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Le col de la Madeleine

  • Altitude : 2000 mètres
  • Département : Savoie (73)
  • Région : Auvergne Rhône Alpes
  • Catégorie : HC

Montée depuis la Chambre

Distance : 19,3 km – Dénivelé : 1521 mètres – Pente moyenne : 8 % - Pente maximale : 11 %

  • Longueur : 4/5
  • Paysage : 4/5
  • Difficulté : 5/5
  • Trafic : 5/5

18/20

Location de vélo : Sport 2000 St Jean de Maurienne

Le col de la Madeleine appartient au cercle restreint « des 2000 » et constitue l’un des 2 passages entre la Tarentaise et la Maurienne avec l’Iseran. Cette ascension constituait pour moi une priorité depuis la folle chevauchée de Virenque sur le Tour 1997 qui avait franchi en solitaire la Madeleine vêtu du maillot à pois suite au coup de force des Festina dans le col du Glandon. J’ai donc choisi d’aborder cette ascension par son versant sud au départ de la Chambre tout comme Virenque cette année-là. Cette montée est longue et bien plus difficile que ses illustres voisins que sont le Galibier (au moins dans sa première partie) et l’Alpe d’Huez. Il n’existe pas un mètre de plat pour se refaire une santé si l’on excepte les quelques hectomètres qui précèdent l’entrée dans la station de ski de St François Longchamp.

Dès St Martin sur Chambre (597 m), la pente s’élève et le premier virage sur la droite à 9,5% de déclivité annonce la couleur : 40 virages en épingle pendant 20 kilomètres sur des pourcentages très élevés.

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La présence de forts pourcentages dès le pied empêche tout galop d’échauffement puisque la pente atteint déjà les 10% au kilomètre 4 au lieu-dit « la Côte » (760m) qui précède les quatre épingles de Colombin au dénivelé prononcé (pourcentage moyen de 8,5%). L’ascension se poursuit par un enchainement de virages serrés au milieu des alpages qui précède le passage sous un petit pont au kilomètre 7,5. La traversée du hameau de Planet (1220m) au kilomètre 9 offre enfin un léger adoucissement de pente (7%). La route s’élève à nouveau brusquement à l’approche de l’Epalud (1328 m) au kilomètre 11, vous serez alors plus exposés au soleil puisque la forêt s’est brusquement éclaircie aux abords de Saint François Longchamp (1391 m). J’ai pris à cet endroit un gros coup de chaud qui a rendu ce passage difficile.

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La seconde partie du col débute par un virage en épingle sur la droite à la déclivité impressionnante qui permet d’entrer dans la station de ski de Longchamp (1650m) désormais reliée à Valmorel. Cette traversée permet de souffler bien que les pourcentages restent élevés (autour de 7%). Elle redonne le moral puisque la fin est proche mais pas autant que l’on le croit. La température diminue de façon appréciable au cours de la traversée de Longchamp et j’ai pu remettre du braquet tout en m’alimentant pour finir fort l’ascension.

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Copyright St François Longchamp Tourisme

La troisième partie du col qui débute à la sortie de la station offre 5 kilomètres (pourcentages compris entre 7.5% et 8%) au milieu des alpages. Le vent qui soufflait de face a fait chuter la température tout en balayant les grands lacets qui ont remplacé les virages serrés. Cette partie est la plus belle, elle matérialise la rencontre avec la montagne et pas n’importe laquelle puisque le sommet offre un panorama sur le Mont Blanc (4810 m). Je savais que ce final était difficile en raison de l’exposition au vent et avais prévu de m’économiser pour finir l’ascension en boulet de canon. Après un dernier virage peu prononcé sur la gauche, on aperçoit enfin le sommet que l’on atteint après un long et difficile effort de deux heures.

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Copyright St François Longchamp Tourisme

Ce col est redoutable du fait de pourcentages élevés tout le long de l’ascension, de la chaleur au pied et d’un vent glacial qui souffle à partir de la troisième partie. Le nombre important de virages, la grande variété de paysages et l’absence de circulation automobile malgré une montée réalisée le week end du 14 juillet font de ce col un incontournable pour les passionnés de vélos.

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La revanche de Jan Ulrich (28 juillet 1998)

Si l’on réfléchit à un coureur qui s’est illustré sur le col de la Madeleine, il convient sans hésiter de citer Richard Virenque, recordman de la montée en 56’, qui y a « fait le triplé » (1995, 1996, 1997). Pourtant, j’ai choisi d’associer à ce grand col des Alpes un immense coureur Jan Ulrich qui s’est toujours désintéressé du maillot à pois préférant viser le classement général.

