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Le Port de Balès

  • Altitude : 1755 mètres
  • Département : Hautes Pyrénées (65)
  • Région : Languedoc Roussillon Midi Pyrénées
  • Catégorie : HC

Montée depuis Mauléon Barousse :

Distance : 19 km – Dénivelé : 1185 mètres – Pente moyenne : 6,3  % - Pente maximale : 14 %

  • Longueur : 4/5
  • Paysage : 5/5
  • Difficulté : 4,5/5
  • Trafic : 5/5

18,5/20

Location vélo : Luchon Cycling à Bagnères de Luchon

Ce magnifique col pyrénéen fait partie des découvertes de Christian Prudhomme au même titre que le Signal de Bisanne, le col du Pré, la montée du plateau des Glières ou le col du Portet. Si son histoire d’amour avec le Tour de France est récente car datant de 2007, elle est amenée à durer comme en atteste la fréquence des passages de la grande boucle (1 année sur 2 en moyenne entre 2007 et 2017).

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Le sommet du Port de Balès qui culmine à 1755 mètres d’altitude constitue une voie de passage entre les Hautes Pyrénées et la Haute Garonne. Situé entre la vallée de Barousse et la vallée d’Oueil, il a longtemps été accessible uniquement par le biais de pistes forestières. Sa route a été goudronnée en 2006 pour accueillir le Tour qui l’a toujours emprunté par ce versant nord.

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Le versant depuis Mauléon Barousse (580 m) débute par une courte rampe (7.5%) qui précède un adoucissement de pente à partir de la jonction avec la D132 qui mène à Ourde (592 m). La route épouse le lit de l’Ourse de Ferrère en suivant un axe rectiligne malgré quelques virages peu prononcés pendant 9 kilomètres. La sortie de Ferrère (680 m) au kilomètre 4 marque l’entrée dans l’imposante forêt domaniale de Barousse d’une superficie de 1260 hectares.

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L’ascension se poursuit en direction des Chalets Saint Nérée (790m) que l’on traverse au kilomètre 6 qui accueillent depuis 1955 de jeunes Hauts Viennois dans le cadre de leurs vacances. Au décours de ce lieu de villégiature, la route oblique vers le sud et franchit cet affluent de la Garonne par le pont des granges de Crouhens au kilomètre 7. Tout au long de la remontée de cette vallée nommée la Barousse, les amoureux du vélo croisent les amoureux de la pêche à la truite dans un décor somptueux aux nombreuses nuances de vert favorisées par d’importantes précipitations.

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Ce 7ème kilomètre marque le début des difficultés en raison d’un changement brutal de pente. La véritable ascension commence à cet endroit sur l’autre rive de l’Ourse de Ferrère et propose 12 kilomètres à 8% de moyenne dans un esprit très pyrénéen fait de ruptures de pente incessantes et de forts pourcentages sur une route étroite. Ces importantes variations de déclivité m’ont considérablement gêné pour trouver mon rythme.

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A cela s’est ajoutée l’angoisse permanente de la crevaison en raison d’importantes chutes de pierre qui ont occasionné la fermeture du col à la circulation au niveau des granges de Crouhens. J’ai pu cependant profiter d’une route sans circulation automobile et utiliser toute la largeur de la chaussée. J’ai découvert à cet instant un col d’une beauté rare dont l’irrégularité des pourcentages oblige à constamment relancer l’allure en adoptant une position en danseuse.

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A 3 kilomètres du sommet, la route s’éclaircie pour offrir un panorama somptueux dont je n’ai pas pu profiter à cause d’un épais brouillard. Cette partie très sauvage est exposée au vent qui balaye cette route plus linéaire aux pourcentages moins sévères. L’arrivée au sommet au milieu de ma première neige pyrénéenne qui fait suite à un double gauche constitue une délivrance après un tel effort debout sur les pédales pendant 10 kilomètres.

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Le Port de Balès est une merveille, il incarne le col pyrénéen : il est sauvage, préservé, verdoyant et ses paysages sont sublimes. Les pourcentages y sont très élevés et les ruptures de pente nombreuses. Il remporte selon moi le prix du plus beau col des Pyrénées. Le Port de Balès constitue une forme de psychothérapie tant son silence, sa difficulté, sa beauté et sa longueur permettent une reconnexion à soi.

