Montée depuis Val d’Isère :
Distance : 17 km – Dénivelé : 929 mètres – Pente moyenne : 5,8 % Pente maximale : 10 %
17,5/20
Location de vélo : Jean Sports à Val d’Isère
Le col de l’Iseran est le plus beau des cols du Tour de France. Il est également mon col de cœur puisqu’il est le premier que j’ai grimpé en juillet 2014 et débute à Val d’Isère lieu pour lequel j’éprouve un profond attachement.
Ne voulant pas affronter cette ordalie que constituent les 50 kilomètres d’ascension depuis Bourg Saint Maurice, j’ai débuté l’ascension depuis le centre de Val d’Isère. Les premiers kilomètres proposent de faibles pourcentages qui permettent de bien s’échauffer le long de l’Isère tout en admirant la magnifique forêt du Laisinant sur la droite et le village du Fornet (1850 m) sur la gauche. A la sortie de ce beau hameau de montagne au kilomètre 4, la pente qui affiche 6% permet de franchir la barre symbolique des 2000 mètres avant de s’adoucir en direction du chemin du refuge du Prariond.
A partir du pont St Charles (2054 m), les choses sérieuses débutent en raison de l’apparition de plus forts pourcentages (7%). L’ascension propose alors un enchainement de deux virages en épingle relevés qui précède une longue ligne droite qui offre une vue sublime sur Val d’Isère, le glacier de la Grande Motte (3653 m) et la mythique Grande Casse (3855 m) que l’on devine derrière.
A 9 kilomètres du sommet, la route dessine à nouveau deux magnifiques lacets aux pourcentages roulants (7%) qui traversent une végétation qui se raréfie. Sur le kilomètre suivant, la pente s’adoucit à 5% au niveau de l’arrivée du téléphérique du Fornet à laquelle fait suite une courte descente après le passage sous le Laisinant express.
Débute alors ma partie préférée qui comprend un long gauche collé à la paroi rocheuse à 4% de moyenne puis une route sinueuse faite de lacets qui révèle un joli panorama sur le glacier de Solaise. Cette portion se termine par un court tronçon à 10% à 5 kilomètres du sommet qui précède la partie finale qui débute après le passage devant la table d’orientation (2533 m).
Les 3 derniers kilomètres proposent un paysage désolé que seuls les cols de haute altitude offrent. Je l’ai retrouvé uniquement sur l’autre géant des Alpes du Nord, le Galibier et la Cime de la Bonette. L’environnement devient plus hostile, la végétation a disparu, les premiers névés apparaissent, le vent souffle de face, la température chute nettement et l’oxygène se raréfie.
Le passage des 2700 m d’altitude rend le dernier kilomètre du col particulièrement éprouvant. Les deux derniers virages qui offrent une pente à 8% vous scient les jambes et se négocient en danseuse tout en donnant l’impression que la chapelle Notre Dame de Toute Prudence et l’auberge-restaurant du sommet sont inatteignables.
L’arrivée est grandiose, elle offre des paysages et des couleurs d’une beauté indescriptible. On aperçoit les pointes de Lessières (3041m), le col du Montet (3428m), l’aiguille de la grande Sassière (3747 m), la pointe de la Galise (3343m), la Tsanteileina (3605 m) ainsi que l’Albaron (3637 m) et la pointe du Méan Martin (3330 m) au sud. Un tel spectacle donne envie de poser le vélo et de chausser les crampons. J’aurais voulu passer le reste de ma vie dans cet endroit.
En basculant en Maurienne, on découvre une descente sans équivalent à la fois rapide et technique dans un cadre sauvage et magnifique qui permet d’atteindre Bonneval qui vit toujours dans les années 60.
La fréquentation des voitures et des motos est bien moins importante que sur le col du Galibier. Cette ascension est assez roulante mais infiniment plus jolie que celle de cols plus connus comme le Galibier ou le Tourmalet. Le col de l’Iseran est le plus beau et le plus majestueux des cols routiers du Tour de France. Malheureusement, le classement du Parc de la Vanoise explique l’absence de passage de la grande boucle depuis 2007 malgré les demandes répétées auprès des autorités locales de Christian Prudhomme qui rêve d’une arrivée au sommet sur le plus haut col routier de France.