Sa position de rouleur en montagne assis sur la selle et les impressionnants braquets qu’il pouvait utiliser dans les ascensions constituaient pour lui un véritable handicap pour sprinter au sommet des cols et changer de rythme lors des attaques de ses adversaires. N’ayant franchi que le col de la Madeleine en tête lors de ses huit participations au Tour de France (Andorre Arcalis étant une arrivée en station) et souhaitant intégrer ce grand champion à ce recueil, j’ai donc choisi d’évoquer sa revanche sur Pantani dans ce col lors du Tour 1998.

Plus grand talent de la seconde moitié des années 90, déjà deuxième du Tour en 1996 derrière son leader Bjarne Riis et vainqueur de la grande boucle en 1997 à seulement 23 ans, l’allemand apparait comme le nouvel épouvantail du Tour sur lequel il lui est promis de régner comme Anquetil, Merckx, Hinault et Indurain en leurs temps.

Pourtant au cours du Tour 1998, il perd pour la première fois de sa carrière le maillot jaune terrassé par Marco Pantani lors de l’étape des 2 Alpes. Sous une pluie battante, l’allemand connait une terrible défaillance et finit à 9’ de l’italien qui a attaqué à 50 kilomètres de l’arrivée dans le col du Galibier. Le leader de la Telekom ignore ce soir-là qu’il ne portera plus jamais cette précieuse tunique.

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L’étape du lendemain qui mène le peloton de Vizille à Albertville propose aux coureurs le col de la Madeleine comme dernière difficulté avant la plongée vers la capitale des Jeux de 1992. Le peloton maillot jaune emmené par les Mercatone Uno arrive groupé à la Chambre. Dès les premiers lacets, Jan Ulrich place une violente accélération et distance le groupe des favoris. Pantani et Escartin parviennent à recoller à l’allemand au prix d’un gros effort. Ulrich accélère une nouvelle fois, cette attaque à double détente qui rappelle celle d’Andorre Arcalis fait plier le coureur espagnol mais pas l’italien qui parvient à rester dans la roue.

« Jan Ulrich franchit en tête la Madeleine »

Bénéficiant un court instant du travail de Rolf Aldag présent dans l’échappée matinale, le leader de la Telekom qui ne parvient pas à changer de rythme dans cette ascension franchit en tête le sommet de la Madeleine. Le groupe des battus constitué de Piepoli, Escartin, Riis, Boogerd et Julich passe au sommet 2’13 après le duo de tête. Malgré des progrès considérables en descente par rapport à l’année précédente, Ulrich ne réussit pas à décrocher Pantani qui ne lui prend aucun relais. De façon peu élégante, l’italien dispute le sprint à son rival allemand oubliant la tradition selon laquelle un maillot jaune laisse la victoire d’étape à son adversaire lors d’une étape de montagne. Jan Ulrich gagne l’étape d’un souffle devant Marco Pantani et se replace au général. Le groupe Julich, Piepoli, Escartin, Riis, Boogerd finit à 1’49.

« Une fin de carrière prématurée »

Sa deuxième place sur le podium du Tour 98 n’aura pas la même saveur que celle de 1996. L’allemand ne gagnera plus jamais le Tour suite à l’avènement d’Amstrong qui lui est contemporain l’année suivante*. Nourrissant un complexe vis-à-vis de l’américain contre lequel il ne trouvera jamais la solution et ne parvenant pas hiver après hiver à régler ses problèmes de poids, de Weissbier et de choucroute, l’allemand finira à nouveau trois fois deuxième du Tour en 2000, 2001 et 2003. Enfin débarrassé du texan en 2006, l’enfant de la RDA se présente au départ du Tour à Strasbourg le cheveu long et surtout amaigri comme jamais. C’est son année. Mais l’affaire Puerto éclate et l’ogre de Rostock ne sera pas autorisé à prendre le départ tout comme Alexandre Vinokourov et Ivan Basso. Cette image d’un Ulrich affuté sur le podium du Tour lors de la présentation des coureurs sera la dernière. C’est également celle que l’on souhaite garder en tête et non celle d’un homme malade tentant d’étrangler une prostituée dans une chambre d’hôtel.

Pantani sera l’un des très rares grimpeurs à gagner le Tour 22 ans après Lucien Van Impe. Alors que ses caractéristiques de pur grimpeur lui auraient permis de porter le maillot à pois (l’italien ne s’est jamais intéressé à ce maillot préférant se concentrer sur les victoires d’étape. Il lui arrivait parfois de « faire les points » au sommet de certains cols uniquement pour faire enrager Virenque), c’est finalement un autre maillot distinctif** le jaune que le pirate portera sur les Champs Elysées au terme d’un Tour gâché par l’affaire Festina, les soupçons de dopage, les descentes de police en pleine nuit et de l’opprobre jetée sur les coureurs.

*Lance Amstrong est né en 1971 et Jan Ulrich en 1973

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