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Le saut de chaine d’Andy Schleck (19 juillet 2010)

La 15ème étape du Tour 2010 mène les coureurs de Pamiers à Bagnères de Luchon. Dans cette édition qui apparait comme la revanche du Tour 2009, Andy Schleck est en jaune depuis sa victoire à Avoriaz. Le tenant du titre Alberto Contador est en embuscade à 31" du luxembourgeois. Ce deuxième épisode pyrénéen voit une échappée se former après trois heures de course et aborder le port de Balès avec 11’ d’avance sur le peloton. Meilleur grimpeur de ce groupe, Thomas Voeckler attaque à 5 kilomètres de ce col HC pour remporter une nouvelle victoire d’étape sur le Tour vêtu du maillot de champion de France. Cette 5ème victoire française sur cette édition 2010 sera éclipsée par le fait marquant de l’épreuve sur les pentes du Port de Balès.

« La grande bagarre du Tour est lancée »

A 3 kilomètres du sommet, le maillot jaune démarre emmenant avec lui Alexandre Vinokourov. Contador surpris par l’attaque de son rival marque un temps de réaction et laisse le luxembourgeois prendre quelques mètres d’avance. Après plusieurs rounds d’observation lors des étapes précédentes, le duel est enfin lancé. Schleck est peut-être en train de gagner le Tour mais il va le perdre lorsque sa mécanique finit par s’enrayer. Contador dépasse sans un regard son rival à l’arrêt qui va même descendre de vélo pour remettre sa chaine. Le maillot jaune va se lancer à la poursuite de l’espagnol qui creuse l’écart grâce au soutien de Samuel Sanchez et de Denis Menchov qui jouent une place sur le podium. Les trois coureurs passent au sommet avec 17" d’avance sur Schleck qui accusera finalement un retard de 39’’ sur la ligne d’arrivée.

Le luxembourgeois perd son maillot jaune pour 8" (un écart qui rappelle quelque chose) au profit de Contador sifflé par une partie du public de Luchon qui lui reproche d’avoir attaqué le leader du classement général sur ennui mécanique : c’est le début de la polémique du Tour 2010. Une fois la ligne d’arrivée franchie, Andy Schleck déclare à chaud « ça fait mal, il n’aurait pas dû. Je suis en colère, je n’aurais jamais fait ça ».

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A l’antenne, Laurent Fignon est le premier à évoquer l’embarras de Contador. L’ancien double vainqueur de la grande boucle souligne que l’espagnol ne relaye pas Menchov et Sanchez. Bien meilleur coureur, le castillan pourrait les attaquer et les distancer ce qu’il ne fera ni dans les derniers kilomètres d’ascension du Port de Balès ni dans la descente vers Bagnères de Luchon alors que le maillot jaune est train de se jouer. Cette retenue jette le doute sur une forme de culpabilité chez l’espagnol à cet instant. Après avoir affirmé dans un premier temps que la course était lancée, el pistolero rétropédale en publiant une vidéo après ses soins dans laquelle il évoque ses regrets d’avoir attaqué et une probable erreur de sa part tout en rappelant l’importance du fair play.

« Une faute de cadet »

A distance de l’évènement, les premières voix s’élèvent pour mettre en cause le comportement du luxembourgeois et non celui de l’espagnol en soulignant que Schleck a commis une faute de cadet en voulant changer de plateau en danseuse dans de forts pourcentages. Laurent Jalabert juge le comportement du public scandaleux et rappelle que Contador a attendu les frères Schleck pris dans des chutes et rejetés à plus de 4’ lors de la mascarade de Spa organisée par leur équipier Fabian Cancellara qui n’était pas occupé ce jour-là à faire la révision des 60.000 de son moteur. L’ancien coureur et directeur sportif de la Liquidas Stefano Zanatta estime que c’est Schleck qui a commis une erreur en attaquant une telle montée avec un si gros braquet. Un simple petit trou dans la route peut provoquer un saut de chaine dans de forts pourcentages.

Soucieux de ne pas jeter de l’huile sur le feu et d’éteindre la polémique, le manager de la Saxo Bjarne Riis évoque de façon laconique des circonstances de course en ayant peut être dans un coin de sa tête l’arrivée d’un certain Alberto Contador dans son équipe la saison suivante.

Andy Schleck gagnera au final le Tour 2010 sur tapis vert pour une sombre histoire de steak haché (cf col du Télégraphe). Dans son palmarès figure également 4 titres de meilleur jeune (Tour de France 2008-2009-2010 + Tour d’Italie 2007) et un Liège Bastogne Liège en 2009. Ce palmarès apparait plutôt maigre au regard de son immense talent. Ce constat s’explique par des chutes répétées en course à partir de 2012 et de graves blessures qui l’ont conduit à mettre fin prématurément à sa carrière en 2014 à l’âge de 29 ans. Les esprits chagrins évoqueront un entrainement insuffisant lorsqu’Andy était amoureux, un manque d’intelligence sur le vélo qui pouvait également transparaitre en interview et paradoxalement la présence de son frère dans sa propre équipe.

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