En 2019, le col de l’Iseran a fait son retour dans le Tour de France qui a proposé une ascension par son versant sud depuis Bonneval.
La folle chevauchée de Claudio Chiappucci (18 juillet 1992)
L’étape St Gervais-Sestrières du 18 juillet 1992 est probablement la plus belle mais aussi la plus folle de l’ère moderne du Tour de France. Le menu de cette étape de 254 kilomètres qui débute au pied du Mont Blanc et passe par le toit routier de France effraie les coureurs.
Dès les premiers kilomètres du col des Saisies, Claudio Chiappucci porteur de la tunique de meilleur grimpeur passe à l’attaque et emmène dans son coup de folie sept autres coureurs dont Claveyrolat et Virenque. Personne n’imagine à cet instant que cette échappée de 250 kilomètres ira au bout. Après avoir passé en tête le col des Saisies puis le Cormet de Roselend, Il Diablo qui assure la totalité du travail lâche ses compagnons d’échappée à 20 kilomètres du sommet du col de l’Iseran. Seul Richard Virenque qui dispute le grand prix de la montagne à l’italien parvient à s’accrocher jusqu’au Signal à 7 kilomètres du toit du Tour.
Chiappucci franchit seul le mythique Iseran après 4h32 d’efforts. Virenque passe en deuxième position à 2’16 de l’italien en compagnie des autres échappés du matin et du leader du classement général Pascal Lino parti en contre pour sauver son maillot jaune. Le groupe des favoris possède 3’45 de retard lors du passage sur la ligne, groupe dont Greg Lemond à la dérive dans l’Iseran ne fait plus partie. Avec 18 minutes de retard au sommet, l’américain a perdu le Tour.
Sans faiblir dans la vallée de la Maurienne, Chiappucci attaque les premières rampes du col du Mont Cenis avec le même écart sur le peloton. Il est en route pour entrer dans l’histoire du Tour de France. Pourtant, un autre italien Gianni Bugno veut également la victoire d’étape et passe à l’offensive dans le col du Mont Cenis. Voulant à tout prix priver son compatriote qu’il déteste d’un succès dans le Tour, le leader de la Gatorade emmène dans sa roue Miguel Indurain provoquant un casus belli entre la Lombardie et la Suisse Alémanique. Au sommet du col, le maillot à pois devance de 3’33 le duo de contre attaquants qui a fait le ménage parmi les autres favoris.
« Une étape de légende »
Dans la montée vers Sestrières, Bugno coince et Indurain laisse derrière lui l’un de ses plus dangereux adversaires dans la quête d’un deuxième Tour de France. Il sait que le maillot jaune ne peut lui échapper. Un temps menacé par le retour de l’espagnol dans la dernière difficulté du jour, Claudio Chiappucci triomphe à Sestrières au terme d’une étape de légende de 7h45.
Malgré l’aide de son équipier Laurent Fignon, le champion du monde ne parvient pas à recoller à l’espagnol pourtant victime d’une hypoglycémie à 2 kilomètres de l’arrivée. Les écarts à l’arrivée sont abyssaux : Indurain 3ème de l’étape finit à 1’45, Bugno 4ème à 2’53, Hampstein 5ème à 3’27, Fignon 6ème à 5’51, Theunisse 7ème à 7’36, Delgado 8ème à 7’51 en compagnie de Rooks et Greg Lemond 130ème à 42’28.
Cette folle étape permettra à Claudio Chiappucci de s’assurer de porter un second maillot de meilleur grimpeur consécutif à Paris et une place de dauphin derrière l’invincible espagnol.
Pour de nombreux spécialistes, cet exploit marque le début des dérives de l’EPO dans le peloton professionnel. Aujourd’hui, une telle étape se résumerait à une échappée matinale pour le classement de la montagne puis une course de côte entre leaders d’un peloton emmené puis essoré par les Sky.
commentaire(s)