Peyresourde).

C’est dans ce contexte tendu que s’élance la demi-étape entre Luz Saint Sauveur et le sommet de l’Aubisque. Les 52 kilomètres offrent l’ascension du Soulor puis celle de l’Aubisque par son versant est. Dès le pied du Soulor, Luis Herrera attaque. Le maillot à pois est pris en chasse par Stephen Roche qui le contre aussitôt. Le leader de la Redoute se lance dans un grand numéro et franchit le col du Soulor 50’’ devant le colombien qui est repris par le groupe des favoris dans la courte descente qui précède la montée finale.

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Débute alors une course poursuite entre l’irlandais et un groupe qui réunit la crème de la crème mais surtout quatre maillots distinctifs : le jaune de Bernard Hinault, le mondrian de Greg Lemond, le maillot à pois de Luis Herrera et le maillot vert de Sean Kelly. Pedro Delgado, Paul Wellens, Fabio Parra et Beat Breu complètent ce groupe de costauds.

Stephen Roche remporte sa première étape sur le Tour de France 1’3 devant Sean Kelly, 1’5 devant Paul Wellens et 1’15 devant un groupe comprenant Herrera, Anderson, Delgado et Lemond. Cette victoire devant toutes les stars du peloton est synonyme non pas d’un dimanche sanglant pour l’irlandais mais d’un mercredi heureux.

Bernard Hinault qui apparait en difficulté depuis l’entrée dans les Pyrénées lâche prise à 2 kilomètres du sommet. Le maillot jaune est ramené par le maillot à pois dans un premier temps avant d’être à nouveau distancé. Bernard Hinault qui a su gérer les derniers kilomètres limite la casse et finit à 1’30 de Stephen Roche. Jacques Anquetil qui commente le Tour sur Antenne 2 en compagnie de Robert Chapatte souligne avec ironie que « Luis Herrera veut décidément bien se mettre avec Bernard Hinault ».

L’irlandais confirme les espoirs placés en lui en terminant le Tour 85 à la 3ème place derrière l’imbattable duo Hinault/Lemond. Débarrassé de ces deux coureurs d’exception (Hinault prend sa retraite en 86 et Lemond est victime d’un grave accident de chasse en avril 87), Roche effectue une saison 87 qui restera dans l’histoire en réalisant le triplé Giro-Tour de France-championnat du monde que seul le grand Eddy Merck avait réalisé en 1974. Il est alors au sommet.

« Where The Streets Have No Name »

Cédant aux sirènes de l’argent, l’irlandais signe chez Fagor pour la saison 88. Ce choix se révèlera catastrophique. Brouillé avec ses dirigeants et régulièrement blessé, l’irlandais ne connaitra pas la joie de porter le maillot arc en ciel et le dossard 1 sur le Tour de France comme Merckx en 72 et 75 puis Lemond en 90. À la suite du chef d’œuvre de 1987, l’irlandais multiplie les erreurs dans ses choix d’équipe (Fagor 88-89), Histor-Sigma (90), Tonton Tapie-Corona (91). Ses résultats sur le Tour sont alors indignes : forfait en 88, abandon en 89, 44ème en 90 et hors délai en 91. Pourtant très apprécié dans le milieu, il devient la risée du peloton en se présentant en retard au contre la montre par équipe de la 2ème étape du Tour 91. Le souriant Stephen doit courir l’étape seul et arrive hors délai. Ce jour-là, Roche veut à la fois courir et se cacher sur ce parcours rhodanien où les rues n’ont pas de nom. Le natif de Dublin ne peut pas croire les nouvelles du jour : il rentre à la maison dès la 2ème étape d’un Tour qui s’annonce ouvert.

Tout comme Laurent Fignon chez Gatorade, Stephen Roche réussit sa fin de carrière en signant au sein d’une équipe transalpine. Le vainqueur du Tour 87 retourne chez Carrera en acceptant lui aussi de se mettre au service d’un italien. Il s’offre une dernière étape sur le Tour de France lors de sa victoire à la Bourboule en 1992. L’irlandais finit le Tour à une très honorable 9ème place puis prend la 13ème en 1993 pour le dernier Tour du facétieux Stephen.

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